Entre Emmanuel Macron et les syndicats, l'impossible réconciliation

Après le 49.3 et le rejet des motions de censure, et avant la mobilisation syndicale prévue ce jeudi, Emmanuel Macron s'est exprimé dans le cadre d'une interview sur les chaînes de télévision à 13 heures, ce mercredi 22 mars. L'occasion pour le président de réaffirmer son intention d'appliquer la réforme des retraites qui décale l'âge de départ de 62 à 64 ans dans le privé. Il a fustigé les syndicats incapables de faire, selon lui, une contre-proposition construite. De quoi faire monter encore la colère chez les opposants à la réforme, notamment Laurent Berger à la CDFT ...
Fanny Guinochet
(Crédits : POOL)

Si Emmanuel Macron voulait apaiser les syndicats, qui depuis plus de deux mois, cherchent par tous les moyens à exprimer leur opposition à son projet de réforme des retraites, c'est raté. Loin de répondre à leur demande de retirer son texte, le président de la République a, au contraire réaffirmé, son intention d'appliquer sa réforme d'ici à la fin de l'année. Assumant l'impopularité que cette décision entraîne.

Dans les rangs syndicaux, les réactions ne se sont pas faites attendre. La CGT a qualifié cette intervention de « lunaire », remplie « de mépris ». A quelques jours de son congrès, durant lequel il passera la main, Philippe Martinez a évoqué « un foutage de gueule ». Idem du côté des cadres de la CFE-CGC. Quant à la CFDT, elle a publié un communiqué intitulé « Zéro réponse ».

Et, sans surprise, l'intersyndicale a renouvelé son appel ce jeudi à une neuvième journée d'action. Raffineries, écoles, transports, services publics... les perturbations promettent d'être encore nombreuses.

Des critiques qui ne passent pas

Sur de nombreux points, l'intervention d'Emmanuel Macron a fait monter d'un cran la détermination de ses opposants. Non seulement parce que sur le fond, ils ne veulent pas du recul de l'âge légal de 62 à 64 ans, mais aussi parce que les mots, et la façon dont Emmanuel Macron s'est adressé à eux, les a braqués.

Ainsi, le président a-t-il exprimé son regret « qu'aucune force syndicale n'ait proposé un compromis. Là, où historiquement, les forces syndicales proposaient des compromis ... ne faites pas 65 ans, 64 ans, 63 ans et demi, augmentez la durée... là, on nous a dit 'aucune réforme' ». De quoi mettre le feu aux poudres chez les centrales qui, certes, ont rejeté toute mesure d'âge mais, dont certaines, ont proposé pour équilibrer les comptes, des hausses de cotisations patronales, des taxations ...

La plupart ont eu l'impression, pendant les concertations, d'avancer des idées qui à chaque fois étaient balayées d'un revers de main. Ainsi, Pascale Coton vice-présidente de la CFTC, qui rappelle des suggestions faites autour de la pénibilité, etc : « Nous avons, comme d'autres, proposé mais on ne voulait pas nous entendre, c'est ahurissant ».

Emmanuel Macron n'a pas eu ces mots à la va vite. C'était en creux une façon, pour le président de souligner que le plus petit déterminateur commun de l'union syndicale est le recul de l'âge.

Mais dans son interview, Emmanuel Macron a surtout pointé la CFDT, qui a pris le leadership de la contestation. Si la centrale réformiste s'est sentie, à juste titre visée, c'est parce qu'elle a accompagné des réformes des retraites. Ce fut notamment le cas en 2003, ce qui a laissé des traces douloureuses dans les rangs de l'organisation de Belleville. A cette occasion, elle a perdu de nombreux adhérents. De fait, cette allusion historique ne pouvait que raviver la colère de ses adhérents, et notamment, le secrétaire général Laurent Berger. Et cela n'a pas manqué.

Un point de non-retour entre Laurent Berger et Emmanuel Macron

En effet, le leader de la CFDT, n'a pas attendu la fin de l'interview pour répliquer par un tweet au vitriol, dans lequel il a dénoncé à la fois « le déni et le mensonge » du chef de l'Etat. Une réponse écrite avec une célérité et une virulence rare chez celui qui veille à faire preuve de nuance.

Mais, cette fois, s'en est trop pour le successeur de François Chérèque. Il ne peut supporter, selon lui, de voir le locataire de l'Elysée « refaire l'histoire et mentir sur la CFDT, « dans le but de masquer son incapacité à trouver une majorité pour voter sa réforme injuste ».

Et Laurent Berger de rappeler que son organisation soutenait, par exemple, la réforme, qui visait à transformer le régime de retraite actuel en un système universel par points. Proposition reprise d'ailleurs par Emmanuel Macron en 2017, mais abandonnée en 2020, juste avant le covid. Le président s'en est d'ailleurs justifié au cours de cette interview : la situation de 2022 n'était pas celle de 2017.

