Auto-entrepreneurs : une pérennité limitée

Par Grégoire Normand  |   |  679  mots
(Crédits : REUTERS/Charles Platiau)
36% des auto-entrepreneurs enregistrés en 2014 sont encore actifs trois ans après le début de leur activité contre 63% chez les entrepreneurs classiques selon une récente étude de l'Insee.

Plus d'un tiers des auto-entrepreneurs (36%), enregistrés en 2014, dotés d'un régime social et fiscal simplifié, étaient encore actifs trois ans après le début de leur activité selon une enquête de l'Insee publiée en fin de semaine dernière. Cette même année, le régime des auto-entrepreneurs, devenu aujourd'hui micro-entreprise, représentait la moitié des créations d'entreprises.

Sur 551.000 immatriculations, 283.500 étaient des micro-entreprises. Les facilités des démarches et la mise en place d'un régime fiscal avantageux ont permis de faire bondir la démographie d'entreprises en France. Pour autant, les échecs et défaillances peuvent prendre de l'ampleur avec les micro-entrepreneurs.

> Lire aussi : Le nombre de défaillances d'entreprises au plus bas depuis 2008

La pérennité s'allonge avec le temps

Les chiffres présentés par l'organisme de statistiques indiquent que la proportion des auto-entrepreneurs encore actifs au bout de trois ans augmente avec le temps (36% pour la génération de 2014 contre 30% en 2010). Dans le détail, les experts soulignent que la part qui démarre vraiment une activité est plus forte (66% contre 62%), et que la pérennité de l'établissement après trois ans augmente (54% contre 48%).

En contraste, la durée de vie des entreprises classiques est beaucoup plus élevée (75%). Une bonne part des autoentrepreneurs (34%) ne déclarent pas de chiffre d'affaires pendant les deux premières années d'exercice et les deux tiers ont effectivement débuté une activité économique. Sur les 66% restants, trois ans après leur immatriculation, 36% sont encore actifs sous ce régime et 30% ont cessé leur activité en tant qu'auto-entrepreneur.

Une durée de vie plus longue dans la santé

La pérennité des micro-entreprises dépend beaucoup du secteur d'activité. Elle est la plus élevée dans la santé humaine et l'action sociale (60%) et dans l'enseignement (48%), et plus faible dans la construction (36%), les activités spécialisées, scientifiques et techniques (36%) ou le commerce (28%).

Enfin, elle est très réduite (16%) dans le secteur des transports et de l'entreposage. Ces écarts entre les secteurs peuvent s'expliquer en partie par une propension au démarrage plus forte dans la santé ou l'action sociale (83%), l'enseignement (79%), les activités scientifiques et techniques (71%) ou le commerce (54%).

La pérennité s'améliore avec l'âge

La pérennité des micro-entreprises augmente avec l'âge des entrepreneurs. Ainsi, 28% des auto-entrepreneurs de moins de 30 ans sont encore actifs contre 44% chez les plus de 50 ans. Les sociétés immatriculées par des femmes ont également une durée de vie plus étendue après trois ans. "Cette différence s'explique surtout par le meilleur taux de démarrage effectif des femmes (72 %, 10 points de plus que les hommes)"souligne l'organisation. Il existe des divergences en fonction du lieu d'implantation.

Ainsi, 43% des auto-entrepreneurs installés dans une commune rurale sont encore en activité trois ans après leur enregistrement contre 34% dans les villes. Pour tenter d'expliquer cet écart, l'Insee signale que les auto-entrepreneurs dans les zones urbaines veulent plus souvent "répondre à une opportunité personnelle"que dans les zones rurales. Ce qui peut avoir des conséquences sur la pérennité d'une entreprise.

10.300 euros de chiffre d'affaires en moyenne

En 2016, les auto-entrepreneurs encore en activité ont déclaré un chiffre d'affaires de 10.300 euros trois ans après l'immatriculation. Là encore, il existe des écarts selon les    profils et la finalité de l'activité. Pour les auto-entrepreneurs en activité de complément, le chiffre d'affaires moyen est de 7.600 euros en 2016, contre 12.800 euros pour ceux en activité principale. Pour ces derniers, les problèmes de trésorerie sont plus récurrents.

Les facteurs les plus souvent avancés par les auto-entrepreneurs interrogés sont  les diminutions de chiffre d'affaires, les délais et retards de paiement des clients et enfin les hausses de taxes ou de cotisations. Par secteur, c'est le commerce qui souffre le plus avec 36% déclarant des difficultés de trésorerie. Viennent ensuite l'hébergement et la restauration (33%), la construction (31%). La santé (20%) ou l'information communication sont les moins touchés par les problèmes de trésorerie.