Nucléaire : la Chine met en service sa première centrale dotée de réacteurs du futur

Par latribune.fr  |   |  689  mots
La construction de la centrale de Shidao Bay avait débuté en 2012. Sa capacité est de 200 MW, d'après les médias chinois. (Crédits : Thomas Peter)
La Chine a mis en service ce mercredi Shidao Bay, la première centrale nucléaire dite de quatrième génération. Elle est alimentée par deux réacteurs à haute température refroidis au gaz d'une puissance totale de 200 mégawatts. Ces réacteurs modulaires avancés permettent non seulement de produire de l'électricité mais aussi de la chaleur. Ils peuvent aussi être utilisés pour le dessalement de l'eau. Une avancée majeure pour le géant asiatique, en pointe dans la course à ces réacteurs du futur.

C'est un tournant pour l'industrie nucléaire chinoise. Le pays a mis en service une centrale nucléaire dite de quatrième génération, censée apporter plus de sûreté et de durabilité. Une première mondiale.

« L'exploitation commerciale de la centrale de Shidao Bay a officiellement débuté », a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle ce mercredi 6 décembre.

Deux réacteurs à haute température

Située dans le Shandong (est du pays), elle est alimentée par deux réacteurs à haute température refroidis par du gaz et non par de l'eau pressurisée, comme la plupart des réacteurs de troisième génération actuellement en fonctionnement dans le monde.

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La construction de la centrale avait débuté en 2012. Un premier réacteur avait été raccordé au réseau électrique en décembre 202, mais la mise en service totale a donc eu lieu deux ans plus tard.

La centrale de Shidao Bay, d'une puissance de 200 mégawatts (MW) selon les médias locaux, appartient à la catégorie des réacteurs modulaires avancés (ou AMR, pour advanced modular reactors). Ce sont des petits réacteurs modulaire (SMR) embarquant des technologies de quatrième génération, pouvant reposer sur différents procédés de rupture.

Une compétition mondiale

Une intense compétition autour des SMR est à l'œuvre dans le monde. Toutefois, tous les SMR ne reposent pas sur une technologie de quatrième génération. Certains reprennent les concepts de 3ème génération. C'est le cas, par exemple, du projet Nuward, mené par EDF, ou encore du SMR Jimmy, développé par la start-up tricolore éponyme.

Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), plus de 80 projets sont en cours de développement dans 18 pays. La Chine, qui cherche à s'émanciper du charbon pour l'alimentation de ses centrales, fait partie des pays en pointe dans cette course à ces nouveaux réacteurs. C'est aussi pour elle une façon de réduire sa dépendance aux technologies étrangères, dans un contexte de tensions avec les pays occidentaux.

Jusqu'à présent, les seuls SMR en service se trouvaient en Russie, où la première centrale nucléaire flottante au monde produit de l'énergie à partir de deux SMR de 35 MW chacun. D'autres SMR sont en construction ou au stade de l'autorisation en Argentine, au Canada, en Corée du Sud. Aux États-Unis en revanche, l'entreprise NuScale a annoncé la semaine dernière la suspension de la commercialisation du premier SMR américain, faute de clients, refroidis par l'annonce récente d'une hausse des coûts.

Un outil clé pour la décarbonation

Selon leurs promoteurs, les réacteurs SMR pourraient jouer un rôle central dans la décarbonation et la transition énergétique.

« La petite puissance du SMR en fait un outil de décarbonation du mix énergétique à l'échelle locale en se substituant aux centrales à charbon, mais aussi grâce à ses applications non électrogènes (production de chaleur ou d'hydrogène) », soulignait, Jean-Michel Ruggieri, directeur de l'Institut de recherche sur les systèmes nucléaires pour la production d'énergie bas carbone (Iresne) au Commissariat à l'énergie atomique (CEA), dans une précédente interview à La Tribune.

Si le modèle économique des SMR doit encore faire ses preuves, ces derniers sont censés être plus rapides à construire et moins coûteux grâce à leur architecture compacte et simplifiée et leur conception en modules. Ils sont en plus dotés de composants pouvant être fabriqués en usine et facilement transportés sur leur lieu d'implantation.

Cette petite puissance - inférieure à 300 MW alors que les modèles actuels offrent des puissances de 900 à 1.750 MW - offre aussi une « sûreté intrinsèque avec des systèmes passifs intégrés » ne nécessitant pas d'énergie en cas d'incident, explique l'expert, ancien chef du programme SMR au CEA.

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