Chômage : "une baisse artificielle", "à mille lieues de ce qu'il faudrait faire"

Par latribune.fr  |   |  723  mots
"Ceux qui oseraient se réjouir de tels chiffres sont complètement à côté du monde." Pierre Laurent (PCF)
Si la légère baisse du chômage au mois de juillet (-0,1%) est saluée par le Premier ministre, le PCF et les Républicains dénoncent l'aveuglement du gouvernement. Le Medef estime possible l'inversion de la courbe du chômage d'ici 2016.

Le Premier ministre Manuel Valls a jugé mercredi 27 août au soir que les chiffres du chômage de juillet, qui marquent une légère baisse (-0,1%) du nombre de demandeurs d'emploi sans activité, allaient "dans le bon sens".

"Pour le chômage, les chiffres qui ont été publiés ce soir vont dans le bon sens", a-t-il déclaré lors d'un discours devant les ambassadeurs français réunis à Paris.

"La France est sur le bon chemin, elle est en ordre de marche. J'en suis convaincu, nous allons réussir", a affirmé le chef du gouvernement.

Pour la première fois depuis janvier, le nombre de demandeurs d'emploi sans activité a très légèrement reculé en juillet en métropole (-1.900, -0,1%), continuant toutefois à flirter avec le record (3,55 millions), selon les chiffres publiés mercredi par le ministère du Travail. Sur un an, leur nombre reste en nette hausse (+3,9%). En ajoutant l'Outre-mer, plus de 3,8 millions de personnes étaient inscrites en catégorie A (sans aucune activité).

  • "À mille lieues de ce qu'il faudrait faire" (PCF)

Le Parti communiste français (PCF) dénonce l'aveuglement du gouvernement. Pierre Laurent, secrétaire national martèle une nouvelle fois la nécessité d'un changement de cap:

"Ceux qui oseraient se réjouir de tels chiffres sont complètement à côté du monde (...) Il faudrait un effort de création d'emplois considérables. Avec des chiffres comme ça, on est à mille lieues de ce qu'il faudrait faire. On a mis plus de 20 milliards d'euros dans le pacte de responsabilité pour obtenir ce résultat là. Jusqu'à quand on va continuer dans cette direction ? (...) Il faut arrêter d'aider (les entreprises) sur le mode de la baisse des charges salariales parce que les salaires sont beaucoup trop bas.

  • "Le gouvernement tente de faire baisser artificiellement le chômage" (LR)

Du côté de l'opposition, ces chiffres sont également critiqués. Eric Woerth, délégué général au projet Les Républicains (UMP) appelle à prendre en compte l'ensemble des catégories pour une analyse objective du chômage, taclant par ailleurs la politique gouvernementale :

"Même si le chômage en catégorie A est en légère baisse, sans surprise, le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A, B et C est à nouveau en hausse. Il a ainsi augmenté de 0,3% pour le seul mois de juillet (...) Plutôt que de lutter efficacement contre le chômage, le gouvernement tente par tous moyens de le faire baisser artificiellement (...) La lutte contre le chômage mérite de vraies réponses, que le gouvernement, à ce jour n'a toujours pas données.

  • L'UDI est sur le même créneau. Philippe Vigier, président du groupe à l'Assemblée nationale, commentait les résultats peu après leur publication :

"Un léger répit en trompe-l'œil (...) Sans décision puissante et rapide pour réformer profondément le marché du travail et améliorer la compétitivité des entreprises, ce léger répit sera malheureusement de courte durée et ne permettra pas non plus de réparer les dégâts humains, sociaux et économiques liés au chômage et aux décisions dogmatiques de François Hollande"

  • Quant au Front national, le parti d'extrême droite a parlé "d'indécence" à travers un tweet de son vice-président Florian Philippot :

"15.100 chômeurs de plus catégories A,B,C en juillet. Indécente autosatisfaction d'un gouvernement qui applique sottement les dogmes européens"

  • Pour le Medef, l'inversion de la courbe du chômage en 2016 est "possible"

Les réactions syndicales sont mitigées. Si le Medef, par la voix de son vice-président Geoffroy Roux de Bézieux, a estimé que ces chiffres présentaient "des signes encourageants" et juge possible une inversion "de la courbe du chômage d'ici 2016".

 Il y a des signes encourageants comme par exemple la reprise de l'intérim, comme la construction, qui a l'air de redémarrer un peu."

Geoffroy Roux de Bézieux a cependant déclaré que la situation est "très fragile et les évènements macroéconomiques en Chine nous forcent à être prudents".

  • Pour la CFDT, "l'éclaircie reste à confirmer". Force ouvrière (FO) évoque quant une simple "pause" et appelle une nouvelle fois à "changer de cap économique".

(avec AFP)