Assurance chômage : ce que va proposer le Medef pour la dernière négociation

Par latribune.fr  |   |  567  mots
Cette ouverture est censée ouvrir la voie à un accord entre patronat et syndicats sur les nouvelles règles du régime d'indemnisation des chômeurs, qui perd environ 4 milliards d'euros par an et affiche une dette de 30 milliards d'euros.
Le négociateur du Medef a arraché lundi un mandat a minima au conseil exécutif de l'organisation patronale pour tenter d'éviter un nouveau fiasco des tractations sur une nouvelle convention d'assurance chômage avant l'élection présidentielle.

Eviter un nouveau fiasco des transactions sur une nouvelle convention d'assurance chômage. Le conseil exécutif du Medef a donné lundi son aval pour proposer lors de l'ultime séance de négociation mardi d'augmenter la cotisation chômage des employeurs de 0,05 point, a-t-on appris auprès de l'organisation patronale, confirmant une information du Figaro.

Selon le projet d'accord transmis lundi soir aux syndicats, cette "contribution" de 0,03% appliquée à tous les contrats hors contrats de travail temporaire, sur la même assiette que celle des cotisations d'assurance chômage, sera à la charge de l'ensemble des employeurs. Le patronat propose de la mettre en place pour la durée de la future convention Unedic, soit trois ans maximum, mais précise qu'elle pourra être abrogée lors d'une évaluation a mi-parcours.

"Continuer la baisse du coût du travail"

En contrepartie, le Medef demande la suppression de la surtaxation des CDD courts (sauf CDD d'usage) décidée en 2013 et une baisse de 0,05 point de la cotisation des entreprises à l'AGS, le régime de garantie des salaires.

"On essaye de trouver une solution qui permette de continuer la baisse du coût du travail qui est absolument fondamentale", a déclaré le Medef

. "L'idée c'est d'avoir quelque chose de stable, qu'il n'y ait pas de hausse du coût du travail et qu'on puisse sortir de la logique mortifère où on dit que le problème ce sont les contrats courts".

"Tout cela sera conditionné à la participation de l'Etat aux efforts", a-t-on insisté. L'organisation patronale va demander à l'Etat de "prendre ses responsabilités sur tout ce qui concerne les frontaliers, les intermittents" et "reprenne à sa charge ce qui dépend de ses décisions".

"Personne n'est complètement à l'aise" avec la proposition

Dans l'esprit d'Alexandre Saubot, le négociateur du Medef, et de ses homologues de la CPME (ex-CGPME) et de l'U2P (ex-UPA), le but est d'amener le plus de syndicats possible à signer un accord très en-deçà de leurs attentes en matière de lutte contre les contrats courts. La contribution exceptionnelle proposée est d'ailleurs loin de faire l'unanimité au Medef. "Personne n'est complètement à l'aise avec ce mandat", a confié un responsable de l'organisation à Reuters. "Ce n'est pas un mandat d'enthousiasme mais de raison."

"Saubot veut un accord, donc [le président du Medef] Pierre Gattaz va le suivre", déplorait lundi après-midi un pilier du conseil exécutif, opposé à toute hausse de charges. "Encore une [de ces] fameuses lignes rouges franchies allègrement !"

De son côté, le président du Medef, Pierre Gattaz, interrogé par le site internet Boursorama, a déclaré en milieu de journée lundi ne pas être "complètement confiant" mais rester "optimiste".

Cette ouverture est censée ouvrir la voie à un accord entre patronat et syndicats sur les nouvelles règles du régime d'indemnisation des chômeurs, qui perd environ 4 milliards d'euros par an et affiche une dette de 30 milliards d'euros. Les précédentes négociations de juin 2016 avaient échoué, la principale organisation patronale ayant fait d'une hausse du coût du travail une ligne rouge. Plusieurs candidats, Emmanuel Macron et François Fillon en tête, ne cachent pas leur intention de remettre en cause le mode de fonctionnement de l'assurance chômage, quitte à en confier le pilotage à l'Etat, mettant de facto fin à 60 ans de paritarisme.

(avec AFP et Reuters)