Les tensions entre Ankara et Berlin sur le terrain économique

Si le ton ne cessait de se durcir entre les deux capitales ces deniers mois, la confrontation restait sur les terrains politique et diplomatique. Cela pourrait changer puisque pour la première fois, les autorités allemandes ont évoqué publiquement de possibles sanctions économiques visant la Turquie.
Depuis plusieurs mois, les relations entre Ankara et Berlin ne cessent de se tendre menaçant désormais les relations commerciales.

Depuis plusieurs mois, le torchon brûle entre Ankara et Berlin et plusieurs épisodes laissent penser que la crise n'est pas seulement passagère à l'instar d'annonces récentes faites par Berlin sur de possibles sanctions économiques visant la Turquie.

Ces derniers jours,l'arrestation de six militants des droits de l'homme parmi lesquels un ressortissant allemand a dégradé un peu plus les relations entre les deux pays. Le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel a ainsi interrompu ses vacances pour rentrer à Berlin gérer la crise et surtout convoquer l'ambassadeur turc pour lui remettre une lettre condamnant cette arrestation.

L'annonce du maintien en détention de son ressortissant pour "commission d'un crime au nom d'une organisation terroriste sans en être membre" a provoqué la colère de Berlin. Le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Siebert, a publiquement évoqué pour la première fois une éventuelle suspension des aides versées à Ankara par l'Union européenne.

Forte baisse des échanges commerciaux

Jeudi, c'était au tour des entreprises allemandes de prendre la parole sur les conséquences économiques dues à la dégradation des relations entre les deux pays. Ainsi, plusieurs d'entre elles s'attendent à un repli de leur volume d'affaires en Turquie, déjà en baisse depuis le putsch raté de juillet 2016, après l'annonce de possibles sanctions imposées par Berlin.

Après avoir expliqué que le pays travaillait sur une "réorientation" de politique à l'égard de la Turquie, les autorités ont fait savoir que cela inclut un réexamen des crédits, des aides financières apportées aux exportations par Berlin et des investissements en Anatolie.

"Dans la situation actuelle, on ne peut conseiller à aucune entreprise d'investir en Turquie (...) la perte de confiance est énorme" détaille André Schwarz, porte-parole de la fédération des exportateurs allemands."De nombreuses entreprises ont déjà mis leurs investissements en attente et nous nous attendons à une baisse importante des exportations si ces mesures sont prises".

Cette position est également adoptée par de nombreuses organisations commerciales et de soutien aux entreprises allemandes qui souhaitent s'installer en Turquie. La plus importante d'entre elles : la Chambre de commerce et d'industrie germano-turque compare d'ailleurs la situation des échanges entre les deux pays depuis mi-2016 à une "glissade en pente". Selon les chiffres évoqués par l'organisation le volume des échanges entre l'Allemagne et la Turquie est en baisse de 10% sur un an, un chiffre que le magazine allemand Capital situe plus autour des 50% !

Des entreprises allemandes dans le viseur des autorités turques

L'annonce de possibles sanctions économiques intervenaient quelques heures après la révélation par l'hebdomadaire Die Zeit de l'existence d'une liste noire d'entreprises allemandes remise à Berlin par Ankara. Cette liste comprenant le nom de 68 sociétés aurait été envoyée par les services de renseignements turcs pour que les autorités allemandes enquêtent sur de supposés liens avec certaines entités terroristes.

Ces entreprises parmi lesquelles des multinationales comme le constructeur automobile Daimler ou le groupe de chimie BASF sont accusées par les services de renseignements turcs de soutenir l'opposition à Erdogan. Ils accusent notamment ces entreprises d'avoir des liens avec Fethullah Gülen, accusé par le président turc d'être derrière le putsch manqué de juillet 2016 et qui vit pourtant depuis plusieurs années aux Etats-Unis.

Ce dernier rebondissement en date dans la relation déjà compliquée entre l'Allemagne et la Turquie a été dénoncé par la ministre de l'Economie allemande. Brigitte Zypries a déclaré que "stigmatiser les entreprises allemandes en les suspectant soudainement d'activités terroristes rend le climat d'affaires et d'investissements plus difficile en Turquie".

Cela serait d'autant plus compliqué pour la Turquie que l'Allemagne est son premier partenaire économique et le deuxième investisseur étranger dans le pays derrière les Pays-Bas comme le rappelle l'AFP.

Un graphique de notre partenaire Statista

(Avec agences)

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