Déficit public : « Nous n'augmenterons pas les impôts », répète Bruno Le Maire dans une tribune

Par latribune.fr  |   |  778  mots
Après l'annonce il y a quelques jours d'un dérapage du déficit public en 2023, la possibilité d'augmenter ou non les recettes via l'impôt divise la majorité présidentielle. (Crédits : STEPHANIE LECOCQ)
« Je refuse de céder à la facilité coutumière des temps difficiles », insiste Bruno Le Maire dans une tribune, arguant qu'il ne serait pas juste d'augmenter les impôts, y compris des plus riches.

« Nous n'augmenterons pas les impôts en France, pour une raison simple : ce serait contraire à notre intérêt national ». C'est, en substance, ce qu'a martelé mercredi soir le ministre de l'Économie, dans une tribune publiée dans le quotidien économique Les Echos.

Après l'annonce il y a quelques jours d'un dérapage du déficit public en 2023, la possibilité d'augmenter ou non les recettes via l'impôt divise la majorité présidentielle. La publication de cette tribune est pour Bruno Le Maire une nouvelle occasion de clarifier sa stratégie sur le sujet.

Ne pas « céder à la facilité »

Le ministre refuse ainsi le recours à toute « taxe exceptionnelle, surtaxe, taxe temporaire ou taxe de rendement », visant explicitement la taxe sur les superprofits défendue par une partie de l'opposition et de la majorité, sur laquelle le Premier ministre Gabriel Attal avait déclaré « ne pas avoir de dogme ».

« Je refuse de céder à la facilité coutumière des temps difficiles », insiste Bruno Le Maire, arguant qu'il ne serait pas juste d'augmenter les impôts, y compris des plus riches, « dans un pays où 10% des contribuables paient les trois quarts de l'impôt sur le revenu ».

Lire aussi« Peu ambitieux »,« hors de portée » : Fitch étrille les objectifs de réduction du déficit de la France

Toutefois, « nous sommes disposés à durcir la contribution sur la rente des énergéticiens, dont le rendement a été trop faible en 2023 », réaffirme le ministre. « Avec le Premier ministre, nous voulons lutter contre toutes les rentes », dit-il.

Le ministre de l'Economie se défend par ailleurs de protéger les plus fortunés, avançant avoir déjà « mis en place la taxe sur les géants du numérique, qui comptent parmi les entreprises les plus riches au monde », ainsi que « l'impôt minimum mondial, qui va permettre de taxer à 15% au moins les grandes multinationales. »

Dérapage du déficit public

Pour rappel, le déficit public français a atteint 5,5% du PIB en 2023, soit 15,8 milliards d'euros de plus que prévu, a annoncé l'Insee la semaine dernière. Un mauvais chiffre bien au-dessus des 4,9% escomptés par le gouvernement et lié à des recettes moindres que prévues. Malgré ce dérapage, la semaine dernière le ministre de l'Economie avait assuré de sa détermination « intacte » et « totale » à faire revenir le déficit public français sous les 3% en 2027, sans augmenter les impôts. Et des coupes budgétaires sont d'ores et déjà prévues : dix milliards d'euros d'économies ont déjà été actés pour 2024, et 20 milliards de coupes sont annoncés pour 2025.

Lire aussiDéficit public : face à la dérive des comptes, l'Élysée cherche des « bonnes idées »

 Au cœur de ce déficit en hausse, la question des recettes publiques, qui n'ont augmenté que de 2% en 2023 après 7,4% en 2022. Les seuls impôts (avant déduction des crédits d'impôt) ont même été « quasi à l'arrêt », selon l'Insee, augmentant de 0,3% après 7,9% en 2022. De quoi inciter certains, comme la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance), à prôner une augmentation des taxes sur les superprofits ou sur les super-dividendes. Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé mardi la mise en place d'un groupe de travail pour aboutir à des propositions « d'ici juin » pour taxer les « rentes ».

Les LR lancent une commission d'enquête sur la dette

De leur côté, les députés d'opposition issus du parti de droite Les Républicains vont lancer une commission d'enquête sur les raisons de la « très forte croissance de la dette sous la présidence d'Emmanuel Macron ». Cette enquête parlementaire portera aussi sur les conséquences de la croissance de la dette « sur le pouvoir d'achat des Français ».

« On a décidé d'utiliser notre droit de tirage », a confirmé mardi le président du groupe Olivier Marleix, ce qui permettra au groupe d'obtenir de facto la création de cette commission. Le député LR Philippe Juvin briguera la présidence de la commission, a-t-il ajouté. Les travaux de celle-ci pourraient commencer autour de « fin avril », « juste avant les décisions attendues d'agences de notation (Fitch et Moody's le 26 avril, ndlr) », glisse une source au sein du groupe LR.

Lire aussiBudget : Attal annonce une mission sur la taxation des rentes

« Il sera intéressant de savoir de quels conseils le gouvernement s'est entouré », a encore déclaré le député LR Olivier Marleix, sous-entendant que le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, et le Premier ministre Gabriel Attal, ancien ministre des Comptes publics, pourraient faire partie des personnes auditionnées.

(Avec AFP)