Electricité : les Français ont diminué leur consommation de 7 à 8% fin 2023

Par latribune.fr  |   |  743  mots
Les Français semblent maintenir les efforts de sobriété engagés à l'automne 2022. (Crédits : DR)
La consommation d'électricité, corrigée de la météo, a été de 7 à 8% plus basse en novembre et décembre que la moyenne sur ces deux mois entre 2014 et 2019. Pour le gestionnaire du réseau RTE, cette baisse s'inscrit « dans la tendance observée depuis l'automne 2022 ».

Les Français se chauffent moins et ont sans doute appris à jongler avec les heures creuses pour mettre en route leur machine à laver. La consommation d'électricité, corrigée de la météo, a en effet été de 7 à 8% plus basse en novembre et décembre que la moyenne sur ces deux mois entre 2014 et 2019.

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Pour le gestionnaire du réseau RTE, cette baisse s'inscrit « dans la tendance observée depuis l'automne 2022 » qui « résulte à la fois de la poursuite des économies d'énergie, des effets du contexte économique marqué par l'inflation et des prix élevés de l'énergie ». Pendant l'épisode de froid qui a touché la France au cours de la 2e semaine de janvier, la consommation a atteint entre 83 gigawatts (GW) et 84 GW au maximum, « alors que les mêmes conditions météorologiques auraient probablement conduit à un pic autour de 90 GW » dans le contexte pré-crise.

Difficile néanmoins d'en identifier précisément les raisons. Selon RTE, cette inflexion serait dû à « un contexte économique d'inflation et de prix élevés », mais aussi à « un maintien des efforts de sobriété engagés à l'automne 2022 ».« 19°C de chauffage et pas plus, par exemple, comme préconisé par le gouvernement il y a plusieurs mois, c'est une consigne simple et bien respectée notamment dans le tertiaire », abonde Nicolas Goldberg, senior manager Energie chez Colombus Consulting.

Le risque en matière de sécurité d'approvisionnement électrique considéré comme « faible »

Cette moindre demande rassure le gestionnaire, qui a classé le risque en matière de sécurité d'approvisionnement électrique pour le reste de l'hiver comme « faible ». D'autant plus que  le parc nucléaire est aussi disponible que prévu, avec 47 réacteurs sur 56 en marche au 9 janvier. Un niveau au plus haut depuis l'hiver 2022 et le début de la « crise de la corrosion sous contrainte » déclenchée fin 2021, qui avait mis à l'arrêt de très nombreux réacteurs. Les autres modes de production d'électricité sont également au beau fixe. Les stocks sont à des niveaux « supérieurs aux moyennes historiques » pour l'hydraulique, la production éolienne « abondante » et « l'approvisionnement gazier maîtrisé ». Autant d'éléments qui ont permis à la France de retrouver une situation « fortement exportatrice » au cours des derniers mois, malgré une « avarie sur une interconnexion avec la Grande-Bretagne ».

 Le bouclier tarifaire écarté à la fin du mois

Une sobriété qui devrait se poursuivre sous l'effet d'une nouvelle hausse des tarifs. Après une hausse des prix de l'électricité de plus de 40% en deux ans, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a indiqué dimanche que le tarif de base allait augmenter de 8,6% au 1er février et les tarifs heures pleines et heures et heures creuses de 9,8%. Une remontée des prix conforme à l'engagement du gouvernement de sortir du coûteux « bouclier tarifaire », qui avait permis de contenir la forte inflation de l'électricité enregistrée ces deux dernières années en Europe.

Des particuliers aux entreprises, tout le monde est concerné par la hausse de cette taxe : les abonnés au tarif réglementé d'EDF (le tarif dit bleu, le tarif heures pleines/heures creuses, ou l'offre Tempo), soit environ 20 millions de clients, mais aussi les particuliers et professionnels qui ont souscrit une offre de marché à prix fixe ou variable chez un fournisseur alternatif.

Les offres qui s'adaptent au marché devraient gagner en intérêt

Dans les entreprises, l'augmentation devrait être de l'ordre 5,2% à 8%. Cela touchera 1,7 million de très petites entreprises (soit un tiers des TPE) qui bénéficient du tarif réglementé de vente (TRV), parce qu'elles consomment assez peu, avec un compteur de puissance inférieure à 36 kVA. Pour ces entreprises, « on est à 40-44% d'augmentation sur deux ans », souligne Jean-Guilhem Darré, délégué général du Syndicat des indépendants et des TPE (SDI).  Mais Bercy assure que « la plupart des entreprises verront leur prix de l'électricité baisser en 2024 par rapport à 2023 ». Certaines petites entreprises ont des contrats qui s'ajustent selon les cours du marché, et ceux-ci ont plongé récemment. Le prix du kWh de 2024 est bien inférieur à celui de 2023. La hausse de taxe, que ces entreprises paieront, n'effacera qu'une partie de ce gain, insiste le ministère de l'Economie. Les offres de marché devraient ainsi regagner un intérêt pour les consommateurs, qu'ils soient particuliers ou artisans.

(Avec AFP)