Commerce extérieur : faut-il redouter la taxe Trump ?

Par Fabien Piliu  |   |  500  mots
Le "America first" se précise. Donald Trump envisage de mettre en place une « border adjustement tax » de 20 % pour protéger son économie.
Le président américain envisage de mettre en place une « border adjustement tax » de 20 % pour protéger son économie. Quels sont les secteurs économiques qui pourraient être marqués par cette décision ?

Depuis 2003, la balance commerciale est dans le rouge. En 2016, le déficit commercial s'est élevé à 48,1 milliards d'euros, en dépit de la politique de l'offre menée par le gouvernement et d'une conjoncture favorable, symbolisée par la relative faiblesse des cours des matières premières, en particulier du pétrole, et du niveau de l'euro face au dollar.

Peut-elle se redresser au cours des prochaines années ? Il faudrait que cette politique de l'offre se poursuive, permettant ainsi d'améliorer à la fois la compétitivité prix et hors-prix du "made in France". Il faudrait également que les mesures protectionnistes ne se multiplient pas.

Or, Donald Trump, le président américain, n'est pas de cet avis. Pour protéger et relancer le "made in USA", celui-ci envisage sérieusement la création d'une « border adjustement tax » de 20 %. Le dossier est désormais entre les mains du Congrès.

Certains secteurs s'inquiètent

Plusieurs secteurs fortement exportateurs - il y en a peu - s'inquiètent. C'est le cas de l'aéronautique. Certes, Airbus est présent en Alabama, à Mobile. Mais pour assembler ses aéronefs aux Etats-Unis, le groupe doit importer des pièces qui n'y sont pas produites . Par ailleurs, tous les Airbus vendus à l'Oncle Sam ne sortent pas de l'usine de Mobile.

Pour le secteur du luxe, cette idée de taxe est également inquiétante. Parce que le savoir-faire des parfumeurs, des joailliers, des maroquiniers, entre autres artisans mondialement réputés ne peut s'exporter - seuls leurs produits le sont -, les entreprises du secteur pourraient être directement frappées par la taxe Trump. Même chose pour les vins et spiritueux, à moins d'arracher les ceps de vigne, de les replanter outre-Atlantique, de déplacer la terre bordelaise ou bourguignonne - pardon pour les autres - et de recréer le climat qui permettait jusqu'ici à nos vignes de s'épanouir.

Les Etats-Unis, le troisième partenaire de la France

Sur le plan macro-économique, les conséquences seraient aussi importantes. Certes, la France accuse un déficit commercial chronique avec les Etats-Unis. Il s'est élevé à 3,3 milliards d'euros en 2016, selon les Douanes. Néanmoins, un relèvement des taxes douanières serait une bien mauvaise nouvelle pour la balance commerciale, puisqu'il saperait les efforts consentis pour augmenter la compétitivité-prix des produits fabriqués en France. Rappelons que les Etats-Unis sont le troisième partenaire de la France, derrière l'Allemagne et l'Espagne, qu'ils talonnent.

Interrogé sur ce point lors de son point presse mensuel, mardi, Pierre Gattaz, le président du Medef, s'est dit inquiet. "Il faudrait réfléchir à une solution européenne si cette taxe devait voir le jour ", a-t-il déclaré. Il reste à savoir si les intérêts européens seraient convergents, auquel cas, l'Union européenne pourrait se défendre. Sinon, il y a fort à parier que chacun de ses membres tente de jouer sa propre partition et négocie seul des accords bilatéraux avec les Etats-Unis.