Conseil des ministres franco-allemand : Macron veut faire "bouger" l'Allemagne

Par latribune.fr  |   |  540  mots
Angela Merkel et Emmanuel Macron, lors du dernier Conseil européen, en juin dernier, avaient déjà évoqué la possibilité d'un changement de traité.
Le président de la République s'est exprimé dans une interview accordée au quotidien Ouest France ainsi qu'au groupe de journaux allemands Funke, à la veille du Conseil des ministres franco-allemand.

Pour corriger les "dysfonctionnements" de la zone euro et lui donner "le destin qu'elle mérite", l'Allemagne "doit bouger...comme la France doit bouger", a estimé Emmanuel Macron. Le président de la République s'est confié au quotidien régional Ouest France et au groupe de journaux allemands Funke, quelques heures à peine avant un Conseil des ministres franco-allemand. Il a notamment invité Berlin à "accompagner une relance de l'investissement public et privé en Europe".

Ce jeudi matin, l'Elysée accueille la chancelière allemande Angela Merkel pour le 19e Conseil des ministres du couple franco-germanique.

"L'Allemagne a formidablement réformé, elle dispose d'une économie solide, mais qui a des fragilités démographiques, des déséquilibres économiques et commerciaux avec ses voisins". D'où, selon lui "des responsabilités partagées pour donner à la zone euro le destin qu'elle mérite".

Plus de solidarité ?

Emmanuel Macron poursuit son analyse : "Une partie de la compétitivité allemande est due aux dysfonctionnements de la zone euro, à la faiblesse d'autres économies", estimant alors pourquoi les pays "déjà endettés se sont retrouvés plus endettés" et "ceux qui étaient compétitifs se sont retrouvés plus compétitifs".

Une fois ce constat tiré, le président de la République se prononce alors en faveur de "mécanismes de solidarité plus puissants pour l'avenir" qui passent, selon lui, par un "budget" de la zone euro, "un gouvernement qui décide de l'allocation de ce budget et un contrôle démocratique qui n'existe pas aujourd'hui".

Une place plus grande à l'allemand, dans l'éducation française

Emmanuel Macron est, d'autre part, également revenu sur la dimension éducative du couple franco-allemand promettant "d'améliorer la place de l'allemand dans (le) système éducatif" français. Il ambitionne avec la réouverture de 1.200 classes bi-langues dans les collèges :

"L'enseignement de l'allemand va atteindre un niveau qu'il n'a jamais connu (...) Pour l'automne, nous allons préparer (...) un Erasmus de la culture et de l'apprentissage".

Le président français évoque aussi un "fonds d'investissements d'un milliard d'euros" dans le numérique, des "appels à projets", avec les Allemands, pour attirer des chercheurs dans le cadre de l'initiative "Make our planet great again" et le "lancement d'un programme conjoint sur les nanotechnologies et les batteries".

De nouveaux traités ?

A l'issue de ce nouvel entretien franco-allemand, les deux pays doivent présenter une feuille de route pour la réforme de l'UE et de la zone euro mais la date reste à préciser.

Emmanuel Macron a d'ailleurs estimé, dans la même interview, que des changements des traités européens étaient nécessaires :

"L'Europe a été fondée sur une promesse de paix, de progrès, de prospérité. Il faut aujourd'hui un projet qui puisse renouer cette promesse (...) Il faudra à un moment des changements de traités, parce que cette Europe est incomplète ; la question n'est pas de savoir si ces changements seront nécessaires, mais quand et comment."

Lors d'une conférence de presse conjointe avec Angela Merkel, suite au dernier Conseil européen fin juin, le président français avait déjà déclaré qu'un changement de traité n'était ni un tabou ni une fin en soi.

(avec agences)