France : une croissance de fin 2023 attendue atone, avant un rebond pour 2024 ?

Mardi, l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) livrera une première estimation de la croissance sur l'ensemble de l'année 2023, attendue autour de 0,8%. Les économistes s'accordent, par ailleurs, sur un rebond de la croissance française en 2024, mais celui-ci ne devrait s'affirmer réellement qu'au deuxième semestre.
Selon le gouverneur de la Banque de France, le moteur de la croissance en 2024 sera la consommation, en lieu et place des exportations en 2023.
Selon le gouverneur de la Banque de France, le moteur de la croissance en 2024 sera la consommation, en lieu et place des exportations en 2023. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

Alors que la croissance américaine a dépassé les prévisions pour l'année 2023, les attentes se tournent désormais vers l'Hexagone. La première estimation du PIB français du quatrième trimestre sera dévoilée mardi par l'Insee, la plupart des économistes l'attendant atone, avant un rebond modéré espéré plutôt au deuxième semestre cette année. L'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) livrera aussi une première estimation de la croissance sur l'ensemble de l'année 2023.

Attendu autour de 0,8%, le chiffre annuel de croissance devrait être proche de la prévision de 1% du gouvernement, un objectif que nombre d'économistes jugeaient inatteignable à l'automne 2023, sur fond de forte inflation et de taux d'intérêt montés en flèche.

« L'environnement mondial, et donc la demande externe adressée à la France, a été meilleure que ce qu'on craignait », a décrypté mi-janvier à l'Assemblée nationale Olivier Garnier, le chef économiste de la Banque de France. « La désinflation (ralentissement de l'inflation, NDLR) a été un peu plus rapide que prévu (...) et l'investissement des entreprises a été plus résilient, avec aussi plus de dépenses publiques », a-t-il encore fait valoir devant les députés.

Pour le seul 4e trimestre, les prévisions de croissance tournent généralement entre 0% (Insee) et 0,2% (Banque de France). De quoi permettre à la France d'échapper à une récession, dont la définition technique correspond à deux trimestres consécutifs de baisse du produit intérieur brut (PIB), le PIB s'étant replié de 0,1% au troisième trimestre.

Mais les enquêtes de conjoncture vont « dans tous les sens » en ce moment, avertit l'économiste d'ING Charlotte de Montpellier. Ainsi, en décembre, l'indice PMI Flash de l'activité donné par le cabinet S&P Global et la banque HCOB pointaient vers une nette dégradation de l'activité et une baisse du PIB de 0,2% au dernier trimestre, au moment même où la Banque de France relevait sa prévision de 0,1% à 0,2%. La rumeur court aussi que les entreprises répondraient moins assidûment qu'avant aux enquêtes d'opinion.

Moral en hausse

Charlotte de Montpellier prédit pour sa part une stagnation fin 2023 et une croissance annuelle de 0,8% avant 0,5% en 2024. Une atonie qui « n'est pas une exception dans la zone euro », dont les prévisions de croissance sont encore plus modestes, souligne sa collègue de Bank of America (BoA) Evelyn Herrmann. L'économiste prévoit une croissance française de 0,1% au quatrième trimestre, de 0,8% en 2023 et de 0,7% cette année.

La France ferait ainsi mieux que l'Allemagne, qui pourrait connaître deux années successives de récession. Evelyn Herrmann estime que les déboursements d'aides « rapides et puissants » effectués en France pour compenser l'effet des crises récentes, comme le « bouclier tarifaire » sur les prix de l'électricité ou du gaz, ont pu participer à cette différence.

Les économistes s'accordent sur un rebond de la croissance française en 2024. Le « moral des ménages », qui donne un aperçu de l'appétit de consommer des Français - la consommation des ménages représente plus de la moitié du PIB - a en effet progressé en janvier et la perspective de faire des achats importants s'est inscrite « en nette hausse ».

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, estime que le « moteur de la croissance » en 2024 sera bel et bien « la consommation », en lieu et place des « exportations » en 2023. « C'est un moteur plus régulier et plus sûr », a-t-il détaillé samedi dans une interview à La Tribune Dimanche.  Le gouverneur anticipe une croissance en France de 0,9 % en 2024, ainsi qu'une baisse des taux d'ici à la fin de l'année.

Rebond attendu au deuxième semestre

Le rebond ne devrait cependant s'affirmer réellement qu'au deuxième semestre, avec des taux de croissance trimestriels de « 0,3% » voire « 0,4% » en fin d'année, selon Charlotte de Montpellier. Evelyn Herrmann note « quelques risques à la hausse encore dans les prochains mois » sur l'inflation, liés en particulier aux attaques de rebelles houthis du Yémen sur les navires de commerce transitant en mer Rouge.

A la fois, elle estime que la BCE pourrait attendre « trop longtemps » - la BoA table sur juin - pour commencer à baisser ses taux, au point que l'inflation tomberait en dessous des 2% qui sont la cible de la banque centrale.

Le gouvernement a bâti le budget 2024 sur une croissance de 1,4% qui semble très difficile à atteindre. Samedi, M. Villeroy de Galhaut l'estimait aux alentours de « 0,9% » en 2024, en se basant sur « un rythme d'environ 0,2% par trimestre ». Le déficit de l'Etat a déjà dérapé de deux milliards d'euros fin 2023 alors que Bercy souhaite à tout prix limiter le déficit public à 4,4% du PIB pour le ramener sous 3% en 2027.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 28/01/2024 à 13:46
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Ces derniers temps, nous avons eu droit par le "courant maintream" à toute une panoplie d"'analyses qualitatives" (oui qualitative) envers les États-Unis, génial. Sauf que ce courant dominant à oublier de préciser qu'aux États-Unis, il faut désormais...

à écrit le 28/01/2024 à 11:13
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Demain, plus tard, attendre... toujours.

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