Croissance : certains ménages peuvent croiser les doigts

Par Fabien Piliu  |   |  656  mots
"Je ne ferai de baisse d'impôts pour l'année prochaine que si nous avons la certitude d'avoir une croissance supérieure encore à celle de cette année", a déclaré le chef de l'Etat.
Lors d'un entretien, le 14 juillet, François Hollande, le chef de l'Etat a promis de nouvelles baisses d'impôts pour certaines catégories de ménages... si le PIB progresse plus vite que prévu.

C'est une promesse sous conditions que François Hollande a formulé lors d'un entretien, le 14 juillet.

"Je ne ferai de baisse d'impôts pour l'année prochaine que si nous avons la certitude d'avoir une croissance supérieure encore à celle de cette année", a déclaré le chef de l'Etat.

Concrètement, pour que cette promesse se concrétise, il faudrait que progresse à un rythme de 1,7% l'année prochaine. Au moins. Pour l'instant, et c'est bien normal, le président de la République a indiqué qu'il n'y avait "pas de certitude" à ce stade sur ce point. On en saura plus en septembre. C'est en effet à cette date que sera présenté le projet de loi de finances 2017. Le gouvernement présentera alors sa prévision de croissance qui se situe pour l'instant, dans le cadre du pacte de stabilité, à 1,5 %.

Les conséquences du Brexit

Le chef de l'Etat a par ailleurs relevé l'incertitude liée à la sortie du Royaume-Uni de l'UE et ses conséquences sur le commerce extérieur tricolore. Rappelons que l'excédent commercial français avec le Royaume-Uni était de 12,1 milliards d'euros en 2015, un de plus qu'en 2014. Pour l'instant, la plupart des économistes tablent sur une perte globale de 0,1 à 0,2 point du PIB liée au Brexit.

"C'est vrai que ce que nous aurons pu faire pour régler la question du Brexit aura des conséquences sur l'économie française et donc sur la possibilité de distribuer sous forme de baisses d'impôts supplémentaires", a noté le chef de l'Etat.

Un scénario fragile mais envisageable

L'activité peut-elle progresser de 1,7% en 2017 ? En 2016, le PIB devrait augmenter de 1,6%, l'exécutif ayant révisé de 0,1 point sa prévision de croissance. La marche supplémentaire ne semble pas infranchissable. Entre 2015 et 2016, l'accélération du PIB serait de 0,4 point si le nouvel objectif du gouvernement est atteint.

Pour l'instant, les indicateurs sont plutôt dans le vert, même si la production industrielle a hoqueté ces derniers mois. La consommation des ménages est solide. Si l'inflation repart, la croissance pourrait même être plus vive, à condition que le renchérissement des prix de l'énergie ne bride pas trop la propension à consommer des ménages. L'investissement est également bien orienté, soutenu par la faiblesse des taux d'intérêts. Quant au commerce extérieur, il continue à retirer des points à la croissance, principalement parce que la France compte peu d'entreprises exportatrices : 120.000 environ, soit trois moins que l'Allemagne.

Un geste fiscal de plus

Cette annonce de François Hollande n'est pas vraiment une surprise. Le 17 mai, le chef de l'Etat avait déjà précisé son objectif d'une nouvelle baisse d'impôts pour les ménages, "à condition que nous ayons des marges de manœuvre". Une promesse qui n'a pas vraiment plu à Bercy. Le ministère des Finances a le nez sur les comptes publics et entend bien faire respecter les engagements de la France vis à vis de Bruxelles en matière de redressement des finances publiques. Paris a annoncé que son déficit public serait réduit à 3,3% du PIB à la fin de cette année et à 2,7% du PIB en 2017. Si la promesse de François Hollande devait se réaliser, ce serait le quatrième geste fiscal en faveur des ménages depuis le début du quinquennat, dont une dernière en 2016, pour un coût de deux milliards d'euros pour les finances publiques. " Une baisse d'impôts est bien prévue cet été et concerne 8 millions de ménages. Elle permettra 300 euros de baisse d'impôts pour un célibataire et 500 euros pour un ménage", a précisé François Hollande.

En se focalisant sur ce geste fiscal, le chef de l'Etat essaie-t-il de convaincre les électeurs de lui permettre de conserver le pouvoir en 2017 ?  Peut-être. Difficile de ne pas avoir cette arrière-pensée. Une baisse du nombre de demandeurs d'emplois serait assurément plus efficace.