L'économie française en pleine stagnation

Par latribune.fr  |   |  731  mots
La faiblesse de la demande intérieure et des exportations a fait stagner le PIB au quatrième trimestre. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)
Le PIB français est resté stable au quatrième trimestre 2023 et a progressé de 0,9% sur l'ensemble de l'année, après 2,5% en 2022, a annoncé ce mardi l'Insee.

Alors que plusieurs pays européens comme l'Allemagne sont en récession, la France a enregistré une croissance de 0,9% l'an dernier, contre une hausse de 2,5% en 2022, a annoncé ce mardi l'Insee. Une performance proche de la prévision de 1% qu'avait maintenue le gouvernement, grâce à un fort deuxième trimestre à 0,7%.

Au quatrième trimestre, dans un contexte de faiblesse de la demande intérieure et des exportations, le PIB a stagné, contrairement aux prévisions de la Banque de France, qui a récemment remonté sa prévision à 0,2%. Initialement de -0,1%, la croissance du troisième trimestre a été revue en hausse de 0,1 point, a précisé l'Insee.

Conséquence de la hausse des taux

L'économie française a en effet souffert l'an dernier des taux d'intérêt élevés imposés par la Banque centrale européenne (BCE) pour calmer une inflation record. La contraction du crédit a pesé sur l'investissement et la consommation des entreprises comme des ménages alors que les exportations ont souffert du ralentissement de la demande mondiale.

Néanmoins, malgré le contexte particulièrement difficile, la France confirme avoir évité une récession technique, c'est-à-dire deux trimestres consécutifs de recul du PIB. Ce qui n'est pas le cas de l'Allemagne pour laquelle des économistes prévoient deux années successives de récession en 2023 et 2024.

Quelle croissance pour 2024 ?

Pour 2024, les prévisions de croissance diffèrent entre celle du gouvernement (1,4%) et celles des économistes. Dans une interview à La Tribune dimanche publiée le weekend dernier, le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau la prévoyait plutôt autour de 0,9%, avec pour 2024 le retour de la consommation des ménages. L'appétit pour les achats importants remontait en effet fortement lors de la dernière enquête de l'Insee sur le moral des ménages, tout en restant à un niveau inférieur à sa moyenne de long terme.

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Mais le coût du crédit devrait encore rester élevé, ce qui devrait handicaper la consommation et l'investissement. Alors que les taux directeurs s'établissent aujourd'hui sur une fourchette entre 4 et 4,75%, nombre d'économistes pensent qu'ils devraient diminuer en 2024 mais rester au dessus de 3%... quand il était proche de 0% début 2022.

La consommation des ménages comme moteur

La consommation des ménages, qui compte pour plus de moitié dans le produit intérieur brut, prendrait ainsi la place du commerce extérieur cette année comme moteur de la croissance. « C'est un moteur plus régulier et plus sûr », se félicitait le gouverneur.

Selon les dernières statistiques de l'Insee, la consommation des ménages a augmenté légèrement de 0,3% en décembre, principalement sous l'effet d'une augmentation des dépenses en énergie (+1,7%), et malgré le repli de la consommation alimentaire (-0,7%). Cette faible hausse ne compense pas la baisse globale de la consommation sur les trois derniers mois par rapport aux trois mois précédents (-0,6%), selon l'Institut.

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La hausse des dépenses en énergies des ménages a continué d'accélérer en décembre (+1,7%), après un progrès de 1% en novembre, tirées par les achats de carburants, note l'Insee. Concernant les autres catégories de biens, la consommation de biens fabriqués repart à la hausse (+0,6%), tout comme les achats de biens durables, qui continuent d'augmenter à un rythme soutenu (+1,4% en décembre 2023, après +1,2% en novembre).

Comme la France, la zone euro évite la récession

La France reste donc dans la moyenne haute de la zone euro puisque, sur l'ensemble de l'année, les 20 pays partageant la monnaie unique ont alors enregistré une croissance de 0,5% par rapport à 2022, pointe l'office européen des statistiques. C'est néanmoins un peu moins que les 0,6% anticipés en novembre par la Commission européenne lors de ses dernières prévisions.

Certains pays ont même bien tiré leur épingle du jeu. C'est notamment le cas de l'Espagne, portée par le tourisme. Le pays a ainsi connu une croissance de 2,5% l'an dernier. Le Portugal s'en sort également bien. Le pays ibérique affiche ainsi une croissance annuelle de 2,3%, selon une première estimation officielle publiée mardi.

(Avec AFP)