JO Paris 2024 : "Rien n'est gagné ! " (Thierry Rey)

Par Propos recueillis par Fabien Piliu  |   |  782  mots
" Même si tout n'y est pas parfait, loin de là, la France est un grand pays. La France est une grande nation sportive. La France symbolise des valeurs magnifiques. Nous pouvons être fiers de nous. Obtenir les Jeux serait une magnifique victoire, riche de promesses", déclare à La Tribune Thierry Rey, le conseiller spécial de la candidature de Paris pour les JO 2024.
Dans un entretien accordé à La Tribune, Thierry Rey, ancien champion olympique de judo et aujourd'hui conseiller spécial de la candidature de Paris pour les JO 2024 dresse la feuille de route avant la dernière ligne droite, à moins de 100 jours du vote du Comité international olympique (CIO).

LA TRIBUNE - Nous sommes à moins de 100 jours de l'élection de la ville-hôte des Jeux Olympiques et Paralympiques d'été 2024. Paris est en finale avec Los Angeles. Quel sentiment vous anime ?

THIERRY REY - Rien n'est gagné ! Il faut affronter cette dernière ligne droite avec des réflexes de sportif. En 2005, à Singapour, Paris s'est laissé aller face à Londres. Je suis convaincu que nous avons perdu le match lors des cinq derniers jours avant l'élection, en dépit d'un projet en béton armé. Nous ne ferons pas la même erreur.

Certains avaient considéré que Paris avait été mauvaise perdante.

La déception des sportifs et du monde politique avait été énorme. Londres, meilleur dans les dernier jours, nous avais battu sur le fil, malgré notre très bon dossierEn revanche en 2001 lorsque Paris a été devancée par Pékin pour les Jeux de 2008, ce ne fut pas honteux. Je rappelle que la Chine, qui n'avait jamais organisé les Jeux, a dû s'y reprendre à trois fois pour les obtenir. Et comment ignorer un aussi grand pays ?  En 1986, pour les Jeux de 1992, Paris fut certes devancée par Barcelone mais Albertville remporta les Jeux d'hiver.

La presse évoque la possibilité que Los Angeles cède la place à Paris en 2024 et se voit attribuer les Jeux en 2028. Paris a déjà gagné ?

Il faudrait être fou à lier pour le penser. Los Angeles a un très bon projet. Je ne peux pas commenter ces rumeurs de presse. Ce vendredi, on saura si le Comité international olympique (CIO) accepte l'idée d'une double attribution. De toute façon, quelle que soit la décision, nous ne lâcherons rien. Nous nous battons pour 2024, pas pour 2028.

Vous êtes conseiller spécial de la candidature de Paris pour les JO 2024. Quel est précisément votre rôle ?

Je dois faire le lien entre le Comité de candidature et le monde institutionnel, en particulier l'Elysée, Matignon et les ministères concernés par cette candidature. Avec la Direction des partenariats du Comité, je travaille en relation étroite avec les partenaires privés qui soutiennent ce projet.

Attirer des investisseurs sur un projet de ce type est difficile ?

Il ne s'agit pas de leur demander un chèque pour financer en partie les quinze jours des Jeux Olympiques et les onze jours des Jeux Paralympiques. Il s'agit de travailler ensemble à un projet global, sur le long terme, avant, pendant et après les Jeux. Il serait prétentieux de prétendre que les Jeux peuvent changer la société française à eux seuls. En revanche, je suis persuadé - nous sommes persuadés - que certains curseurs peuvent bouger pour servir l'intérêt général. Le sport est un formidable moyen de rassembler les hommes et les femmes. Il est bon de le rappeler.

On vous sent un peu "habité".

Même si tout n'y est pas parfait, loin de là, la France est un grand pays. La France symbolise des valeurs magnifiques. La France est une grande nation sportive.  Nous pouvons, en étant raisonnablement lucide, être fiers de ce que nous sommes. Obtenir les Jeux serait une magnifique victoire, porteuse d'avenir et riche de promesses

Emmanuel Macron, le président de la République, a bousculé son agenda pour accueillir les membres du CIO lors de leur visite d'inspection en mai. Il a promis qu'il serait présent lors des deux prochains oraux que passeront Paris et Los Angeles, en juillet à Lausanne, et le 13 septembre à Lima. N'en fait-il pas trop ?

Il était légitime et heureux que le Président de la République accueille les membres du CIO. Il n'y a rien eu d'ostentatoire. Comme François Hollande avant lui, Emmanuel Macron a souhaité clairement affirmé son soutien à la candidature. Que l'Etat, qui se porte garant de la sécurité et du bon accueil des spectateurs et de la « livraison » des Jeux,  se signale ainsi est une excellente chose. C'est la raison pour laquelle je considère que la présence du Président de la République à Lausanne et Lima est essentielle. Maintenant, comme je l'ai déjà dit, nous avons appris des erreurs passées. Et chacun de nos fondateurs, Ville de Paris, la Région-Ile-de France et Etat tiendront toute leur place au côté et en soutien du mouvement sportif, trop peu présent dans le passé et notamment en 2005 à Singapour. Si Paris obtient les Jeux le 13 septembre, tous ceux qui ont construit ce grand projet, c'est-à-dire le mouvement sportif, les acteurs institutionnels, le monde associatif et les partenaires privés et publics récolteront le fruit de nos efforts communs