Audiovisuel public : les pistes d'une réforme ultrasensible

Par latribune.fr  |   |  763  mots
Le groupe France Télévisions serait, selon la presse, particulièrement concerné par les mesures d'économies.
La ministre de la culture Françoise Nyssen a dévoilé, ce lundi 4 juin, les premières propositions de réforme de l’audiovisuel public. Ce n'est pas vraiment un big bang, mais plutôt des pistes pour lancer un média jeunesse en basculant la chaîne France 4 sur le numérique ou rapprocher France 3 et France Bleu afin de renforcer les programmes régionaux.

(Article publié le 4 juin à 9h13, mis à jour à 15h30)

Moderniser l'offre tout en faisant des économies. C'est tout l'enjeu de la réforme (à risque) de l'audiovisuel public piloté par la ministre de la Culture Françoise Nyssen et dont les premières propositions ont été dévoilées à la presse ce lundi. Pas de grand chamboulement, mais des pistes pour lancer un média jeunesse en basculant la chaîne France 4 sur le numérique ou rapprocher France 3 et France Bleu afin de renforcer les programmes régionaux.

La réforme vise à créer plus de synergies entre les groupes France Télévision, Radio France, France Médias Monde (France 24, RFI), l'INA, Arte et TV5 Monde, qui comptent quelque 17.000 salariés. Par là, l'État cherche aussi à réaliser des économies, chiffrées entre 250 et 500 millions d'euros d'ici à 2022, principalement à France Télévisions, selon la presse, sur un budget total de 3,9 milliards d'euros en 2018.

France 4 ne sera plus diffusée sur la TNT, le sort de France Ô en suspens

La préparation de cette réforme mobilise depuis le début de l'année les services du ministère de la Culture, de Matignon, des parlementaires, mais aussi les patrons et cadres des groupes concernés. Plusieurs hypothèses ont circulé, notamment après la fuite d'un document de travail fin 2017 : suppression de France Ô ou de France 4, fusion de France 4 et France 5, basculement vers le numérique de France 4, ou fusion de France 3 et France Bleu.

Ce lundi, la ministre a acté la suppression de la chaîne France 4 qui ne sera diffusée plus que sur le numérique. Une réflexion autour de France Ô, chaîne de France Télévisions dédiée aux outremers, va également être lancée "pour déterminer si l'avenir est au maintien de France Ô sur le canal hertzien ou au contraire au renforcement des offres numériques des Outre-Mer Premières", selon Françoise Nyssen.

"Nous allons repenser toutes nos offres et nos critères d'appréciation de ce qui a sa place dans nos offres de service public", a expliqué Delphine Ernotte, annonçant l'ouverture de quatre chantiers : l'éducation et les offres pour jeunes, la proximité avec France 3 et France Bleu, l'information de service public, et la création européenne.

Trois fois plus de régional

France 3, qui diffuse actuellement deux heures de décrochages régionaux par jour, devra aussi se recentrer sur la proximité et "tripler" ses programmes régionaux, et combiner ses forces avec les stations locales de Radio France. D'ailleurs à la rentrée, deux stations locales de France Bleu expérimenteront une double diffusion radio/télévision pendant les matinales, a indiqué la patronne de Radio France Sibyle Veil.

Les questions de gouvernance, de financement et ce qui concerne la régulation du secteur (transposition de la directive européenne SMA) feront l'objet de lois courant 2019.

S'oriente-t-on vers une direction unique pour tous les médias publics ?

Gabriel Attal, député LREM proche d'Emmanuel Macron et chargé du dossier à l'Assemblée, a plaidé vendredi 1er juin pour la création d'une holding de l'audiovisuel public, avec un directeur non exécutif global chapeautant des directeurs exécutifs dans chaque groupe.

Lire aussi : Audiovisuel public: le gouvernement souhaite une présidence commune

Dans un entretien vidéo à L'Opinion, le jeune député a notamment estimé qu'il fallait "regarder" le pouvoir de nomination du CSA, "travailler sur la question des territoires" en trouvant "plus de synergies entre France 3 Régions et France Bleu" et se pencher sur "les questions sociales pour dégager des moyens qui permettent d'investir dans des contenus".

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"Il faut revoir la structure interne des groupes (...) est-ce qu'une gouvernance commune des sociétés permettrait d'avancer plus rapidement avec plus de synergie ? C'est ce que je crois. Il faut un ou une cheffe d'orchestre de l'audiovisuel public. Avec une présidence non exécutive et des directeurs exécutifs, ça permet déjà d'avancer avec plus de synergie..."

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Les syndicats s'inquiètent déjà

Pendant sa campagne, Emmanuel Macron avait défendu un rapprochement des groupes de l'audiovisuel public et un assouplissement des règles du financement publicitaire, en concentrant les moyens sur des chaînes moins nombreuses.

Ces annonces inquiètent déjà la plupart des syndicats des groupes publics.

"L'audiovisuel public sera-t-il la prochaine ZAD ?", s'est interrogé la CGT de France Télévisions, estimant que "la demande pressante d'économies voulue par le gouvernement n'épargnera pas le modèle social si laborieusement construit à France Télévisions".

(Avec AFP)