La France conclut 10 milliards d'euros d'accords avec l'Arabie saoudite

Par latribune.fr  |   |  917  mots
Manuel Valls a annoncé la conclusion de dix milliards d'euros d'accords entre la France et l'Arabie saoudite, et notamment la commande de 30 patrouilleurs rapides.
Le Premier ministre Manuel Valls, en visite à Ryad, a annoncé la conclusion de 10 milliards d'euros d'accords, dans divers secteurs, avec l'Arabie saoudite. La France est déjà le troisième investisseur dans le royaume saoudien, avec lequel un "partenariat spécial" a été conclu lors du dernier sommet du Conseil de coopération du Golfe, le 5 mai dernier.

| Article publié à 13h39, mis à jour à 14h08, puis à 16h08.

La France et l'Arabie saoudite ont signé mardi des accords, des contrats et des lettres d'intention pour un montant potentiel de dix milliards d'euros en marge d'un forum d'affaires franco-saoudien à Ryad, a annoncé le Premier ministre Manuel Valls, en visite à Ryad depuis lundi. La France accueillera en mars la troisième session de la Commission conjointe France-Arabie Saoudite.

En mois de neuf mois, il s'agit de la troisième visite des plus hauts dirigeants français à Ryad. La plus récente a été effectuée par François Hollande, invité d'honneur lors du dernier sommet du Conseil de coopération du Golfe, où la France a conclu un "partenariat spécial" avec le royaume.

Ces accords concernent les secteurs de l'énergie, la santé, l'agro-alimentaire, le maritime, l'armement, les satellites et les infrastructures, ont indiqué les services du Premier ministre. Toutefois, très peu de contrats ont été signés.

Un fonds de soutien à l'investissement pour les PME françaises

L'un des accords signés mardi porte sur la création d'un fonds saoudien dédié à l'investissement dans de petites et moyennes entreprises françaises, notamment dans le numérique et les énergies renouvelables à hauteur de 2 milliards d'euros. En outre, la King Abdullah City for Atomic and Renewable Energy (K.A.CARE) et le Commissariat à l'Energie Atomique et aux Énergies Alternatives (CEA) ont signé une lettre d'intention pour la coopération dans le secteur des énergies renouvelables.

Le Fonds public d'investissement saoudien est en cours de négociations finales pour apporter 3 milliards de dollars à la COFACE pour le financement des exportations. Enfin, Paris et Ryad sont en cours de discussions sur d'autres possibilités d'investissement pour le Royaume en France.

Dans le domaine des biotechs, un protocole d'accord a aussi été signé entre le Fonds souverain saoudien (Public Investment Fund) et le Laboratoire français du Fractionnement et des Biotechnologies (LFB) pour la création d'une usine de fractionnement de plasma en Arabie Saoudite, pour un montant de 900 millions d'euros. Enfin, dans le domaine de l'agroalimentaire, l'embargo qui touchait la viande bovine française a été levé et 37 sociétés françaises vont pouvoir de nouveau exporter vers l'Arabie Saoudite, précise Matignon.

La France mise sur le naval

Dans celui de l'armement, 30 patrouilleurs rapides français seront commandés d'ici à la fin de l'année par Ryad, ont encore indiqué les services du Premier ministre. Paris et Ryad ont convenu de la création d'un groupe de travail conjoint sur des projets navals. En outre, un accord de coopération a été signé entre la King Abdulaziz City for Science and Technology (KACST) et DCNS pour la création d'un centre de recherche navale. L'entourage du Premier ministre a fait par ailleurs état de l'ouverture de négociations exclusives dans le domaine des satellites de télécommunications et d'observation (plusieurs milliards d'euros).

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Des annonces ont également été faites dans les infrastructures, pour la gestion du réseau d'eau de Ryad (3 milliards d'euros), pour le métro de La Mecque (1 milliard), la distribution de l'énergie dans la nouvelle cité économique de Jeddah (1 milliard). S'agissant du métro, Alstom a été autorisé à ouvrir des négociations pour vendre du "matériel roulant" et du "système".

Dans le secteur de l'aviation, l'Arabie Saoudite et la France "se sont félicitées des discussions en cours entre Airbus et Saudia en vue de moderniser et d'étendre la flotte saoudienne grâce à un partenariat sur les programmes actuels et futurs d'Airbus", selon le communiqué final de la Commission conjointe France-Arabie Saoudite. Les deux pays sont également en discussion "en vue de mettre au point des projets industriels entre Airbus et des partenaires saoudiens dans le secteur des gros porteurs et d'autres programmes visant à renforcer la base industrielle de l'Arabie saoudite dans le domaine aérospatial".

Les droits de l'homme au second plan

Si la délégation française s'est montrée très discrète pendant son séjour à Ryad sur la question des droits de l'Homme -dans un pays qui a enregistré 134 exécutions depuis le début de l'année-, Manuel Valls a néanmoins déclaré mardi avoir fait "passer des messages" aux autorités saoudiennes. Estimant que la "relation de confiance" qui existe entre la France et le royaume n'empêchent pas de rappeler certains principes, le Premier ministre a notamment affirmé avoir lancé une "appel à la clémence" pour Ali al Nimr, jeune chiite condamné à mort pour avoir manifesté contre le régime quand il était encore mineur.

"Nous avons en effet abordé ces questions-là avec les autorités d'Arabie saoudite en faisant passer des messages que nous avons déjà eu l'occasion de transmettre par notre diplomatie, et notamment la position constante qui est celle de la France contre la peine de mort", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.

Répondant aux critiques de l'idylle économique franco-saoudienne par les organisations de défense des droits de l'Homme, il a ajouté:

"Nous défendons avec constance et cohérence des positions, qui font que nous sommes écoutés et respectés, parce que nous tenons le même langage. Cette force nous permet de traiter l'ensemble des sujets".

(Avec AFP et Reuters)