Attali approuve l'"excellente" réforme du collège

Par latribune.fr  |   |  525  mots
"Lorsque je vois les profs défiler, je me dis qu'ils devraient plutôt faire de l'introspection, se demander pourquoi ils sont là et proposer une autre réforme", a affirmé Attali sur BFMTV et RMC.
Pour l'économiste, il y a un besoin urgent de trouver "des moyens différents pour que tous les talents de France puissent s'exprimer".

Si "la classe politique s'y oppose", c'est parce qu'"elle n'y a rien compris". Tel est le regard porté par l'économiste Jacques Attali sur la polémique qui enfle autour de la réforme du collège entreprise par la ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, et dont le décret et l'arrêté de mise en oeuvre sont parus ce mercredi 20 mai au Journal officiel.

"Lorsque les médecins défilent, je les respecte parce que l'espérance de vie augmente. Lorsque je vois les profs défiler, je me dis qu'ils devraient plutôt faire de l'introspection, se demander pourquoi ils sont là et proposer une autre réforme", est-il allé jusqu'à observer sur les ondes de BFMTV et RMC au lendemain d'une grève de quelques milliers d'enseignants et alors que François Bayrou vient d'appeler à une "manifestation nationale".

C'est d'ailleurs pourquoi le professeur d'économie "approuve la fermeté du gouvernement".

Un système fondé sur un capital soit financier soit culturel

Quant au fond de l'évolution suggérée, Jacques Attali la trouve en effet "excellente", au point que, selon lui, elle devrait même être appliquée "dès l'école primaire".

"Aujourd'hui, le système ne marche pas, parce qu'il fonctionne dans l'intérêt de ceux qui disposent soit d'un capital financier, soit d'un capital culturel. Il fonctionne pour les fils et les filles de profs, qui peuvent être aidés chez eux. Il faut absolument donner des moyens différents pour que tous les talents de France puissent s'exprimer", considère-t-il.

Adoptée le 10 avril par la communauté éducative réunie en Conseil supérieur de l'éducation (CSE), la réforme est notamment contestée à cause de deux mesures qu'elle introduit:

- la suppression du latin et du grec, remplacés par un enseignement pratique interdisciplinaire, et

- la suppression des classes bilangues (à présent suivies par 16% des élèves de sixième), à la place desquelles elle instaure une deuxième langue pour tous mais à partir de la cinquième.

La réforme suscite aussi des inquiétudes autour de l'autonomie accrue qu'elle accorde aux établissements, en accroissant le pouvoir des chefs d'établissement, et de l'interdisciplinarité des enseignements qu'elle veut renforcer.

Pas assez de débat préalable

L'ancien conseiller spécial de François Mitterand -qui prépare actuellement un programme pour l'élection présidentielle de 2022- ne reconnaît toutefois qu'un seul hic à cette évolution majeure: le fait qu'elle ne figurait pas dans le programme de François Hollande.

"Elle arrive comme par surprise, et passe donc sans long débat préalable. Les politiques sont donc dans des postures: j'approuve parce que je suis de gauche, je désapprouve parce que je suis de droite. Si on avait débattu longuement avant la présidentielle, on aurait aujourd'hui simplement un président qui appliquerait un programme", estime-t-il.

Tout en affirmant la détermination de son gouvernement à poursuivre la réforme, François Hollande a néanmoins promis de poursuivre le dialogue, a posteriori: "Une concertation sera engagée sur la mise en œuvre", avait assuré mardi le chef de l'Etat.