Emmanuel Macron convoque Elisabeth Borne à la veille d'une journée de mobilisation à haut risque

Par latribune.fr  |   |  842  mots
Elisabeth Borne et Emmanuel Macron (Crédits : Reuters)
Emmanuel Macron recevra lundi midi Elisabeth Borne et les principaux cadres de sa majorité pour une réunion à la veille de la dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, a annoncé dimanche l'Elysée confirmant une information de BFMTV.

Réunion au sommet de l'Etat ce lundi à la veille de la dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites mardi 28 mars. Alors que l'opinion publique est encore sonnée par la violence qui a terni le regain de mobilisation contre la réforme des retraites jeudi dernier et par celle qui s'est exprimée samedi autour des bassines de Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres, Emmanuel Macron s'entretiendra ce lundi à midi avec Elisabeth Borne avant d'être rejoints à 13h15 par les patrons de groupes parlementaires, chefs de partis et les principaux cadres de sa majorité. Une réunion qui intervient alors que le chef de l'Etat a notamment chargé la Première ministre d'«élargir » la majorité et de travailler au réagencement de l'agenda parlementaire dans les prochaines semaines. Mais aussi au moment où le gouvernement et syndicats mettent en garde contre un risque de « chaos », avant cette journée d'actions à haut risque.

Encore samedi, la contestation de la réforme des retraites n'était pas éteinte dans plusieurs villes françaises, avec des cortèges rassemblant quelques centaines de personnes, et des dégradations de mobilier urbain et des jets de projectiles sur les forces de l'ordre comme ce fut le cas à Rennes.

Rebond de la mobilisation

La journée de mardi s'annonce tendue. Celle de jeudi dernier a constitué une sorte de point d'orgue d'une semaine d'échauffourées quotidiennes, depuis le recours du gouvernement au 49.3 pour faire adopter sa réforme des retraites, avec un rebond de la mobilisation, avec entre 1,09 million (Beauvau) et 3,5 millions (CGT) de participants. Succès terni par les accusations de violences, qui visent également les forces de l'ordre.

« Je ne crois pas que ceux qui aujourd'hui tirent au mortier, tentent d'incendier » des bâtiments publics, « ont pour principal motivation la réforme des retraites », a déclaré dimanche Olivier Dussopt lors de l'émission politique de France Inter/France Télévisions et Le Monde. « Ils ont une volonté de désordre. »

« Ceux qui protestent sont en colère, il nous faut les entendre », dit le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, dans le Journal du dimanche. Rien à voir avec « les factieux qui viennent pour semer le chaos dans le pays ».

« Absurde de faire sombrer la France pour si peu »

Argument renvoyé par Laurent Berger, qui rappelle que la réforme des retraites vise à générer « à peine 10 milliards d'euros d'économies » - avec le report de l'âge légal de 62 à 64 ans - et juge « proprement absurde de risquer de faire sombrer la France dans le chaos pour si peu ».

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Dans un entretien à la revue Le Grand Continent, le leader de la CFDT, esquisse une porte de sortie en suggérant que les syndicats demandent « non pas le retrait de la loi, mais sa suspension », ce qui donnerait selon lui le temps « de trouver un compromis social plus intelligent ». Sans se faire d'illusion toutefois puisque Emmanuel Macron a indiqué vendredi « attendre la décision du Conseil constitutionnel » sur la réforme des retraites - d'ici trois semaines - tout en se disant « à la disposition » des syndicats « pour avancer tout de suite » sur d'autres sujets comme les salaires et les conditions de travail.

« Une demande de justice »

 Une façon de répondre aux « colères » qui « dépassent largement la réforme des retraites », a expliqué samedi la Première ministre, Elisabeth Borne, voyant dans le mouvement social en cours depuis deux mois une « demande de justice ».

Dans la même veine, la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a plaidé pour une reprise au « plus tôt » des négociations avec les syndicats, sur les sujets de reconversion ou de pénibilité du travail, déplorant de ne pas avoir réussi à « créer un consensus large » sur la réforme des retraites.

« On a besoin de mettre beaucoup de sujets sur la table, qui sont des sujets qui nous ont finalement sauté au visage pendant cette réforme des retraites. Et il ne faut pas attendre pour discuter de pénibilité, de reconversion », a-t-elle estimé au Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI.

Faut-il attendre la décision d'ici trois semaines du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites pour renouer le dialogue ? « Le plus tôt sera le mieux », a déclaré la présidente (Renaissance) de l'Assemblée, soulignant qu'il ne fallait pas mettre « des préalables ou des conditions à la discussion ».

« Mais moi je suis convaincue que nous devions faire cette réforme et qu'il s'agissait d'un acte de responsabilité et également un acte qui nous permettait de remplir la promesse vis-à-vis de nos compatriotes lorsque nous avons été élus », a-t-elle poursuivi.

L'élue des Yvelines s'est dite par ailleurs « très frappée par notre incapacité » en France « à aboutir à des consensus ». « Je crois qu'il faut tous que nous nous interrogions sur notre capacité, ou plutôt parfois notre incapacité, à mener de grandes réformes », a-t-elle insisté.

(avec AFP)