Hinkley Point : un administrateur de l'Etat claque la porte d'EDF

Par latribune.fr  |   |  326  mots
La centrale nucléaire d'Hinkley Point en Grande Bretagne.
Gérard Magnin, l'un des administrateurs de l'Etat, a démissionné ce matin en dénonçant le risque pour EDF de valider le projet d'EPR à Hinkley Point.

Le projet de construction de deux EPR à Hinkley Point (Royaume-Uni) est très loin de faire l'unanimité au sein des instances dirigeantes d'EDF. Après la démission surprise au mois de mars du directeur financier du groupe, Thomas Piquemal, c'est au tour de Gérard Magnin, l'un des représentants de l'Etat au conseil d'administration, de jeter l'éponge pour protester contre ce projet, le jour où le CA se réunissait pour étudier la décision finale d'investissement.

Selon Le Parisien, qui a révélé l'information, cet "expert reconnu dans le monde de l'énergie" a envoyé une lettre jeudi matin aux dirigeants du groupe pour expliquer les raisons de son départ.

Et Gérard Magnin ne prend pas de pincettes : Hinkley Point est selon lui "un risque industriel et financier démesuré pour EDF", arguant notamment du risque d'une chute du prix de l'électricité grâce aux énergies renouvelables : "dans ce contexte, combien de temps les Britanniques accepteront-ils de payer un prix de l'électricité produite par Hinkley Point à un tel niveau ? [119€ le mégawattheure, ndlr]". L'administrateur démissionnaire dénonce plus généralement la stratégie résolument pro-atome poursuivie par EDF, au détriment de la transition énergétique.

Recours du CCE

Même si les gouvernements français et britannique sont favorables à ce projet estimé à au moins 21,6 milliards d'euros, et même si le conseil d'administration d'EDF vote aujourd'hui la décision finale d'investissement, la construction ne démarrera pas tout de suite.

En effet, le comité central d'entreprise a lancé une procédure en référé pour faire suspendre "tous les effets des délibérations" du conseil, et une autre pour obtenir plus d'informations sur Hinkley Point. La justice doit normalement trancher début août. Trois syndicats (CGT, FO, CFE-CGC) veulent quant à eux un report de deux ou trois années du projet, dont la mise en service était prévue en 2025.