Pays moteur dans la relance du nucléaire, la Suède va investir fortement dans l’atome

Par latribune.fr  |   |  563  mots
Le pays scandinave exploite actuellement, dans trois centrales différentes, six réacteurs nucléaires mis en service au cours de la décennie 1975-1985. (Crédits : REUTERS/Scanpix/Bertil Ericson/Files)
La Suède, qui dispose déjà de six réacteurs, a annoncé sa volonté de produire « massivement » de l'énergie nucléaire pour réussir la transition énergétique et répondre à la demande croissante d'électricité.

Après la France, la Pologne ou encore la République tchèque, la Suède accélère dans le nucléaire. Alors que le pays scandinave exploite actuellement, dans trois centrales différentes, six réacteurs nucléaires mis en service au cours de la décennie 1975-1985, le gouvernement conservateur a annoncé ce jeudi vouloir produire « massivement » de l'énergie nucléaire pour réussir la transition énergétique et répondre à la demande croissante en électricité dans le pays. Objectif : disposer au plus tard en 2035 d'une production d'énergie nucléaire équivalente à deux réacteurs avant de continuer de monter en puissance d'ici à 2045. Selon les estimations du gouvernement, l'équivalent de dix nouveaux réacteurs nucléaires conventionnels sera nécessaire d'ici à 2045.

« Dans les 25 ans, nous devons doubler la production d'électricité en Suède », a déclaré la ministre de l'Energie, Ebba Busch, expliquant que la Suède avait pour ambition de « redevenir une nation nucléaire forte ».

Enquête sur les coûts

Selon les estimations du gouvernement, la Suède aura besoin de l'équivalent de dix nouveaux réacteurs nucléaires conventionnels d'ici à 2045. Au regard de la facture pharaonique d'un tel projet, une enquête sera menée « le plus vite possible », selon la ministre de l'Economie, Elisabeth Svantesson. « Tous les projets nucléaires comparables lancés en Europe, en France, en Finlande et au Royaume-Uni, ont souffert d'importantes augmentations des coûts et de retards », a réagi Rolf Lindahl, porte-parole de Greenpeace.

Cette annonce intervient alors que la Suède est très impliquée dans la relance du nucléaire à l'échelle européenne et mondiale. En plus d'avoir accueilli le 28 février à Stockholm la première réunion des pays européens favorables au nucléaire, la Suède fait partie des quatre pays avec le Royaume-Uni, les Etats-Unis, la Corée du Sud et les Emirats arabes unis qui soutiennent la proposition française d'appeler, lors de la COP28 de Dubaï, les pays nucléarisés et ceux qui souhaitent construire des réacteurs à développer l'atome. La déclaration sera dévoilée le 2 décembre, au début de la COP28, et va promouvoir trois messages : le triplement des capacités de production nucléaire d'ici à 2050, le rôle du nucléaire dans la transition énergétique, et un appel à la Banque mondiale et aux banques de développement à faire des efforts pour financer le nucléaire.

Appel à développer le nucléaire à la COP28

La France et cinq autres pays espèrent engager une quarantaine de pays à appeler à tripler les capacités de production nucléaire d'ici à 2050 pour limiter le réchauffement climatique, lors de la COP28 à Dubaï, a annoncé mercredi à l'AFP le ministère français de la Transition énergétique.

Le groupe va inviter « à peu près 40 pays », à l'exception d'un acteur de premier plan, la Russie et son allié biélorusse. La Chine, qui a contribué pour moitié aux 10 chantiers nucléaires lancés dans le monde en 2022, fait toutefois partie des pays ciblés. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et l'Agence internationale de l'énergie (AIE) tablent au moins sur un doublement des capacités nucléaires et l'Agence pour l'énergie nucléaire (AEN) sur un triplement.

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