Salon de l'agriculture : hué par les agriculteurs, Emmanuel Macron assure que « la Ferme France ne se casse pas la gueule »

Par Fanny Guinochet  |   |  596  mots
(Crédits : POOL)
Dans une ambiance extrêmement tendue, le chef de l'Etat a mené un débat improvisé au corps à corps avec les agriculteurs. Pendant cet échange, le président de la République a tenté de répondre à la détresse et aux revendications des paysans en colère.

Article publié samedi 24 février à 11h35 et mis à jour à 14h38

Des cordons de CRS au milieu des stands et des bêtes, des empoignades, des heurts entre agriculteurs et les forces de l'ordre.... le climat était très tendu ce matin au salon de l'Agriculture. « Macron démission », « fumier », « barre toi », ont entendu notamment au moment où le président a officiellement coupé le ruban, donnant le coup d'envoi de neuf jours du Salon, avec plusieurs heures de retard. Emmanuel Macron a été accueilli sous les sifflets, ou encore des slogans, « On est chez nous » entonnés par des exposants en colère, dont beaucoup arborent des bonnets jaunes de la Coordination rurale. Dans ce contexte électrique, le président de la République a finalement tenu le débat annulé avec les représentants syndicaux.

Débat improvisé

Le chef de l'Etat a, en effet, improvisé un débat de dernière minute sur le ring géant des bovins. Bravache, en bras de chemise, faisant tomber la veste, il a échangé avec des agriculteurs, - des représentants de trois syndicats, FNSEA, Jeunes agriculteurs et Coordination rurale, notamment- . Une discussion ponctuée de tutoiements, et d'expressions familières.

A cette occasion, Emmanuel Macron a rappelé le soutien de la France pour son agriculture, par exemple, en s'opposant au Mercosur, ou encore en supprimant les taxes sur le GNR. Répondant aux accusations que « rien n'a bougé d'un iota » depuis le début de la mobilisation, il a expliqué : « Vous ne pouvez pas dire cela, il y a eu immédiatement au début de cette crise une réaction du gouvernement, il y a 62 mesures qui ont été recensées [...] De grâce, ne disons pas tout est son contraire, ce n'est pas vrai que rien a été fait et qu'on a attendu ce matin ». Et de se défendre : « Je suis en train de vous dire que le boulot est fait sur le terrain, on a repris les copies, on est en train de faire toute la simplification », devant .

Lors de cet échange, Emmanuel Macron a aussi dû faire face à des témoignages poignants de paysans. A l'image de ce producteur de poulets fermiers posant le sujet du suicide des agriculteurs, et confiant, la voix tremblante, que lui-même « avait failli passer à l'acte en août dernier », car il ne s'en sort plus. « Ma femme me fait vivre, je travaille 100 heures par semaine, je ne m'en sors pas, j'ai des enfants de 10 et 15 ans », a-t-il expliqué.

Appel à être fiers de notre agriculture

Tout au long de cet débat, le chef de l'Etat a demandé de ne pas dresser un portrait catastrophiste de la « Ferme France ». De voir les choses qui fonctionnent. Reconnaissant toutefois des difficultés sectorielles, il a annoncé un plan de trésorerie d'urgence, l'instauration de prix plancher, et la reconnaissance de l'agriculture et l'alimentation « comme un intérêt général majeur » de la France.

Il n'empêche, pas sûr que cela ne suffise, car à l'issue de ce débat, l'atmosphère dans les travées de ce 60eme salon restait particulièrement tendue. Les manifestants ont continué à siffler, lancer des colibets, et appelé à la démission le Président.

A la mi-journée, le Hall 1 du Parc des expositions restait fermé au public. Et c'est grande sous surveillance des CRS, à la mi-journée seulement qu'Emmanuel Macron a pu couper le ruban tricolore de l'inauguration du Salon. Loin des grandes déambulations habituelles des chefs d'Etat qui serrent dans la joie et la bonne humeur des mains.