Si les relations entre Laurent Berger et Emmanuel Macron sont glaciales depuis longue date, ce mercredi 22 mars, elles ont pris une autre tournure. En effet, elles marquent un point de non-retour. Jusqu'alors tue, leur animosité personnelle a éclaté au grand jour par médias interposés.

Des discussions autour de la future loi Travail compliquées

De quoi compromettre encore la sortie de crise, alors que le président de la République propose de discuter collectivement du travail. Le sujet est cher à Laurent Berger, qui n'a eu de cesse, pendant ce conflit de dénoncer les injustices de la réforme au regard de celles accumulées au long des carrières.

Mais, comment renouer le dialogue et être capable d'échanger sereinement ? Emmanuel Macron a, à plusieurs reprises, glissé qu'il faudrait du temps. Mais cela suffira-t-il ?

A la tête de la CFTC, Cyril Chabanier résume : «  On attendait une séance d'autocritique et de remise en cause de la méthode, on a eu droit à un satisfecit agrémenté de critiques à l'endroit des syndicats, et de tous ceux qui sont contre la réforme. Le président semble vouloir se projeter vite vers l'après et les prochaines réformes et négociations. Mais comment ? Comment passer à de futures discussions avec une confiance à ce point altérée ? »

Fanny Guinochet
Commentaires 29
à écrit le 24/03/2023 à 12:58
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reforme la remuneration des petit revenue du travail des salaries c'est facile mais reformer l'etat il a la trouille s'en prendre a ces semblables la le degonfle lui qui est incapables de defendre son pays lui aux ordre de bruxelles

à écrit le 24/03/2023 à 11:24
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L'état préfère grappiller des années de vie aux salariés au lieu de prélever un pouillème des gains des spéculateurs qui partent en parties à l'étranger pour financer des monarchies ou dictatures. Un prélèvement équitable aurait put être un gage de "...

à écrit le 23/03/2023 à 18:14
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qu'attend Macron pour tout arreter d'avoir des blesses c'est deja fait meme chez les forces de l'ordre ou pire des deces et tout lui retombera dessus ce n'est plus du maintient de l'ordre c'est de la guerre civile c'est plus que grave on peu se dema...

à écrit le 23/03/2023 à 15:56
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Macron sert un empire fou et pas la France. Régis de Castelnau "'Au spectacle de la chute de cet empire romain devenu fou, comment ne pas penser à la prospérité du rasoir d’Hanlon : « Ne jamais attribuer à la malveillance ce que la bêtise suf...

à écrit le 23/03/2023 à 12:57
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IL y a en France beaucoup de personnes qui ne travaillent jamais ! et qui sont pourtant immensément riches ! ce sont les rentiers ! Pourquoi l'Etat ne les obligent à travailler ?

le 23/03/2023 à 16:47
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Vous voulez que le président se mette au travail? Il a pas décidé de le faire, juste d'imposer aux autres ce que lui même n'a jamais fait et ne connait pas.

à écrit le 23/03/2023 à 11:26
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McKron, fils de McKinsey, et Diplomatie, c'est vraiment deux mondes ! A quand la guerre ouverte ?

à écrit le 23/03/2023 à 11:15
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MACRON : "sacré menteur" OUI au moins à la fois sur SES DIRES avec Laurent BERGER, mais surtout "mes prédécesseurs ont mis la poussière sous le tapis": NON: réforme Ba:ladur en 2003, SARKOZY en 2010 et TOURAINE en 2014. Mais MOI JE....c'est tout le ...

le 23/03/2023 à 12:42
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lu quotidien var matin ! un gouvernement à moitié composé,? ou en voie d être décomposé !

le 23/03/2023 à 16:30
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oui le president ment pour faire passé mais il a eu le coup de main des ciotistes pour faire passer sa reforme. Si ils avaient voté la motion on en serait pas là donc ou sont les responables de toutes cette colere et de cet immense gachi.....RIP ...

à écrit le 23/03/2023 à 10:06
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Les jeunes dans la rue ,presque ,pendant ce temps ,les futurs managers s'amusent à fontainebleau : « Des orgies de 200 personnes » : à Fontainebleau, les fêtes des étudiants en management dans le collimateur.Le mois de mars sonne le départ des soi...

à écrit le 23/03/2023 à 10:02
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F Asselineau ce jour "LA COUR DES COMPTES REJOINT LA GRÈVE ! La gardienne du temple des finances publiques adresse ainsi un sacré bras d'honneur au Mozart de la Finance et à tous les macronards qui affirment que la réforme des retraites serait un...

