La fin de la Sécu étudiante est dans les tuyaux

Par latribune.fr  |   |  465  mots
La sécu des étudiants (leur assurance maladie de base) a été déléguée en 1948 à la Mnef, devenue la LMDE, puis, à partir de 1972, à une dizaines de mutuelles régionales, qui proposent par ailleurs des offres de complémentaires santé.
Le gouvernement souhaite supprimer le régime de sécurité sociale des étudiants en l'intégrant au régime général, se sont alarmées les mutuelles étudiantes visées par la réforme. La mesure pourrait être intégrée dans le budget 2018 de la Sécu.

Va-t-on vers la fin de la sécurité sociale étudiante ? Interrogé sur cette question au micro d'Europe 1 lundi, le Premier ministre Edouard Philippe avait botté en touche, indiquant qu'il ne voulait pas "préempter la fin de la discussion" entre les organisations étudiantes et l'exécutif dans le cadre du plan étudiant. Mais la mesure est effectivement dans les tuyaux.

Les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur ont annoncé mardi vouloir abolir ce régime spécifique, a expliqué à l'AFP le président du groupe de mutuelles étudiantes régionales EmeVia, Ahmed Hegazy, au lendemain d'une réunion de représentants des ministères et des mutuelles.

"On nous a expliqué que les étudiants relevaient du droit commun et que les acteurs existants pouvaient continuer à intervenir sur des missions de prévention et de promotion de l'accès aux soins, sans que ce soit très clair", a-t-il rapporté.

Le gouvernement "souhaite mettre fin à la délégation de gestion du régime étudiant", a confirmé Romain Boix, son homologue de la LMDE.

Une amendement au PLFSS 2018

Selon Ahmed Hegazy, qui prédit un "accident industriel", "la bascule" vers le régime général est voulue pour "septembre 2018", un calendrier non confirmé par Romain Boix, qui précise toutefois que le gouvernement "souhaite aller vite". Ainsi, un "amendement" au projet de budget de la sécu (PLFSS) pour 2018 a été évoqué, selon le président d'EmeVia. "On nous a dit que le PLFSS 2018 était un cadre adapté pour fixer ces objectifs", a expliqué Romain Boix.

En septembre, Matignon avait pourtant annoncé aux mêmes organisations que la réforme ne figurerait finalement pas dans le projet de budget et ferait l'objet de concertations, a rappelé Ahmed Hegazy, s'interrogeant sur la "cohérence" gouvernementale.

Une promesse de campagne d'Emmanuel Macron

La sécu des étudiants a été déléguée en 1948 à la Mnef, devenue la LMDE, puis, à partir de 1972, à une dizaines de mutuelles régionales, qui proposent par ailleurs des offres de complémentaires santé. Ces dernières années, le Sénat, la Cour des comptes mais aussi l'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir ont multiplié les critiques à l'égard de ce régime de sécu.

Handicapée par une dette colossale et de nombreuses défaillances, la LMDE a ainsi été adossée en octobre 2015 à l'Assurance maladie pour la couverture de base de ses affiliés. Il s'agirait cette fois d'aller plus loin que l'adossement, les mutuelles n'intervenant plus dans l'affiliation des étudiants, selon Ahmed Hegazy d'EmeVia.

Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait promis "de confier" au régime général "la gestion du régime d'assurance maladie obligatoire de tous les étudiants" non rattachés à celui de leurs parents.

(Avec AFP)