Affaire Fillon : nouvelles révélations du Canard Enchaîné

Par latribune.fr  |   |  618  mots
François Fillon voit sa campagne occultée par l'enquête judiciaire.
Selon le journal satirique, l'épouse de François Fillon et ses enfants auraient perçu un million d'euros au total pour des emplois présumés fictifs.

Après son article de la semaine dernière, le Canard Enchaîné récidive ce mercredi et poursuit son feuilleton sur François Fillon et les rémunérations accordés à des membres de sa famille. L'hebdomadaire affirme désormais que les sommes perçues par sa femme et deux de ses enfants atteignent le million d'euros.

Comment arrive-t-on à cette somme ? François Fillon avait déclaré que sa femme Pénélope travaillait "depuis toujours" à ses côtés bénévolement, et qu'il l'avait embauchée en 1997 après le départ d'un collaborateur parlementaire. Mais le Canard enchaîné avance qu'elle a été rémunérée une première fois de 1988 à 1990, puis en 1998, 1999 et 2000, ainsi qu'après le départ de François Fillon Matignon en 2012 jusqu'en novembre 2013, soit sept ans de plus qu'il ne l'a affirmé.

L'épouse du candidat de la droite à la présidentielle aurait donc perçu 830.000 euros de salaire brut comme attachée parlementaire, auxquels s'ajoutent 100.000 euros pour La Revue des deux mondes. En outre, deux de ses enfants, qu'il a également rémunérés, auraient selon le Canard enchaîné, perçu 84.000 euros.

L'enquête s'accélère

Depuis l'ouverture d'une enquête la semaine dernière par le parquet national financier (PNF) pour détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits, les investigations se sont multipliées. Après avoir auditionné les époux Fillon lundi, les enquêteurs ont perquisitionné mardi le bureau de l'ancien Premier ministre à l'Assemblée.

Ils ont constaté qu'il n'y avait jamais eu de badge d'accès ou d'adresse email professionnelle au nom de Pénélope Fillon, comme elle-même le leur avait dit la veille, selon une source proche du dossier.

Cependant, certains attachés parlementaires ne viennent jamais à l'Assemblée et n'ont donc pas de badge d'accès permanent à leur nom. Ils peuvent utiliser l'adresse email de leur député, souligne-t-on chez Les Républicains.

Fillon contre-attaque

Le candidat de la droite s'est une nouvelle fois défendu mardi soir des soupçons qui pèsent sur lui. "J'ai confiance dans la justice. (...) je suis confiant, je suis serein, j'attends désormais la fin de cette enquête", a-t-il dit en préambule d'une intervention devant le groupe EBG, un cercle de réflexion d'entrepreneurs sur l'innovation digitale.

"A ma connaissance, dans l'histoire de la Ve République, cette situation ne s'est jamais produite", a-t-il souligné, évoquant l'élimination d'un candidat à la présidentielle "par des voies autres que démocratiques".

Une affaire dans l'affaire ?

Outre l'enquête sur la réalité du travail de sa famille, le journal Mediapart, qui a affirmé samedi que François Fillon avait participé à un système de commissions occultes lorsqu'il était sénateur, a évoqué mardi l'emploi par Marc Ladreit de Lacharrière d'un membre de son équipe de campagne.

Selon Mediapart, Alexia Demirdjian a été salariée à partir de mars 2015 par la Fondation Culture et diversité, une branche du groupe de l'homme d'affaires, mais "n'a pas laissé de trace publique de son passage dans cette structure". "Cet article témoigne d'une forme d'acharnement dont fait l'objet l'équipe de François Fillon", a dit Patrick Stefanini, le directeur de campagne du candidat de la droite.

Alexia Demirdjian a travaillé à la fois pour cette fondation et pour Force républicaine, l'association qui porte l'action de François Fillon, a expliqué le directeur de campagne."Alexia a été recrutée par Force républicaine dans un premier temps sur la base d'un contrat à mi-temps. Le deuxième mi-temps était celui qu'elle effectuait dans la fondation de Marc Ladreit de Lacharrière", a-t-il ajouté.

(Avec Reuters)