Canicule : les autorités s'alarment du phénomène d'ouverture de bouches à incendie

Par Gwendal Lavina  |   |  540  mots
Le nombre d'ouvertures illégales de bouches et poteaux à incendie a explosé ces derniers jours, en Ile-de-France notamment. Les autorités s’inquiètent du phénomène et des conséquences qu'il peut avoir en terme de sécurité.
Avec les chaleurs que la France a connu ces derniers jours, sont revenues les ouvertures intempestives de bouches à incendies. Si la pratique peut rafraîchir, elle inquiète les autorités pour ses conséquences qui peuvent être dramatiques.

Le "street pooling" a fait son apparition en France il y'a seulement quelques années, importé des Etats-Unis notamment. Cette pratique illégale consiste en l'ouverture sauvage des bouches et poteaux à incendie pour obtenir un geyser d'eau et se rafraîchir.

Ce mercredi a représenté un pic puisque ce sont près de 500 bouches qui ont été ouvertes illégalement pour une perte d'environ 150.000 m3 d'eau. Dans un communiqué, Veolia, la société qui alimente en eau 150 communes d'Île-de-France, explique que cette quantité représente "l'équivalent de 60 piscines olympiques". L'opérateur révèle également que "le volume d'eau distribué le 21 juin a augmenté de près de 50%" avec une consommation d'eau qui est passée de 300.000 m3 à 450.000 m3. Selon les estimations données par Veolia, 600.000 m3 du précieux liquide ont été gaspillés de cette façon depuis le 26 mai.

"La perte financière que l'on enregistre à cause de ce phénomène est dure à évaluer, d'ailleurs ce n'est pas réellement la problématique puisque leur impact est marginal " explique-t-on chez Veolia.

Si la facture est difficile à établir pour les pertes en eau, les communes, elles, sortent déjà la calculatrice. En effet, ces dernières sont responsables de ces installations, Veolia se contentant de les alimenter en eau. Lorsqu'une borne est ouverte, il faut envoyer un technicien pour la refermer mais la mairie est également responsable des dégâts qui peuvent être causés par l'eau qui s'échappe. Ainsi, pour la seule journée de mercredi, la facture des dégâts est estimée entre 600.000 et 800.000 euros qui doivent donc être remboursés par les municipalités.

Un enjeu de sécurité avant tout

Au-delà du gaspillage et du coût occasionnés par de telles pratiques, les autorités pointent du doigt la dangerosité du phénomène. L'eau qui sort d'une bouche à incendie le fait à une pression très élevée, nécessaire aux pompiers lors de leurs interventions mais qui peut blesser l'individu qui se risque à l'ouvrir sans le matériel adéquat.

Le débit observé sur les bouches et poteaux à incendie est de 60 m3/heure soit 60.000 litres d'eau qui se retrouvent sur la chaussée et peuvent occasionner des dégâts. Les pompiers expliquent notamment que les caves ou parking des immeubles avoisinants se retrouvent immergés très rapidement. A cela, il faut ajouter les risques de glissements de véhicules sur la chaussée ou encore d'électrocutions qui sont multipliés et craints par les services de secours. Plus grave, les pompiers et Veolia expliquent que cela pose un problème en cas d'intervention sur un feu puisque la pression nécessaire au bon fonctionnement des lances à incendies est moindre.

Enfin, Veolia indique à La Tribune avoir été contacté par plusieurs de ses clients qui se plaignaient de ne plus avoir d'eau dans leur robinet. En effet, ces bouches à incendie "fonctionnent sur le même réseau que celui qui alimente les habitations" et monopolisent la pression "empêchant de faire parvenir l'eau dans les étages les plus hauts". L'entreprise en appelle au bon sens des citoyens pour faire cesser cette pratique qui amène des dangers et des coûts inutiles.