La croissance de la population immigrée en France reste limitée

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  582  mots
Entre 2006 et 2014, la population résidant en France a progressé de 2,6 millions, soit un accroissement de 0,5% par an en moyenne.
Selon un récente étude de l'Insee, la population immigrée installée en France est passée de 8,1% de la population en 2006 à 8,9% en 2017, soit un progression de 700.000 personnes.

Quelle est la structure de la population française ? Quelle est la part d'immigrés ? Quel est le nombre d'habitants de nationalité étrangère ? L'Insee s'est penché dans un récent « focus » sur ces questions sensibles qui peuvent immédiatement faire l'objet d'une récupération politique si les données de l'Institut ne sont pas maniées avec précaution...

5,9 millions d'habitants  sont des immigrés

Globalement, au 1er janvier 2014, 65,8 millions de personnes vivent en France, hors Mayotte. Parmi elles, 58,2 millions sont nées en France et 7,6 millions à l'étranger, soit 11,6% de la population. Mais, attention, être né à l'étranger ne signifie pas forcément ne pas être français. Pour preuve, parmi ces 7,6 millions de personnes, 1,7 million sont en réalité nées avec la nationalité française, au moins un de leur parent étant de nationalité française. Quant aux 5,9 millions restants, ils sont en effet de nationalité étrangère et sont donc des immigrés. Ils représentent 8,9% de la population résidant en France. Mais, là aussi, il convient de faire un distinguo : sur les 5,9 millions d'immigrés, 3,6 millions sont encore de nationalité étrangère et 2,3 millions, soit 39%, ont en fait acquis la nationalité française.
Parmi les 58,2 millions de personnes nées en France, une écrasante majorité de 57,6 millions ont la nationalité française (voire une double nationalité) et 600.000 sont étrangères. Ces personnes nées étrangères en France sont en fait dans quatre cas sur cinq des mineurs de moins de 14 ans dont les parents sont étrangers et qui acquerront de droit la nationalité française à leur majorité, sous réserve d'avoir résidé au moins cinq ans en France depuis l'âge de 11 ans. En 2013, 63.000 naissance (soit 7,8% du total) concernent des enfants dont les deux parents sont étrangers.

61,6 millions de personnes en France sont de nationalité française


Au total donc, si on additionne personnes nées en France et personnes nées hors des frontières de l'Hexagone, au sein de la population résidant en France, 61,6 millions de personnes ont la nationalité françaises et 4,2 millions ont une nationalité étrangère (6,4% de la population).

L'Insee a calculé l'évolution de ces données entre 2006 et 2014. Durant cette période, la population résidant en France a progressé de 2,6 millions, soit un accroissement de 0,5% par an en moyenne. Précision importante apportée par l'Institut, contrairement à quelques « croyances », cette progression est essentiellement portée par le solde naturel (différence entre naissances et décès) qui s'élève à plus de 2,2 millions de personnes sur la période (6,5 millions de naissances et 4,3 millions de décès). Le solde migratoire (différence entre les entrées et les sorties du territoire), lui, est estimé à + 400.000 personnes sur la période, se décomposant en 2,5 millions d'entrées (ou de retours) en France et 2,1 millions de sorties.

La part de la population immigrée est passée de 8,1% début 2006 à 8,9% début 2014

Dans le détail, entre 2006 et 2014, la population de nationalité française a augmenté de 2,1 millions et celle de la population immigrée de 700.000, essentiellement en raison des flux migratoires : 1,6 million d'immigrés sont arrivés en France, 500.000 en sont repartis et 400.000 sont décédés en France. In fine, la part de la population immigrée dans la population totale est passée de 8,1% début 2006 à 8,9% début 2014, soit une hausse de 0,8 point sur 8 ans. Des données objectives qui vont à l'encontre de bien des idées reçues...