270 milliards d'euros en 2023 : jamais la France n'avait emprunté autant

Par latribune.fr  |   |  417  mots
Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire. (Crédits : Reuters)
L'Etat français doit emprunter 270 milliards l'année prochaine pour financer son fonctionnement mais aussi rembourser les intérêts et l'argent déjà emprunté sur les marchés financiers. Or, au-delà du volume de dette, les taux d'intérêt augmentent dans un contexte de durcissement monétaire et emprunter coûte de plus en plus cher.

C'est un montant inédit. L'Etat français compte lever 270 milliards d'euros de dette sur les marchés financiers en 2023. La France dépasse son précédent record de 260 milliards d'euros en 2021 et 2022, d'après un communiqué de l'Agence France Trésor présenté ce lundi.

En 2023, l'Etat doit rassembler 305,5 milliards d'euros pour se financer et financer le coût de ces emprunts, contre 306 en 2022. Si le chiffre est stable, la France ne peut toutefois plus s'appuyer sur la trésorerie de précaution constituée en 2020. La légère réduction du déficit de l'Etat (qui doit être ramené de 172,6 en 2022 à 158,5 milliards d'euros en 2023), est contrebalancée par la nécessité de renouveler de précédents emprunts qui arrivent à échéance en 2023.

Le coût de la dette est de plus en plus élevé

Or, la charge de la dette sur ces nouveaux emprunts s'alourdit, une tendance qui devrait aller en s'aggravant. Les taux d'intérêts, dits « taux souverains » que la France paie à ses créanciers pour leur emprunter de l'argent, sont de plus en plus élevés. Cela s'explique davantage par le durcissement de la politique monétaire des banques centrales, notamment la BCE en Europe et la Fed aux Etats-Unis, que par une crainte des marchés financiers quant à la solvabilité de l'Hexagone.

« En dépit d'un volume de dette très élevé, la France jouit encore d'une forte crédibilité sur les marchés financiers qui ne croient pas du tout à un défaut tricolore. Son gouvernement est stable et elle possède la deuxième économie de la zone euro », résumait l'économiste Eric Dor pour La Tribune.

Surcoût pour les finances publiques

En clair, la France emprunte un volume d'argent de plus en plus important sur les marchés financiers, à un taux de plus en plus fort par rapport à la dernière décennie. La remontée des taux d'intérêts a un impact relativement limité à court-terme. La plupart des obligations d'Etat (prêts souscrits par l'Etat sur les marchés financiers) arrivent à échéance de remboursement au bout de plusieurs années, généralement 10 ans. Mais une fois l'échéance arrivée, une hausse de 1% des taux d'intérêts sur un prêt à 10 ans représente un surcoût de 40 milliards d'euros supplémentaires. Soit l'équivalent du budget annuel des Armées.

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