COP 28 : Macron lance une pique contre l'Allemagne en poussant le G7 à sortir du charbon avant 2030

Par latribune.fr  |   |  599  mots
Emmanuel Macron (Crédits : JOHANNA GERON)
A la COP 28 de Dubaï, Emmanuel Macron a exhorté les pays du G7 à « s'engager à mettre fin au charbon » avant 2030 pour « montrer l'exemple ».

L'Allemagne appréciera. Présent ce vendredi à Dubaï pour la COP28 sur le climat, Emmanuel Macron a poussé les pays membres du G7 à « s'engager à mettre fin au charbon » avant 2030 pour « montrer l'exemple », alors que la première version d'un projet d'accord prévoit la réduction voire la sortie des énergies fossiles. La poursuite des investissements en faveur du charbon dans le monde entier est « une vraie absurdité » au regard de l'objectif de lutte contre le réchauffement climatique, et « donc nous devons engager un virage absolu » pour en sortir, a déclaré le chef de l'Etat français à la tribune de la COP28.

« Les pays émergents doivent sortir du charbon, et c'est le deuxième combat après celui que les pays les plus riches doivent mener (...) Mais les pays du G7 doivent montrer l'exemple et s'engager à mettre fin au charbon chez eux avant les autres, c'est-à-dire avant 2030 », a-t-il lancé, en rappelant l'engagement de la France de fermer sa dernière centrale à charbon « d'ici 2027 ».

Nucléaire

Emmanuel Macron joue sur du velours sur ce thème. Pays le plus nucléarisé du monde, la France ne compte quasiment pas de charbon. Contrairement à l'Allemagne, qui a arrêté cette année son dernier réacteur et a accentué l'utilisation du charbon dans son mix électrique pour compenser la réduction des importations de gaz russe décidée après l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Alors que Berlin a ramené son objectif de sortie du charbon de 2038 à 2030, pari déjà difficilement tenable selon plusieurs experts, il n'a jamais été question d'anticiper une nouvelle fois le calendrier.

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La Chine doit faire des efforts

La Chine est également visée par Emmanuel Macron qui l'a citée nommément dans son discours.

« Le G7 a une responsabilité majeure. Tout comme la Chine, qui est désormais le deuxième pays émetteur historique et qui a donc changé en quelque sorte de statut », a souligné le président français.

« On doit permettre aux émergents le rattrapage économique, c'est un élément de justice. Mais ce rattrapage ne doit pas se faire sur la base des énergies qui sont carbonées et en particulier du charbon », a-t-il encore ajouté.

Car « les centrales existantes qui se concentrent largement en Asie aujourd'hui émettront à elles seules suffisamment de CO2 pour que nous excédions la cible de 1,5°C », objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris, a fait valoir le président français. Emmanuel Macron a précisé les ambitions françaises de sortie des énergies fossiles. « Nous devrons définitivement tourner la page d'ici à 2040-45 du pétrole et 2050 du gaz », a-t-il assuré.

Ce jeudi, lors de l'ouverture de la COP, son président, Sultan Al Jaber, a demandé de n'omettre « aucun sujet »

« Nous devons faire en sorte d'inclure le rôle des combustibles fossiles. Je sais qu'il existe des opinions fortes sur l'idée d'inclure des formules sur les énergies fossiles et renouvelables dans le texte négocié », a-t-il ditr.

Quelques minutes plus tard, le secrétaire exécutif de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, Simon Stiell, est allé bien au-delà en appelant à la sortie des fossiles, suivant les recommandations de multiples rapports de l'ONU.

« Si nous ne donnons pas le signal de la phase terminale de l'ère fossile telle que nous la connaissons, nous préparons notre propre déclin terminal », a-t-il lancé devant l'ensemble des délégués. « Et le prix payé le sera vies humaines ».