Démission "surprise" de Nicolas Hulot : et maintenant les réactions

Par latribune.fr  |   |  1260  mots
(Crédits : Stephane Mahe)
Faute d'avancées environnementales suffisantes à ses yeux, Nicolas Hulot, désormais ex-ministre de la Transition écologique et solidaire, a annoncé sur l'antenne de France Inter ce 28 août qu'il quittait le gouvernement. Voici les principales réactions à cette annonce.

L'Elysée salue "avec fierté" le bilan de Hulot

Le chef de l'Etat, qui entame ce mardi une tournée en Europe du Nord, "n'a pas eu d'échange" avec Nicolas Hulot depuis la réunion de lundi soir consacrée à la réforme de la chasse, a précisé l'Elysée. Dans l'entourage d'Emmanuel Macron, on estime que le ministre démissionnaire peut être "fier de [son] bilan". Pèle-mêle, la présidence cite le retrait programmé des centrales à charbon ou de la centrale nucléaire de Fessenheim, l'arrêt du projet controversé d'aéroport de Notre-Dame des Landes, le dossier du glyphosate ou la promotion de l'alimentation bio.

La tâche de ministres, notamment issus de la société civile, est à la fois exaltante mais c'est aussi une tâche qui est très frustrante. Parfois, le temps politique, le temps administratif, n'est pas forcément celui qu'on souhaiterait avoir quand on est dans le bouillonnement de l'engagement.  On comprend parfaitement qu'il puisse y avoir une forme de frustration, voire d'épuisement, ce qui n'enlève rien à la qualité du travail qui a été accompli à la tête de ce gouvernement et à l'engagement sans failles qu'on salue sur les questions environnementales et qui s'est d'ailleurs traduit par un bilan de qualité au gouvernement".

Sur l'antenne de RMC, Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement, parle d'une décision qui "manque de courtoisie".

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Des propositions "dans les prochains jours" en vue d'un remaniement

En fin de matinée, c'est le Premier ministre lui-même qui a pris la parole lors de la conférence des ambassadeurs à Paris. En vue d'un remaniement, des suggestions seront faites "dans les jours qui viennent" sur la composition du gouvernement - la transition serait ainsi assurée, pour le moment, par les secrétaires d'Etat.

"J'ai aimé travailler avec lui, faire en sorte de pouvoir mettre en oeuvre les engagements du président de la République, sur le plan climat, sur le plan biodiversité, sur les conditions de sortie de l'utilisation du glyphosate dans l'agriculture française. (...) La détermination du gouvernement est totale à poursuivre sur ce chemin, à prendre en compte cette transition écologique, cette transformation climatique..."

A droite, Juppé "impressionné", Wauquiez souligne les "ambiguïtés" de Macron

Les réactions ne se sont pas faites attendre dans la sphère politique. La droite, d'abord. Le maire de Bordeaux Alain Juppé a très vite réagi sur Twitter à la démission de l'ex-ministre de l'Environnement. Il s'est déclaré "impressionné par sa hauteur de vue et la noblesse de sa démarche" et espère, par ailleurs, que cette démission servira d'électrochoc pour inciter chacun "à réfléchir et à changer" quant aux enjeux de l'environnement. Plus incisif, Laurent Wauquiez, le président du parti Les Républicains, dénonce quant à lui "les ambiguïtés des politiques de Macron".

"Je pense que cette démission est le reflet d'une rentrée très difficile pour Emmanuel Macron (...) Je peux comprendre qu'il se sente trahi, comme aujourd'hui pas mal de Français, par des promesses fortes qui avaient été faites et le sentiment qu'à l'arrivée elles ne sont pas tenues."

La présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse questionne :

"Est-ce la fin des ambitions écologiques du gouvernement? "

Yannick Jadot (EELV) : "Ce n'est pas son échec, c'est l'échec du gouvernement"

Pour l'eurodéputé et tête de liste des écologistes pour les Européennes Yannick Jadot, démissionner du gouvernement était "la seule décision possible" pour Nicolas Hulot. En novembre dernier, il qualifiait son "ami" de "porte-voix des lobbies" en repoussant la baisse à 50% du nucléaire à "2030 ou 2035".

"La voix de Macron sur l'écologie était EDF et Stéphane Travert, le départ de Nicolas Hulot est la conséquence de l'absence de politique écologique de ce gouvernement. Nicolas Hulot essayait de convaincre mais n'était pas entendu, il refuse de servir de caution et il a raison (...) La démission de Nicolas Hulot, c'est la défaite du gouvernement sur l'écologie", a-t-il indiqué sur Twitter ce 28 août.

La démission de Hulot, symbole d'un "gâchis" pour les ONG

L'entrée de Nicolas Hulot au gouvernement avait suscité un espoir chez les défenseurs de l'environnement. Un an plus tard, les ONG font unanimement état d'un "gâchis" en matière environnementale. Corinne Lepage d'abord, soutient distancié d'Emmanuel Macron pendant la campagne électorale et ancienne ministre de l'Environnement de 1995 à 1997 sous le gouvernement Juppé. Sur Twitter, elle déclare ce 28 août :

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La décision de diviser par deux le prix du permis de la chasse aurait précipité la décision du ministre de quitter le gouvernement - un sujet qui avait, par ailleurs, donné lieu à des échanges peu amènes avec Brigitte Bardot, fondatrice de l'association éponyme d'aide à la protection des animaux, qui l'avait qualifié de "trouillard" sur ce dossier. Cette dernière a aussi réagit sur les réseaux sociaux :

"Démission de Nicolas Hulot : constat d'échec sur toute la ligne, terrible gâchis qui envoie un signal inquiétant sur la politique défendue par le gouvernement aux bottes des lobbies pro chasse, pro agrochimie et contre toute forme d'évolution positive de la condition animale en France".

Le président de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) Allain Bougrain-Dubourg, quant à lui, se dit "pas surpris" par la décision de Hulot :

"Je ne suis pas surpris (par la démission de Nicolas Hulot), pour tout vous dire on s'était entretenu hier. Ce matin on a le sentiment d'être un peu orphelins. Soit le président entend le message de Nicolas Hulot, soit il persiste, et c'est très inquiétant. Rien n'a changé depuis 40 ans et le livre écrit par Robert Poujade (premier ministre de l'environnement en France) qui s'appelait "Le ministère de l'impossible". La boucle est bouclée..."

A gauche, on espère bien, sans le dire, capitaliser sur "cette trahison"

Le chef de file du Parti socialiste Olivier Faurea (aussi) réagi sur Twitter en évoquant l'histoire d'une "trahison". Et de reprendre le flambeau au nom de la gauche : "à la gauche de relever le drapeau d'un nouveau modèle de développement".

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Même son de cloche du côté des Insoumis. Jean-Luc Mélanchon a déclaré que la démission de Nicolas Hulot fonctionnait comme "un vote de censure contre Macron".

"La démission de Nicolas Hulot fonctionne comme un vote de censure contre Macron. Il confirme le diagnostic de mon discours de samedi. La macronie commence sa décomposition"

(avec agences)