Les pénuries de carburant s’étendent alors les grèves se poursuivent dans les raffineries

Par latribune.fr  |   |  738  mots
Le gouvernement a pris des mesures pour faciliter l’approvisionnement des stations-service en carburant. (Crédits : Reuters)
D’après le gouvernement, 20% des stations-services de l’Hexagone manquent d’essence. La situation ne devrait pas s'améliorer dans la mesure où les grèves durent dans les raffineries. Ce vendredi, Emmanuel Macron a appelé les automobilistes à éviter des « comportements de panique ».

La situation se dégrade. D'après le gouvernement, les pénuries au moins ponctuelles d'essence, qui avaient débuté dans les Hauts-de-France et dans le Nord, se sont étendues ces derniers jours. Elles concerneraient désormais quelque 20% des stations-service au niveau national. De quoi pousser Emmanuel Macron, qui s'est exprimé vendredi lors d'une conférence de presse au terme du sommet européen de Prague, à lancer un « appel au calme »« Je sais aujourd'hui l'inquiétude qu'il y a chez beaucoup de nos compatriotes, en particulier en Ile-de-France et dans les Hauts-de-France, pour ce qui concerne leur capacité à faire le plein d'essence », a affirmé le chef de l'Etat, soucieux d'éviter des « comportements de panique ».

Alors que des grèves ont provoqué chez les groupes pétroliers, en particulier chez TotalEnergies, de graves problèmes d'approvisionnement en carburant, Emmanuel Macron a appelé ces acteurs et leurs syndicats à faire preuve de « responsabilité »« Toutes les revendications salariales sont légitimes, mais il ne faut pas qu'elles empêchent les uns et les autres de vivre et de pouvoir circuler », a insisté le chef de l'Etat. Un peu plus tôt, c'est la Première ministre, Elisabeth Borne, qui s'était fendue d'un message similaire. D'après elle, il est impératif que les négociations salariales aboutissent au plus vite.

« Rien ne sort »

Problème : le conflit social est parti pour durer. Les mouvements de grève qui touchent plusieurs raffineries et dépôts de carburants français ont été reconduits samedi chez TotalEnergies et ExxonMobil, selon la CGT. Trois des six raffineries françaises étaient toujours à l'arrêt, selon la CGT: la plus grande raffinerie de TotalEnergies, en Normandie, ainsi que les deux raffineries françaises de l'américain Esso-ExxonMobil. « On est à environ 70% de grévistes », a précisé Christophe Aubert, élu CGT chez ExxonMobil, « ce sont les mêmes effectifs tout le week-end, donc ça ne devrait pas bouger et, là, rien ne sort ».

Par ailleurs, à la raffinerie TotalEnergies de Feyzin (Rhône), « il y avait 100% de grévistes au service expédition à la relève de 6h00 », a déclaré à l'AFP Pedro Afonso, élu CGT. « D'habitude, il y a 250 à 300 camions par jour et entre 30 et 50 wagons. Là il n'y a rien qui va sortir », a-t-il ajouté, même si la raffinerie continue de produire. Chez l'énergéticien français, outre sa raffinerie de Normandie, les grévistes étaient massivement mobilisés ces derniers jours au dépôt de carburants de Flandres, près de Dunkerque (Nord), à la « bio-raffinerie » de La Mède (Bouches-du-Rhône) et au dépôt de carburants de Grandpuits (Seine-et-Marne) notamment, pour limiter au maximum la sortie de produits pétroliers, selon la CGT. Le dépôt de carburant de Grandpuits n'est toutefois pas en activité le week-end, selon TotalEnergies.

Faciliter l'approvisionnement des stations-service

En attendant, le gouvernement a tout de même pris des mesures pour faciliter l'approvisionnement des stations-service en carburant. Deux arrêtés autorisant exceptionnellement le transport d'hydrocarbures ce week-end et lundi, et allégeant temporairement les contraintes en matière de temps de conduite pour les routiers de ce secteur, ont été publiés ce samedi au Journal Officiel. Au vu des « tensions sur l'approvisionnement en carburants constatées sur le territoire national », les interdictions de circulation des véhicules de transport de plus de 7,5 tonnes prévues par un précédent arrêté d'avril 2021 ont été levées pour les 8, 9 et 10 octobre 2022, pour « les véhicules de transport de produits hydrocarbures, à l'exception du butane, du propane et des gaz à usages industriels ». En outre, « le retour à vide des véhicules mentionnés » est « autorisé pour ces jours de levée d'interdiction sur le territoire national ».

Le second arrêté prévoit des « dérogations temporaires » au « dépassement de la durée maximale de conduite journalière dans la limite d'une heure » et au « dépassement de la durée maximale de conduite hebdomadaire dans la limite de quatre heures » pour le transport de carburant. Ce, jusqu'au vendredi 14 octobre inclus. Pour rassurer les Français et les automobilistes, le ministère de la Transition écologique a rappelé, vendredi soir, que la France disposait toujours de « 90 jours de consommation en stocks stratégiques sur tout son territoire ». D'après le ministère, « les perspectives d'approvisionnement pour les semaines et mois à venir permettent d'écarter tout risque de pénurie durable ».

(avec AFP et Reuters)