Les trains rouleront-ils à l'énergie solaire ?

Par Marina Torre  |   |  667  mots
Copyright Reuters
Trains à grande vitesse propulsés en partie grâce à l'énergie solaire en Belgique, éclairage et climatisation d'un TER alimentés grâce au photovoltaïque en France... Le solaire semble trouver une voie d'application dans le secteur ferroviaire. Toutefois, plusieurs obstacles se dressent encore sur la voie des trains solaires.

La Belgique était connue pour ses autoroutes éclairées la nuit - une particularité en passe de s'éteindre -, moins pour ses "trains solaires". Pourtant, il y a un mois, les premiers trains au monde propulsés grâce à l'énergie du soleil se sont lancés sur la ligne Anvers-Amsterdam.

Grâce au "tunnel du soleil" dont le toit est recouvert de 16.000 panneaux photovoltaïques, plus de 3.300 MWh de l'électricité sont produites, soit l'équivalent de la consommation moyenne de 950 familles pendant un an.

L'énergie sert à alimenter la ligne elle-même en courant, ainsi que les rames et la station la plus proche. Inconvénient majeur, "le fonctionnement dépend de l'ensoleillement. Quand le temps est nuageux, c'est un mix de l'énergie solaire et d'énergie classique qui fait rouler le train", explique Jurgen Van Damme, porte-parole d'Enfinity, l'installateur du système.

Réseau ferré de France s'intéresse au solaire

Cette tentative pourrait-elle servir d'exemple pour les années à venir ? Le solaire semble en tous cas intéresser Réseau ferré de France. L'entreprise publique a pris, fin juin, une participation de 33% dans la société Aerfsol, détenue en majorité par une filiale de Veolia et qui est spécialisée dans l'installation de panneaux solaires.

"Nous réfléchissons à un moyen de valoriser des terrains non utilisés", confirme Christophe Piednoel, représentant de Réseau ferré de France. Au total un peu plus de 200 hectares de terrains devraient ainsi être équipée. Reste encore à lancer des appels d'offres avant l'installation des champs de panneaux solaires, qui ne sera fera donc "pas avant plusieurs mois".  Rien de sûr non plus concernant la finalité de l'énergie produite. Le but, pour Réseau ferré de France, n'est pas d'alimenter les infrastructures ferroviaires en energie propre mais bien de trouver des solutions pour tenter de combler ses dettes.

Pour l'instant, donc, cette initiative n'a pas pour but d'alimenter directement les trains en énergie solaire. Pourtant, en France, une expérience du type a déjà été tentée. Depuis juillet 2010, un TER de Poitou-Charente équipé sur son toit de panneaux photovoltaïque sert de test grandeur nature. Pas question toutefois de propulser le train avec cette technologie.Une expérience du même type avait aussi été menée en Italie en 2005. Depuis, le réseau Tranitalia ne s'est pas converti au solaire.

De la science-fiction ?

"Alimenter un train par la seule énergie solaire, c'est de la science-fiction", estime Olivier Rocher , en charge du développement commercial et du marketing chez Disa Solar, entreprise qui a mis en place le TER équipé de panneaux solaires. Taille du véhicule et vitesse de propulsion empêcheraient pour l'instant d'envisager une alimentation solaire provenant de cellules photovoltaïque installées sur le toit du train.

La seule solution reste donc, comme en Belgique, de profiter de l'espace libre sur les toits des tunnels ou sur les bas-côtés des voies. Mais, même dans ce cas, cela nécessite des installations très lourdes. "Pour 80 panneaux solaires, il faut 300 kg de batteries", note ainsi Olivier Rocher qui conclut : "pour l'instant, on peut seulement éliminer certaines consommations d'essence." Et quand bien même ces espaces libres seraient utilisés, l'énergie produite le serait par intermittence et serait "injectée" dans le réseau électrique.

Perspective à long terme

Le coût représente aussi un désavantage à court terme. Pour le TER, la SNCF et la région Poitou-Charente ont ainsi déboursé 250.000 euro et le montant du "tunnel du Soleil" belge s'élève à plus de 15 millions d'euros. Toutefois, ces dépenses seront amorties en quelques années.

"Le train ne fonctionnera pas au solaire, il fonctionnera à l'électricité", estime enfin Raphaël Claustre, directeur du Comité de liaison énergies renouvelables, fédération de 200 professionnels du secteur. Ce dernier conclut : "il nous appartient de faire que cette électricité soit d'origine solaire. Mais cela risque de ne pas arriver avant longtemps".