Comment l'Assurance maladie compte faire 2 milliards d'économies en 2019

Par latribune.fr  |   |  556  mots
En octobre dernier, la ministre de la Santé Agnès Buzyn avait fixé un nouvel objectif pour 2022 : 70% des actes de chirurgie devront être réalisés en ambulatoire (contre 54% actuellement)
Moins d'hospitalisations, de prescriptions et de fraudes : l'Assurance maladie a dévoilé jeudi 28 juin ses recettes habituelles pour économiser un peu plus de 2 milliards d'euros en 2019, et proposé de lier certaines dépenses à la qualité des soins, comme le veut le gouvernement.

Encore un petit effort. Après 1,9 milliards d'euros d'économies réalisées en 2018, Nicolas Revel, le directeur général de la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) vise une réduction des dépenses de 2,01 milliards d'euros en 2019, hors action sur les médicaments (qui sont du ressort de l'État).

Pas de surprises, la liste des "actions" et des "leviers" à mobiliser est sensiblement la même que les années précédentes et doit permettre à l'Assurance maladie de limiter la progression de ses dépenses à 2,3% en 2019, soit environ 200 milliards d'euros, conformément aux prévisions du gouvernement.

Moins de médicaments, plus de génériques

L'un des gros leviers d'économies concerne la "pertinence" des soins, avec un objectif d'économies relevé de 510 à 655 millions d'euros notamment sur le transport sanitaire (ambulances et taxis) et certains actes techniques (biologie et imagerie). En revanche, pour les médicaments et dispositifs médicaux, la cible est légèrement abaissée, de 750 à 725 millions d'euros et ce, malgré un nouveau "plan d'actions" visant les antidiabétiques et un recours accru aux génériques, insuffisamment diffusés en France, mais qui pourraient diminuer sérieusement la note.

Par ailleurs, la Cnam fait à nouveau pression pour faire baisser la durée des arrêts de travail en 2019. En un an, entre février 2017 et janvier 2018, les indemnités journalières en cas d'arrêt de travail ont augmenté de 5,2%.

1 million de séjours en ambulatoire de plus d'ici à 2022

Du côté des hôpitaux, l'objectif est aussi réduit, de 470 à 410 millions d'euros, en dépit d'une "accélération" de la chirurgie ambulatoire (des interventions qui évitent ou réduisent l'hospitalisation) et des retours "précoces" à domicile, après un accouchement ou une opération. En octobre dernier, la ministre de la Santé Agnès Buzyn avait fixé un nouvel objectif pour 2022 : 70% des actes de chirurgie devront être réalisés en ambulatoire (contre 54% actuellement). Cela nécessiterait le transfert d'un million de séjours hospitaliers vers l'ambulatoire.

Lutte contre la fraude et les abus

Une autre des pistes privilégiées par la Cnam est la lutte contre la fraude et les abus. Quelque 220 millions d'euros d'économies sont attendus, un montant modéré au regard des 270 millions récupérés en 2017.

Vers un seuil minimum de 150 opérations du cancer du sein par an et par établissement, au lieu de 30

La Cnam ouvre, par ailleurs, des pistes pour rémunérer les médecins libéraux et les établissements de santé en fonction de critères de qualité. Sur les antidépresseurs par exemple, l'Assurance maladie souhaiter pousser les médecins à mieux les prescrire : pour éviter les traitements inutiles, les praticiens recevraient une prime financière en fonction du nombre de patients respectant la durée recommandée de traitement, d'au moins six mois.

Aussi, pour le cas de la chirurgie du cancer du sein, la Cnam pourrait bien relever le seuil minimum pour obtenir une autorisation d'activité de 30 à 150 opérations par an et par établissement, quitte à la répartir entre plusieurs hôpitaux et cliniques. A l'appui de cette proposition, un constat : plus un établissement pratique cet acte, plus ses patientes voient augmenter leurs chances de survie.

Pour la chirurgie de l'ovaire, le seuil minimum pourrait être de 20 actes par an.

(avec AFP)