Crise de l'énergie : l'alerte des patrons pour une société plus sobre

Par latribune.fr  |   |  479  mots
(Crédits : Reuters)
"Passer d'une sobriété d'urgence à une sobriété organisée": 84 dirigeants d'entreprise, appartenant pour beaucoup à l'économie sociale et solidaire ou au milieu associatif veulent "parfois faire moins, pour toujours faire mieux", selon une tribune parue dans le Journal du Dimanche.

Alors que la perspective d'une coupure des livraisons de gaz russe s'accroît, la question de la réorganisation de nos sociétés et de nos économies à un monde où l'énergie va coûter plus cher et être plus rare préoccupe de plus en plus les chefs d'entreprise.

Dimanche dernier, les patrons des trois énergéticiens français TotalEnergies, EDF et Engie avaient appelé les Français à réduire immédiatement leur consommation de carburant, de pétrole, d'électricité et de gaz face au risque de pénurie menaçant "la cohésion sociale" l'hiver prochain. Cet appel s'adressait aux particuliers comme aux entreprises, mais restait limité à la consommation d'énergie. Il avait suscité un débat pour savoir si ce n'est plus de la responsabilité de l'Etat que de producteurs d'énergie de promouvoir ainsi la "chasse au gaspi", comme on l'avait appelé lors des deux chocs pétroliers des années 1970.

Dans une nouvelle tribune publiée à nouveau dans le JDD ce dimanche, destinée à toucher le plus large public, 84 dirigeants et dirigeantes d'entreprise, appartenant pour beaucoup à l'économie sociale et solidaire ou au milieu associatif, appellent à leur tour à économiser l'énergie, mais dans une perspective plus volontariste encore, pour "passer d'une sobriété d'urgence à une sobriété organisée". Il s'agit donc désormais de "parfois faire moins, pour toujours faire mieux".

Parmi les signataires figurent aussi quelques dirigeants de grosses structures comme Jean-Bernard Lévy d'EDF, Hélène Bernicot du Crédit Mutuel Arkéa et Pascal Demurger de l'assureur MAIF. "Une sobriété durable passera obligatoirement par un partage de la valeur équitable et par une intégration du temps long au sein de l'entreprise, et donc par des évolutions de gouvernance", affirme le texte.

L'appel des 84 dirigeants va plus loin que celle des énergéticiens en voulant intégrer au coeur de la stratégie des entreprises les "démarches d'économie circulaire, d'économie d'usage, de relocalisation, de régénération de la biodiversité, ou encore d'alignement des réductions carbone de l'entreprise avec l'accord de Paris" sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Selon les auteurs de la tribune, "la sobriété économique organisée est un moyen de ne pas faire peser le poids de la transition sur les plus démunis". Ils espèrent "faire évoluer notre modèle global de compétitivité" afin de "sortir enfin les entreprises d'une perpétuelle injonction contradictoire" entre objectifs financiers d'un côté, climatique et sociaux de l'autre.

Ils affirment enfin qu'ils proposeront ce "choix collectif" le 30 août lors "des Universités d'été de l'économie de demain" à Paris. Ce forum se tiendra séparément, mais concomitamment, de l'université d'été de la première organisation patronale française, le Medef, rebaptisée Rencontre des entrepreneurs de France (REF).