à écrit le 23/03/2023 à 9:31
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Il est impossible et inutile de reconcilier Macron qui ne sera plus la dès 2027. La seule façon de reconcilier la France avec les syndicats est de mettre fin au financement public des organisations syndicales. En vivant des seules cotisations de leur...

à écrit le 23/03/2023 à 9:29
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Très bonne analyse du Courrier des Straèges ce matin, à lire ici en mettant la main au portefeuille, "Des retraites à la FED : la caste joue-t-elle la stratégie du chaos ?" L' hypothèse la plus probable est que macron le mondialiste ...

à écrit le 23/03/2023 à 9:18
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Maintenant qu’Emmanuel Macron semble être décidé à ne plus gouverner qu’avec des ordonnances et des 49.3, c’est-à-dire de manière autoritaire, après avoir exclus une éventuelle altération de ses facultés mentales qui pourrait être considérée comme ét...

à écrit le 23/03/2023 à 9:00
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un gosse de riches qui ne connaît pas les difficultés du peuple, entouré d'autres gosses de riches, un capricieux égocentrique, arrogant, convaincu d'être supérieur..... Un pervers narcissique à la tête de l'Etat qui souffle le chaud et le froid, qu...

à écrit le 23/03/2023 à 8:58
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McKron confond sciemment les "conséquences" pour des "causes", et vice versa, pour tromper son public ! Du coup, on ne comprend toujours pas ce qu'il a voulu dire et ne change que les termes de ses phrases en employant toujours la même méthode ! ;-)

à écrit le 23/03/2023 à 8:17
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pourquoi se cacher au journal de 13 heures pour raconter ses histoires ? alors que d'habtude c'est a 20 h c'est un manque de franchise manifeste comme d'habitude tout cela ressemble bien a un type narcissique resultat il va nous foutre un ...

le 23/03/2023 à 11:04
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Que ce soit 13h ou 20h pourquoi l'avoir écouter alors qu'avec franchise il avait annoncer la veille qu'il ne ferait rien? Faut être maso.

à écrit le 23/03/2023 à 7:46
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Il ne peut vivre et même exister sans être clivant Il y a chez lui une forme de jouissance a casser les corps intermédiaires . Son ego démesuré lui impose de rabaisser les gens. Son ego lui chante qu'il au dessus des mortels on retrouve jupiter Mais ...

le 23/03/2023 à 11:06
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Vous avez raison, le problème c'est lui. Mais quelle opposition?

à écrit le 23/03/2023 à 7:36
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Mon point de vue est que les français, bien entendu, sont contre travailler 2 ans de plus, deux ans de moins, ils auraient et pour ( d'ou l'imbécilité des "sondages"). Cependant, quoique qu'opposés au texte il savent bien dans leur fort intérieur qu'...

à écrit le 23/03/2023 à 7:35
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Mon point de vue est que les français, bien entendu, sont contre travailler 2 ans de plus, deux ans de moins, ils auraient et pour ( d'ou l'imbécilité des "sondages"). Cependant, quoique qu'opposés au texte il savent bien dans leur fort intérieur qu'...

à écrit le 22/03/2023 à 23:26
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Macron finira comme Louis XVI et Nicolas II, c'est certain. Il ne vivra même pas assez longtemps pour retourner chez Rothschild ou aller travailler chez ses amis de Black Rock, Amazon, Google, Facebook, Microsoft, ou Apple.

le 23/03/2023 à 7:49
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mais quand vas t'il arreter d'insulter les francais les considérer come des feneants m macron les excedents de richesse produits par les francais vous les distribuer dans le monde entier sous forme assistanat social il est grand temps de penser a...

à écrit le 22/03/2023 à 23:23
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Les syndicats n ont qu à pratiquer la politique de la chaise vide et amalgamer toutes les oppositions a Macron jusqu à la fin de son mandat . De toute façon s ils reprennent langues avec lui ils se discréditeront auprès des sympathisants et de la pop...

le 22/03/2023 à 23:57
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Il est clair que les français ne veulent plus du clown et des ses "réformes" et il faut laisser la colère du peuple aille jusqu’au bout , il faut changement radical du logiciel politique français. Maintenant. Sa Majesté Macron recevait ...

à écrit le 22/03/2023 à 20:12
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Allons, allons : ils finiront bien par se reparler un jour. Ce sont des adultes responsables. Et si les syndicats croyaient que E. Macron allait se dégonfler, ils se sont mis le doigt dans l'oeil. On comprend que ça énerve d'avoir tort, mais c'est ...

le 22/03/2023 à 21:47
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C'est peu probable car il faudrait probablement que Macron propose une réforme plus équilibrée, ce qui supposerait inévitablement de demander des efforts à son propre électorat de vieux soixante-huitards appelant à réprimer les grévistes une fois arr...

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