Méga-bonus de Michel Combes : le Medef et l'Afep accentuent la pression sur le patron d'Alcatel-Lucent

Par latribune.fr  |   |  621  mots
Michel Combes (à gauche, ici avec le patron de Nokia, Rajeev Suri, le 15 avril 2015) va quitter mardi 1er septembre Alcatel-Lucent qu'il a dirigé et dont il a soutenu le rachat par Nokia. Il devrait empocher une prime de départ de 4,5 millions d'actions, ce qui représente 14 millions d'euros, d'ici à 2018.
Le Medef estime que les rémunérations de Michel Combes, qui pourrait toucher près de 14 millions d'euros à l'occasion de son départ d'Alcatel-Lucent, sont "choquantes". L'organisation patronale va demander l'avis du Haut-Comité de gouvernement d'entreprise. De son côté, Michel Combes expliquait ce lundi dans la presse qu'il était "fier du travail accompli" à la tête de l'équipementier de télécoms.

| Article publié le lundi 31 août 2015 à 10h30. Mis à jour à 13h56 et 16h32

Le Medef intensifie sa pression sur Michel Combes et son méga-bonus de près de 14 millions d'euros. Ce lundi après-midi, le Medef et l'Afep, ont décidé de solliciter l'avis du Haut comité de gouvernement d'entreprise, une instance fondée par ces deux acteurs qui vise à se prononcer sur le respect du code de gouvernement d'entreprise qu'ils ont rédigé.

L'Afep et le Medef, très attachés au respect des règles du code de gouvernement d'entreprise, demandent au Haut comité de gouvernement d'entreprise de se prononcer sur les conditions de départ de Michel Combes d'Alcatel-Lucent.

Cette annonce reflète l'attitude critique adoptée par le syndicat patronale depuis la révélation de cette rémunération. Dès ce lundi matin, Thibault Lanxade, le vice-président du Medef, estimait sur RTL que ces sommes "sont d'autant plus choquantes que les résultats n'étaient pas, on va dire, au rendez-vous",  ajoutant "comprendre" que les rémunérations du patron "choquent".

"Il y a un code de bonne conduite"

"Il y a un code de bonne conduite qui permet justement de faire en sorte que les rémunérations qui sont octroyées aux dirigeants soient conformes à ce qui a été décidé par les entreprises, et également validées par l'autorité du marché des contrôles financiers, et par Bercy", a rappelé le dirigeant de l'organisation patronale.

En outre, Thibault Lanxade a assuré que l'affaire n'allait pas en rester là. Il a indiqué que l'organisation patronale allait étudier le dossier.

"Donc, il faut maintenant que l'on regarde attentivement. Est-ce que, pendant cette période, il y a eu une très forte performance de l'entreprise? Est-ce que les montants étaient adossés sur des prises de risques, des critères bien définis?"

La CGPME, aussi, grince aussi des dents

Le président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME), François Asselin, a aussi estimé, lundi sur LCI, que le versement d'une telle somme pouvait "paraître choquant". "C'est à des années lumière de ce que peuvent connaître les patrons de PME", a-t-il souligné.

"Cela doit nous poser une question à nous tous: quel est notre rapport à l'argent, personnellement, mais aussi collectivement. Parce que tout cela s'est fait en totale transparence, on ne peut pas le nier: un conseil d'administration a décidé d'une telle rémunération, cet argent lui est dû contractuellement", a relevé M. Asselin.

Le gouvernement, à travers la voix de Michel Sapin, ministre des Finances, s'est également déclaré "choqué", appelant à "un peu de bon sens".

 "J'ai réussi à créer de la valeur, l'entreprise est sauvée"

Face à cette polémiqueMichel Combes, le directeur général d'Alcatel-Lucent, a déclaré lundi, dans une interview accordée aux "Echos", qu'il était "fier du travail accompli" à la tête de l'équipementier de télécoms.

"Comme le cours de Bourse de l'entreprise s'est apprécié, on atteint un montant significatif, je le reconnais. Mais cela signifie que j'ai réussi à créer de la valeur et que l'entreprise est sauvée, alors que je l'ai rejoint(e) en quasi faillite et que les candidats pour la diriger n'étaient pas nombreux."

Pourtant, le méga-bonus de Michel Combes a beaucoup choqué : non seulement les syndicats, mais aussi Michel Sapin... et maintenant le Medef.

Pour mémoire, Michel Combes va quitter mardi 1er septembre l'équipementier télécoms qu'il a dirigé et dont il a soutenu le rachat par Nokia. Il devrait empocher une prime de départ de 4,5 millions d'actions, ce qui représente 14 millions d'euros, d'ici à 2018.