Démission, gilets jaunes, nucléaire : que retenir de l'Émission politique de Nicolas Hulot

Par latribune.fr  |   |  862  mots
(Crédits : FT)
Nicolas Hulot a défendu jeudi son combat au gouvernement et appelé l'exécutif à développer enfin un accompagnement social "digne de ce nom" à la transition écologique, dans sa première intervention médiatique depuis sa démission fracassante du ministère de la Transition écologique et solidaire il y a trois mois.

Nicolas Hulot ne "regrette pas" d'avoir démissionné de son poste de ministre de la Transition écologique, a-t-il assuré jeudi soir sur France 2 pendant L'Emission politique, pour son retour médiatique trois mois après son départ du gouvernement.

"Je n'ai pas regretté, d'autant que je crois que cette décision a été comprise et que j'ai le sentiment qu'elle a provoqué une forme de sursaut", a-t-il dit. "J'ai vu beaucoup d'initiatives, des gens dire 'on est là, on va prendre le relais'".

"Et puis il y a un certain nombre de messages qui sont sortis de ma bouche, en disant 'il faut acter que le problème c'est le modèle dominant'", a-t-il ajouté. Alors "non, aucun regret, mais une tristesse car j'avais beaucoup d'espoir dans cette diversité gouvernementale, je trouvais que c'était un gage de succès".

"Je n'avais peut-être pas suffisamment de distance et de détachement pour accepter qu'on y aille à petits pas", a poursuivi l'ex-ministre. Mais "ce qui m'intéresse ce n'est pas ce qu'on n'a pas fait hier, mais ce qu'on peut faire ensemble, aujourd'hui".

"Gilets jaunes", crise "inévitable"

La crise des "Gilets jaunes" était "évitable", a assuré jeudi soir Nicolas Hulot sur France 2, indiquant que le gouvernement n'avait pas "entendu" ses propositions pour un meilleur accompagnement social de la transition écologique.

"Je me suis battu, et notamment les semaines qui ont précédé mon départ, pour qu'on change complètement d'échelle dans l'accompagnement social de la transition énergétique et écologique, avec des propositions concrètes", a déclaré trois mois après sa démission l'ancien ministre de la Transition, plaidant pour un accompagnant social "digne de ce nom" de l'augmentation de la taxe carbone.

"Je n'ai pas été entendu. On m'a opposé des raisons budgétaires, j'en ai tiré les leçons", a ajouté un Nicolas Hulot qui semblait en colère sur le plateau de l'Emission politique.

"Je veux bien tout assumer, j'ai tenté, quand je n'ai pas convaincu j'en prends acte, mais j'aurais préféré effectivement ne pas avoir eu raison sur le risque d'emballement que l'on connaît", a ajouté l'ancien animateur télé, confronté à un représentant du mouvement des "Gilets jaunes" en duplex depuis Saint-Brieuc.

"La France se serait bien passée de cette confrontation qui oppose l'écologie au social, alors que ma volonté était de réconcilier écologie et social. On n'y est pas parvenu et cette crise était évitable", a insisté M. Hulot.

L'ancien ministre, qui soutient de longue date l'augmentation de la fiscalité écologique pour financer la transition écologique, a répété son soutien à l'augmentation de la taxe sur les carburants que dénoncent les "Gilets jaunes".

"Je l'ai défendue (la taxe carbone) et je l'assume. Mais je l'assume à partir du moment où on la met en oeuvre avec une dimension et un accompagnement dignes de ce nom. C'est ce qui a manqué, il faut le dire", a-t-il déclaré, espérant que le gouvernement allait le faire "maintenant".

"Fermer au moins six réacteurs d'ici 2028"

"Il faudrait fermer six réacteurs nucléaires d'ici 2028, en plus des deux de Fessenheim", a estimé Nicolas Hulot, alors que le gouvernement doit annoncer la feuille de route énergétique de la France pour les 10 ans à venir. Emmanuel Macron doit exposer mardi ses choix en matière d'énergie, notamment sur le nucléaire, en vue de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE).

"Attendons de voir", a t-dit Nicolas Hulot, pendant l'émission de France télévision. "Le 50% de nucléaire n'est pas remis en cause, et pour moi c'est un marqueur important".

La loi prévoit de ramener la part du nucléaire dans la production électrique à 50% (71% aujourd'hui), mais le gouvernement a fait passer fin 2017 l'échéance à 2030 ou 2035 au lieu de 2025 initialement.

"2035 c'est bien, à condition qu'on ait un calendrier, un échéancier, qu'on nomme les réacteurs".

"Qu'il y en ait au moins six d'ici 2028, plus Fessenheim, et qu'on ait fermé les 4 centrales à charbon".

Mais "si on le fait à la fin de la PPE ou dans les trois dernières années, comme certains le préconisent, je vous fiche mon billet qu'on ne le fera pas", a-t-il ajouté.

Le passage de 2025 à 2035, "je l'assume car on avait pris trop de retard, et sauf à se mettre dans des problèmes de sécurité d'approvisionnement, ce n'était pas jouable", a-t-il encore dit.

Le gouvernement planche sur trois scénarios, allant de 0 à 6 fermetures de réacteurs d'ici 2028 (en plus de deux à Fessenheim).

Mais "quel que soit le modèle, il y a une priorité", a ajouté l'ex-ministre de la Transition écologique: "Mettre le paquet sur l'efficacité énergétique, réduire notre consommation, parce c'est immédiatement des effets bénéfiques, sociaux et économiques, et là on n'est pas dans la trajectoire", a-t-il ajouté.

Suggérant des investissements hors critères de Maastricht de 1.000 milliards d'euros au niveau européen, il s'est offusqué que "pour sauver la planète on n'ose pas envisager ce qu'on a fait en 2008 pour sauver les banques."

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POUR REVOIR LE REPLAY DE L'EMISSION POLITIQUE AVEC NICOLAT HULOT

(avec agences)