François Hollande peut-il encore inverser la courbe du chômage ?

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  780  mots
Malgré des statistiques loin d'être en sa faveur, le président de la République semble faire preuve d'un certain optimisme pour l'année prochaine.
[ SÉRIE : Horizon 2017 pour Hollande 4/9 ] « Le changement c'est maintenant ! » Que reste-t-il de la promesse de 2012 ? Si le jugement des Français à l'égard de François Hollande reste sévère, à vingt mois de la prochaine élection présidentielle du printemps 2017, la cote du président de la République semble s'être stabilisée, à un étage bas. Aujourd'hui, François Hollande peut-il encore inverser la courbe du chômage ?

Inlassablement, depuis mai 2012, il augmente : il y a près de 700.000 chômeurs supplémentaires inscrits en catégorie « A » depuis l'arrivée de François Hollande à l'Élysée. Ils sont très exactement 3.551.600 dans ce cas à la fin juillet. Et, sur un total de trente-huit mois de mandat (en se plaçant en juillet dernier, dernières statistiques connues), il y a eu seulement cinq mois où le nombre des demandeurs d'emploi s'est stabilisé, voire a légèrement baissé. Pourtant, le président de la République semble faire preuve d'un certain optimisme pour l'année prochaine.

À tort ou à raison ?

À noter, d'abord, que la très sourcilleuse Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), affiche elle aussi un léger optimiste pour la France et ce dès la fin de 2015. Selon l'organisation internationale, le taux de chômage en France pourrait redescendre à 10 % à la fin de l'année après avoir atteint un pic de 10,2 % à la fin du premier semestre. L'Insee également, vient de noter que la France avait créé 23800 postes dans le secteur marchand au deuxième trimestre - quasi essentiellement grâce à l'intérim -, alors qu'elle en avait encore perdu 7.100 au premier trimestre. Des données qui remontent le moral du gouvernement et qui lui permettent d'espérer pour les mois à venir un frémissement sur l'inversion de la courbe du chômage. Bien entendu, encore une fois, tout va dépendre de la croissance. Or, si l'année avait bien commencé avec une progression du PIB de 0,7% au premier trimestre, la tendance s'est dégradée au deuxième avec une croissance nulle. Sur l'ensemble de 2015, le gouvernement table sur un petit 1 % de croissance...

Un peu juste pour faire reculer le chômage. D'autant plus que le niveau de production industrielle en France reste encore inférieur à celui qui était le sien en 2008. Et, surtout, il reste des énormes réserves de productivité dans les entreprises. Concrètement, celles-ci n'auront pas besoin dans un premier temps d'embaucher pour faire face, si elle se confirme, à une reprise des carnets de commandes. L'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) estime qu'il y a un sureffectif dans les entreprises d'environ 150.000 salariés.

En revanche, pour 2016, la prévision gouvernementale est basée sur une progression du PIB de 1,5%. Suffisante pour parvenir à inverser la courbe du chômage, malgré un accroissement « naturel » de la population active d'environ 120.000 personnes. Mais encore faudra-t-il que cette prévision soit tenue et qu'aucun « accident » économique ou financier ne vienne gripper le redémarrage de la machine. Et pas de miracle en perspective : la décrue sera lente. En tout état de cause, lors de l'élection présidentielle du printemps 2017, le nombre des demandeurs d'emploi sera encore supérieur à ce qu'il était lors de l'arrivée de François Hollande à l'Élysée cinq ans plus tôt.

« Rassurer » les entreprises

Le gouvernement se veut d'autant plus volontariste qu'il estime mettre le paquet sur les politiques de l'emploi. Ainsi, dans le budget 2016, seront comptés environ 500.000 contrats aidés, soit le même niveau qu'en 2015. Ensuite, le gouvernement n'en finit plus de vouloir redonner confiance aux entreprises. Ainsi, il a assuré aux organisations patronales que rien ne viendrait remettre en cause le pacte de responsabilité. Le taux du Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) montera à 9% (contre 6% en 2015) l'année prochaine. Et François Hollande a confirmé que, dès 2017, ce CICE serait transformé en baisses pérennes de cotisations sociales patronales.

Les dispositions de la loi Macron sur la croissance et celles de la loi Rebsamen sur le dialogue social sont aussi là pour « rassurer » les entreprises : les conséquences du passage des seuils sociaux sont allégées - par exemple les entreprises entre 50 et 300 salariés peuvent opter pour la « délégation unique du personnel » -, la signature d'accords de maintien de l'emploi est facilitée, la procédure prud'homale est sécurisée (même si l'on attend encore le nouveau dispositif de plafonnement des indemnités, le mécanisme initial ayant été censuré par le Conseil constitutionnel), etc.

Sans oublier les suites du rapport Combrexelle, avec le dépôt d'un projet de loi sur la réforme de la négociation collective début 2016. Autant de « messages » adressés aux employeurs. Mais, in fine, ils ne pèsent pas grand-chose face aux réalités économiques. C'est le carnet de commandes des entreprises qui déterminera si le chômage peut baisser, ou pas.

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>> [ SÉRIE :  Horizon 2017 pour Hollande ] Demain, retrouvez la 5e partie : "Hollande peut-il encore réussir... à réformer la fiscalité en la rendant plus juste ?"