Electricité : après la hausse des factures de moins de 10% en février, pas de nouvelle augmentation avant 2025, promet Le Maire

Par latribune.fr  |   |  963  mots
Bruno Le Maire (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a annoncé dimanche que la facture d'électricité augmenterait au 1er février entre 8,6% et 9,8% selon les contrats, conformément à l'engagement du gouvernement à mettre fin progressivement au « bouclier tarifaire » mis en place fin 2021. Alors que le Rassemblement national demandait le gel des prix, Bruno Le Maire a rappelé que le parti d'extrême droite avait refusé de voter en faveur du bouclier tarifaire sur l'électricité et le gaz.

Alors qu'il est confronté aux manifestations des agriculteurs en colère, le gouvernement a annoncé ce dimanche une hausse des factures d'électricité comprise entre 8,6% et 9,8% à partir du 1er février. C'est ce qu'a indiqué ce dimanche au journal de 20 heures de TF1 le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, confirmant que les prix n'augmenteraient pas de plus de 10% maximum (taxes comprises), comme il l'avait indiqué le 15 janvier. Après plus de deux ans d'aides de l'Etat pour protéger les Français de l'envolée des prix de l'énergie provoquée notamment par la guerre en Ukraine, « nous revenons progressivement dans la norme », a-t-il dit, comme l'avait indiqué Emmanuel Macron la semaine dernière lors de sa conférence de presse,

 « Pour 97% des ménages français, la hausse sera sous les 10% », a précisé ministre de l'Economie précisant qu'il n'y aurait « pas d'autre hausse en 2024 » et que la « prochaine aurait lieu le 1er février 2025 ».

Il n'y aura donc pas d'augmentation en août, deuxième fenêtre de tir avec le mois de février pour réviser le tarif réglementé de l'électricité. Précédemment, le tarif réglementé avait augmenté de 4% en février 2022, 15% en février 2023 et 10% en août 2023. L'augmentation totale sur deux ans est donc de l'ordre de 43 à 44%.

Près de 20 millions de ménages abonnés à l'électricité sont donc concernés par la mesure annoncée par Bruno Le Maire, dont 10,6 millions au tarif de base, c'est-à-dire le tarif « bleu »d'EDF, fixe sans heures creuses.

Pour environ 400.000 abonnés particuliers ayant souscrit une option dite « effacement jour de pointe », le tarif augmentera de 10,1%. Ces abonnés paient un tarif plus avantageux mais s'engagent en échange à réduire leur consommation les jours où la consommation nationale est très importante, par jours de grand froid par exemple. Pour les petites entreprises et abonnés non résidentiels, la hausse sera de 5,2 à 8% selon les contrats.

Sortir du quoi qu'il en coûte

Pour Bruno Le Maire, cette hausse se justifie par la baisse des prix de l'énergie et par la nécessité de « protéger les finances publiques ». Le 15 janvier, lors d'un déplacement à la centrale nucléaire de Gravelines (Nord), Bruno Le Maire avait déjà rappelé la nécessité de sortir du quoi qu'il en coûte.

« C'est une décision difficile, mais c'est une décision qui est nécessaire pour garantir notre capacité d'investissement dans de nouvelles capacités de production électrique et puis pour sortir définitivement du quoi qu'il en coûte », a justifié le ministre de l'Economie

La semaine dernière, lors d'un déplacement à Gravelines, il avait déclaré : « J'ai toujours indiqué que nous devions sortir collectivement des boucliers énergétiques, nous avons tous collectivement dépensé plus de 40 milliards d'euros pour payer la facture de gaz et la facture d'électricité des Français pendant la crise inflationniste, aucun autre pays n'a fait ça ».

 « J'ai toujours indiqué que cet exceptionnel ne pouvait pas durer, c'est trop coûteux pour nos finances publiques, ça coûte trop cher », avait-il ajouté, en soulignant que « l'argent ne tombe pas du ciel ». Pour lui, il était « trop facile de laisser entendre qu'on peut dépenser des milliards et des milliards d'euros » alors qu'il y a « des besoins sur l'hôpital, sur l'école et sur les services publics ». Début janvier, l'association de défense des consommateurs UFC Que Choisir avait demandé au gouvernement un « gel » de ce tarif réglementé de l'électricité.

Mardi dernier, Emmanuel Macron avait seulement souligné que la France avait « beaucoup protégé face à l'inflation énergétique ces dernières années (...) et qu'au moment où les prix reviennent dans la norme, il est légitime qu'il y ait en effet des augmentations ». Le chef de l'Etat avait par ailleurs réaffirmé que le prix de l'électricité resterait « substantiellement inférieur » à ce qui est payé par le consommateur chez nos voisins européens.

Le RN demande un gel du bouclier tarifaire qu'il avait refusé de voter

Tant sur les prix de l'électricité que sur le mécontentement des agriculteurs, le gouvernement est sous la pression du Rassemblement national qui, à cinq mois des élections européennes, cherche à surfer sur ces mécontentements. En tête dans les sondages, le parti d'extrême droite s'est en effet emparé de ces deux sujets. Reçu vendredi à Matignon par Gabriel Attal, son président, Johan Bardella, également tête de liste du RN aux européennes, a non seulement « alerté » le Premier ministre sur la situation des agriculteurs, il lui a aussi demandé de « renoncer » à la hausse des tarifs réglementés de l'électricité, « inquiétude majeure » des « classes populaires et moyennes ».

« Je lui ai demandé de renoncer à cette hausse, considérant qu'elle serait la goutte de trop non seulement pour les familles françaises, mais aussi pour nos chefs d'entreprise », a ajouté le président du Rassemblement national, en pointant du doigt, comme il le fait pour l'agriculture, l'Europe, et plus particulièrement les « règles de fixation des prix du marché européen de l'électricité, qui fait que la France ne paie plus aujourd'hui l'électricité au prix qu'elle la produit ».

Ce dimanche, précisant que la hausse des prix de l'énergie était la conséquence de l'invasion de l'Ukraine par la Russie de Vladimir Poutine, « amie de Madame Le Pen » , Bruno Le Maire a posé la question à Jordan Bardella sur les raisons pour lesquelles il demandait le maintient du bouclier tarifaire alors que son parti ne l'avait pas voté. Un argument déjà utilisé en avril 2022 par Emmanuel Macron face à Marine Le Pen lors du débat entre les deux tours de la présidentielle.