Hollande à la télé : "Je ne suis pas obsédé par ma candidature en 2017." Ah bon ?

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  678  mots
Si on voulait faire de la psychanalyse, on dirait que le Président est dans le déni ou, au choix, qu'il a un inconscient très bavard.
François Hollande, intervenant sur TF1 et France 2, annonce la tenue d'un referendum local sur la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Il confirme que le droit du travail va être réformé, ou encore, se réserve la liberté de... ne pas briguer un second mandat.

Après le remaniement, hop, un passage à la télé ce jeudi 11 février sur TF1 et France 2. En politique, on appelle ça une "séquence". Incontestablement, François Hollande a voulu soigner cette "séquence", importante dans la perspective de la fin de son quinquennat... et de la préparation de la présidentielle de 2017, dans à peine quinze mois. On voit donc bien que les choses se mettent en place.

Referendum sur Notre-Dame-des-Landes

Si on voulait faire de la psychanalyse de comptoir, on dirait que le président est dans le déni ou, au choix, qu'il a un inconscient très bavard. Dès le début de son intervention, il jure que l'entrée d'Emmanuelle Cosse, ex-secrétaire nationale d'Europe Écologie- Les Verts, n'a donné lieu à "aucun marchandage"... mais c'est pour annoncer immédiatement après qu'un referendum local sera organisé d'ici octobre sur l'épineux dossier de la nécessité, ou pas, de construire l'aéroport de Notre-dame-des-Landes. Étrange, cela n'a jamais été dit avant...

Sur la réforme de la Constitution, le président a renvoyé l'opposition à ses contradictions, rappelant que la déchéance de la nationalité avait été demandée par "d'autres familles politiques" et que cette décision avait été applaudie "par les parlementaires" lors du discours au congrès le 16 novembre. Il souhaite donc que cette réforme ne fasse pas l'objet de "trop de navettes" entre l'Assemblée et le Sénat".

Hollande valide le referendum d'entreprise

Mais c'est sur le terrain économique que le président a été le plus clair: les réformes vont continuer. La première d'entre elles sera celle du droit du travail. Il a confirmé que la plus grande place possible sera laissée, à l'avenir, aux accords d'entreprise pour fixer l'organisation du travail, mais que le salaire minimum et la durée légale du travail seront respectés. Il a aussi donné son accord à une réforme annoncée par la ministre du Travail: les syndicats minoritaires (mais représentant au moins 30% des salariés) pourront organiser un referendum, à leur initiative, pour faire avaliser directement par les salariés un accord qu'ils ont signé.

Bien entendu, il a également insisté sur la prochaine naissance du "compte personnel d'activité" qui doit permettre d'assurer une "flexi-sécurité à la française".

Formation des chômeurs: non, ce n'est pas une "magouille"

Abordant le futur "plan emploi" et notamment, l'objectif de formation de 500.000 chômeurs, François Hollande refuse de parler de "magouille" pour faire baisser artificiellement le nombre des demandeurs d'emploi: "Ils sont formés, certes, mais après, ils reviennent, la formation ne dure que deux ou trois mois". Il le dit et le répète, son objectif est de parvenir à faire chuter le taux de chômage des non qualifiés...

Par ailleurs, interrogé sur les évolutions diverses des formes d'emploi ou du marché du travail (travail du dimanche généralisé par la loi Macron, phénomène Uber, etc.), le président constate que "le pays avance" mais "qu'il faut respecter des règles"... À ce stade, on n'en saura pas plus sur le fond de sa pensée.

Après avoir promis des "baisses de charges pour les agriculteurs", François Hollande, de façon plus anecdotique, a considéré son jeune ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, comme une personnalité "pas classique"... Et celui-ci ne bénéficie ni de promotion ni de sanction dans le nouveau gouvernement. Il recule juste de deux places dans l'ordre protocolaire... pas sûr que cela affecte l'intéressé.

Faux suspense pour 2017

Enfin et surtout, au niveau politique, François Hollande continue d'entretenir un vrai (faux) suspense pour sa candidature en 2017. Il rappelle qu'elle est conditionnée à une baisse du chômage et que le temps de sa décision "n'est pas venu". Il refuse donc d'entrer dans le débat d'une primaire à gauche, car "sa tâche est ailleurs". Mais il jure ne pas être "obsédé par sa candidature"... Ah ! Alors, pourquoi vouloir tellement faire revenir les écologistes au gouvernement?