Chiffres du chômage : les sénateurs préfèrent l'Insee à Pôle emploi

Par latribune.fr  |   |  466  mots
Afin de mieux analyser la réalité du chômage en France, le rapport préconise une parution mensuelle des chiffres Insee.
Un rapport de la Haute Assemblée propose une meilleure contextualisation des chiffres de Pôle emploi, et un renforcement des autres méthodes de mesure du chômage.

L'éternel débat sur les chiffres du chômage refait surface, avec un rapport publié mardi par le Sénat, fruit d'une commission d'enquête lancée en avril 2016 et composée de 21 sénateurs de tous bords politiques. Ces derniers estiment entre autre que les chiffres publiés tous les mois par Pôle emploi ne sont pas "à eux seuls un indicateur fiable et pertinent du chômage".

Le rapport écarte d'emblée toute théorie du complot : "Les soupçons de manipulations des chiffres publiés par Pôle emploi ne sont pas justifiés" mais pointe plusieurs "anomalies" dans la manière dont l'établissement public comptabilise les demandeurs d'emplois.

>> LIRE AUSSI : Les statistiques sur le chômage rénovées

La catégorie C est particulièrement critiquée par les sénateurs. Cette dernière, qui recense les demandeurs d'emplois ayant une activité réduite, est assez poreuse. Comme l'explique le rapporteur, Philippe Dallier (LR), "un nombre important de personnes travaillant à temps plein (467.300 en juillet 2016) (...) pour certains en CDI" sont ainsi comptabilisés. Le rapport préconise donc une analyse plus poussée de cette catégorie lors de la publication des chiffres mensuels.  Autre limite des chiffres Pôle emploi, le fait que de nombreux jeunes de moins de 25 ans et les bénéficiaires du RSA "ne sont pas inscrits à Pôle emploi".

Différentes façon de compter

Pour ces raisons, l'enquête trimestrielle sur l'emploi réalisée par l'Insee apparaît comme "une meilleure mesure" aux yeux des sénateurs. Elle comptabilise les chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT), une norme qui permet les comparaisons avec d'autres pays. Selon la définition du BIT, la France compte 2,8 millions de chômeurs, contre 3,56 millions de personnes recensées dans la catégorie A de Pôle emploi. La différence est en partie due au "halo" du chômage : ce sont les 1,5 million de personnes inactives mais souhaitant travailler, non comptabilisées comme chômeurs par le BIT mais dont certains sont quand même inscrits à Pôle emploi.

Si l'écart entre les deux mesures s'est creusé, cela pourrait être, avance le rapport, en raison de la suppression de la dispense de recherche d'emploi pour les plus de 58 ans. La mesure, appliquée en 2008, a fait rentrer 580.000 chômeurs de plus dans les chiffres de Pôle emploi.

Afin de mieux analyser la réalité du chômage en France, le rapport préconise une parution mensuelle des chiffres Insee. "Le coût de l'enquête Insee aujourd'hui, c'est 20 millions d'euros. Une parution mensuelle représenterait un coût mais elle ne serait pas trois fois plus chère; c'est davantage une question technique", assure Philippe Dallier.

(Avec AFP)