Alstom : Pierre Gattaz redoute des commandes "artificielles" et "électoralistes"

Par latribune.fr  |   |  467  mots
"Soit il y a des vraies commandes qui arrivent, et bravo, ce site de Belfort pourra être sauvé, soit il n'y a pas de commande, il n'y a pas de marché, et alors il faut adapter ce site", Pierre Gattaz
Le patron du Medef Pierre Gattaz a mis en garde mardi le gouvernement contre la tentation de passer des commandes "artificielles" au site Alstom de Belfort, estimant qu'une telle démarche ne permettrait pas de sauver "durablement" l'usine historique du constructeur ferroviaire.

Invité ce matin à RTL, le responsable de la principale organisation patronale a déclaré que "si on crée des commandes électoralistes ou artificielles, ça ne marchera pas durablement."

"On va régler le problème pendant deux ans, et dans deux ans vous aurez le même problème à régler", a-t-il ajouté.

"Les entreprises sont des êtres vivants qui s'adaptent dans un monde en mutation permanente. Donc soit il y a des vraies commandes qui arrivent, et bravo, ce site de Belfort pourra être sauvé, soit il n'y a pas de commande, il n'y a pas de marché, et alors il faut adapter ce site", a poursuivi Pierre Gattaz, appelant alors à "s'intéresser aux salariés qui devront être accompagnés".

Le constructeur avait annoncé le 7 septembre vouloir transférer la production de locomotives de Belfort à Reichshoffen, une commune alsacienne située à 200 kilomètres, pour ne conserver dans l'usine franc-comtoise que de la maintenance.

A sept mois de l'élection présidentielle, l'avenir du site de Belfort est devenu un enjeu politique, d'autant que l'État possède 20% du capital d'Alstom. François Hollande a fait de son maintien un "objectif", soucieux d'éviter une déflagration similaire à la fermeture des hauts-fourneaux de Florange, en Lorraine, en début de quinquennat.

Mobilisé pour sauver l'usine, le secrétaire d'État à l'Industrie, Christophe Sirugue a promis aux syndicats des "réponses" avant "la fin du mois". Mais aucun rendez-vous n'est inscrit, cette semaine, à son agenda.

Une journée de mobilisation pour les "Alsthommes" de Belfort

Depuis l'annonce de la fermeture du site, les salariés se mobilisent pour réclamer la sauvegarde de leur usine. Les 9.000 employés français du groupe sont appelés mardi à la grève par l'intersyndicale (CFE-CGC, CGT, CFDT, FO). Une manifestation est organisée à 11 heures devant le siège du fabricant de trains pour réclamer le maintien de l'activité sur son site historique de Belfort, où 400 emplois sur 480 sont menacés. Les organisateurs attendent entre "1.000 et 1.500 personnes" à Saint-Ouen.

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Quelque 300 salariés d'Alstom Belfort ont embarqué mardi matin à bord d'un TGV spécialement affrété pour les transporter à la manifestation prévue devant le siège du constructeur ferroviaire à Saint-Ouen. Pour Olivier Kohler, délégué CFDT du site, le "symbole est très fort : le TGV est un produit qui est sorti des usines d'Alstom et qui est le fruit du travail des salariés d'Alstom".

Le Pdg du groupe, Henri Poupart-Lafarge, sera auditionné dans la journée à l'Assemblée nationale par la commission des Affaires économiques. Selon le journal Le Monde, l'exécutif pourrait présenter un plan "global" pour les 12 sites français d'Alstom, sans doute le 3 ou 4 octobre.

(Avec AFP)