A La Réunion, Macron annonce des aides à l'emploi sans convaincre

Par Cécile Azzaro, AFP  |   |  532  mots
(Crédits : Philippe Wojazer)
Au deuxième jour de sa visite sur l'île, Emmanuel Macron est allé jeudi à la rencontre de Réunionnais qui lui ont réservé un accueil mitigé, dévoilant une série d'aides à l'emploi sans réussir à dissiper leurs doutes.

Attentif à désamorcer la tension toujours vive dans ce territoire de plus de 850.000 habitants, dont 40% vivent sous le seuil de pauvreté, Emmanuel Macron a dévoilé, jeudi 24 octobre, en fin de journée, un plan pour l'emploi et la formation, d'un total de 700 millions d'euros sur trois ans.

Notamment, le dispositif des emplois francs qui octroie une prime aux employeurs de chômeurs sera étendu à toute l'île, le cumul du RSA et d l'emploi à temps partiel autorisé et l'Etat maintiendra 12.000 emplois aidés par an. De plus, le versement du RSA, jusqu'ici à la charge du département, sera à partir de 2020 payé par l'Etat, comme à Mayotte et en Guyane. Ces aides s'ajouteront à l'exonération des charges patronales allant jusqu'à deux fois le montant du SMIC dans certains secteurs (agroalimentaire, agriculture, tourisme...), une mesure pour l'outre-mer votée dans la nuit par l'Assemblée, à la demande du chef de l'Etat.

Un coût de la vie majoré de 7,1 % par rapport à la métropole

Ces annonces n'ont pas suffi à éviter des heurts jeudi soir dans la commune du Port entre une centaine de jeunes et des forces de l'ordre. Le coût de la vie pour un budget moyen de ménage réunionnais est majoré de 7,1% par rapport à la métropole, selon l'Insee, alors que le revenu médian réunionnais est inférieur de 30% au niveau national (AFD, 2015).

Près de 500 personnes s'étaient rassemblées auparavant à Saint-Denis en réponse à l'appel de l'intersyndicale à manifester, selon des chiffres de la police cités par l'Elysée. Mais l'appel à la "grève générale" pour dénoncer "la situation sociale" ne semblait pas suivi.

"Antibiotiques" après "Doliprane" -

Emmanuel Macron a aussi rencontré une cinquantaine de participants à des "représentations citoyennes" mises en place dans le sillage de la crise des "gilets jaunes" qui a secoué l'île en 2018. Rapportant "une aggravation de la situation depuis un an", un "gilet jaune" a estimé que "le problème de la vie chère, on pourra le régler s'il y a les revenus qui suivent".

Face à eux, Emmanuel Macron a dit ne pas penser "que la solution puisse être dans la baisse des prix de X produits", soulignant vouloir "donner la possibilité aux citoyens d'avoir un droit d'alerte, en quelque sorte une plateforme de signalement".

Côté emploi, "la réponse qu'on a eu pendant des décennies, c'est de dépenser de l'argent public. Vous avez un problème ? Venez, emploi public. On donnait du Doliprane pour un mal profond. Il faut passer aux antibiotiques", a-t-il lancé, en prônant une "politique pour des emplois durables" et "plus de concurrence". Une délégation intersyndicale n'a pas été reçue par Emmanuel Macron jeudi, chacune des deux parties se renvoyant la responsabilité de cet échec. Vendredi, pour sa dernière journée sur l'île, le président de la République doit visiter une exploitation agricole à Petite-Ile et participer à une table ronde avec les représentants des filières, avant un pique-nique "Pei" mettant en valeur les produits locaux.