Face à l'inflation, certains salariés n'ont d'autre choix que de se serrer la ceinture

Par latribune.fr  |   |  826  mots
65% des jeunes salariés (18-34 ans) aimeraient davantage télétravailler pour réduire leurs dépenses. Mais tous ne peuvent pas le faire. (Crédits : FABIAN BIMMER)
La hausse des prix frappe de plein fouet le budget des salariés français qui cherchent des moyens pour en atténuer les effets. Ainsi, les jeunes salariés cherchent à réduire leurs frais sur les repas du midi, d'après un sondage réalisé fin août. Le choc est tel que quatre salariés sur dix aimeraient travailler plus pour gagner plus et ainsi compenser la hausse du coût de la vie.

La hausse des prix est devenue une réalité face à laquelle les salariés français sont désormais confrontés au quotidien. Alors que le président Macron s'est déjà prononcé contre une indexation généralisée des salaires sur l'inflation, la France reste en proie à des mouvements de grèves pour exiger des employeurs une hausse des rémunérations. En cette rentrée, ceux-ci ont déjà paralysé les raffineries de pétrole, les centrales nucléaires mais aussi les transports (SNCF, RATP).

« Les augmentations de salaires, ce n'est pas l'Etat qui les décide (...) Nous ne sommes pas une économie administrée, et donc moi, je suis pour qu'il y ait dans les entreprises une négociation sociale », a affirmé le chef de l'Etat le 26 octobre.

Un avis partagé par une large partie des salariés français. Ils sont en effet 80% à estimer « qu'il est de la responsabilité des employeurs de les aider à faire face à l'inflation », selon une enquête menée auprès de 1.032 salariés par l'éditeur de solutions RH SD Worx avec Opinion Way. Dans le même temps, ils sont près de neuf salariés sur dix à ressentir de plus en plus le poids de l'inflation au quotidien, selon ce questionnaire réalisé à la fin août.

Or, en août 2022, les prix à la consommation étaient en progression de 5,8%, selon l'Insee. Un rythme qui ne s'est pas tassé depuis, bien au contraire. En octobre, l'inflation harmonisée a atteint +7,1 % en France en octobre (en glissement annuel). Si elle reste la plus faible de la zone euro (+10,7%), cette hausse automnale est toutefois la plus haute jamais atteinte depuis une quarantaine d'années, souligne le cabinet d'études Asteres.

Quelles combines face à l'inflation ?

Résultat, les salariés ont anticipé cette aggravation. Et d'échafauder déjà des astuces et autres combines pour atténuer le choc de la hausse des prix dans leur budget. Parmi les solutions évoquées par ces salariés, celle du télétravail s'impose d'autant plus après trois ans de crise du Covid-19, et ce, surtout chez les jeunes salariés. Ainsi, 65% des jeunes (18-34 ans) aimeraient davantage télétravailler pour réduire leurs dépenses (restaurations, transports) - contre 44% des salariés plus âgés (50 ans et plus). « Cette possibilité est encore plus convoitée par 66% des salariés vivant dans les zones rurales où le prix du carburant pèse fortement », note le sondage réalisé avant les grèves dans les raffineries qui ont accentué la pression sur les prix.

Autre constat, les salariés français ont été contraints de changer leurs habitudes alimentaires au déjeuner afin de réduire les coûts. C'est le cas pour 61% des sondés, et surtout pour les femmes (64% d'entre elles cherchent à faire des économies) et encore plus vrai pour les jeunes salariés (71% pour les moins de 35 ans).

3 salariés sur 10 ont une activité supplémentaire pour compenser

Encore plus surprenant, quatre salariés sur dix aimeraient travailler plus pour gagner plus, selon un célèbre slogan politique, et ainsi compenser l'effet de l'inflation. Mais « seuls 39% pourraient le faire dès aujourd'hui », tempère l'étude. Aussi, les hommes peuvent davantage travailler que les femmes (46% contre 31%), tout comme les salariés âgés de 50 ans et plus versus les moins de 35 ans (48% contre 34%).

En définitive, ce sont les salariés « les plus fragilisés » qui sont prêts à travailler plus. Trois salariés sur dix ont déclaré avoir des activités rémunérées supplémentaires à leur emploi actuel, précise ce sondage. Outre le rachat de RTT, 19% des répondants ont d'ores et déjà demandé une avance sur salaire auprès de leurs employeurs ces derniers mois.

Enfin, le secteur privé se révèle plus flexible sur la possibilité de faire des heures supplémentaires que le public. « Tous les secteurs d'activités ne sont pas égaux face à l'inflation », conclut l'étude. « Si les entreprises disposent d'outils permettant d'apporter une aide supplémentaire aux salariés en difficulté, elles-mêmes sont prises dans l'étau. C'est pire encore pour les entreprises productrices, dépendantes des coûts des matériaux et de l'énergie », explique Patrick Barazzoni, directeur général, chez SD Worx France.

Cette baisse du pouvoir d'achat des salariés risque d'avoir des conséquences sur la consommation. Au troisième trimestre, le PIB français a progressé  de 0,2 %, soit une évolution identique à la moyenne de la zone euro et de l'Union européenne, note le cabinet Asteres. Celui-ci a été supérieur sur la période en Allemagne et en Italie qui ont connu des évolutions légèrement plus favorables, avec respectivement + 0,3 % et + 0,5%. Pour autant, la crise énergétique entraine bien la zone euro vers une « récession imminente », selon les projections.

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