Bouclier tarifaire  : le dispositif ne sera pas prolongé pour les entreprises pour l'instant

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  549  mots
Roland Lescure, ministre délégué chargé de l'industrie, lors d'une visite en septembre chez Aluminium Dunkerque, entreprise « particulièrement impactée par les tensions actuelles sur les marchés de l'énergie » selon le ministère lui-même. (Crédits : Reuters)
Deux jours après l'annonce par Bruno Le Maire de la prolongation du bouclier tarifaire sur l'électricité - mais pas pour le gaz - à destination des particuliers, son ministre de l'industrie, Roland Lescure, a déclaré qu'il n'en serait pas de même pour les entreprises. Cette mesure, certes coûteuse, a pourtant jusqu'ici permis de limiter l'envolée des prix de l'énergie en France selon le Gouvernement.

C'est une déclaration qui risque de susciter un certain mécontentement chez les chefs d'entreprise. Interrogé ce dimanche sur France 3, Roland Lescure, ministre délégué à l'industrie, a indiqué que le bouclier sur les tarifs de l'électricité ne serait pas prolongé pour les entreprises « pour l'instant ». Une déclaration qui contraste avec celle du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, qui a affirmé vendredi sur LCI que le bouclier tarifaire sera maintenu durant les deux prochaines années pour ne pas faire exploser la facture d'électricité des Français.

Présent dans l'émission « Dimanche en politique », Roland Lescure a déclaré que « l'électricité, le gaz ont beaucoup baissé. [...] Donc aujourd'hui, les entreprises n'ont pas besoin d'aide ». Là aussi, le discours tranche avec celui de Bruno Le Maire vendredi, qui avait expliqué qu'il se « donne deux ans, d'ici début 2025, pour sortir du bouclier sur l'électricité », en raison des tarifs qui restent « très élevés » par rapport à la situation d'avant crise. Et ce notamment en raison d'une production un peu plus faible qu'espérée.

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Une clause de revoyure encore possible

Le ministre de l'industrie n'a néanmoins pas complètement fermé la porte à une prolongation du bouclier pour les entreprises. Il a tout d'abord rappelé que le dispositif actuel était toujours en vigueur pour le moment : « Aujourd'hui, nous avons un calendrier qui nous est dicté par l'Europe sur les entreprises, qui nous autorise à mettre en place ce qu'on appelle le guichet jusqu'à fin 2023. » Et il a laissé entendre que la situation serait réexaminée à l'automne, validant l'expression « clause de revoyure ». « Evidemment, comme nous l'avons fait l'année dernière, si à l'automne, nous nous rendons compte que nous en avons besoin, nous le ferons et nous le ferons dans un cadre européen, c'est normal », a-t-il poursuivi.

Ce dispositif, mis en place en octobre 2021 pour limiter la hausse des prix à 4% sur le gaz et l'électricité devait initialement prendre fin début 2023. En septembre 2022, la Première ministre Elisabeth Borne avait déjà annoncé la prolongation le bouclier tarifaire sur le gaz et l'électricité à toute l'année 2023 pour « limiter à 15% la hausse du prix du gaz en janvier 2023 et 15% celle du prix de l'électricité en février», lors d'une conférence de presse en ajoutant qu'il s'agissait d'une hausse de « 15% au lieu de 120% » sans l'application du bouclier.

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Une addition qui se corse

La précédente prolongation du bouclier tarifaire avait été budgétisée à 16 milliards d'euros par Bercy. Mais au total, le bouclier tarifaire devrait coûter 45 milliards d'euros cette année aux finances publiques, auxquels s'ajoutent d'autres aides énergétiques pour les ménages (carburants, fioul, bois...) et pour les petites et moyennes entreprises. Le ministère de l'Economie n'a pas encore donné d'estimation sur le coût de ce nouveau report pour les particuliers, qui ne concernera que l'électricité. Pour le gaz, « il n'y a pas de raison de maintenir le bouclier », avait estimé vendredi Bruno Le Maire, en raison des prix qui « sont revenus à la situation d'avant crise, à 50 euros le mégawattheure ».