La grève des médecins généralistes « n'est vraiment pas responsable » tacle Élisabeth Borne

Par latribune.fr  |   |  692  mots
Selon l’Assurance maladie, la grève s’est traduite la semaine dernière par une baisse d'activité de 10% des médecins généralistes. (Crédits : BENOIT TESSIER)
La Première ministre s'est exprimée sur la grève des médecins libéraux, entamée pendant les fêtes et qui se poursuit cette semaine, pour réclamer un doublement du tarif de la consultation généraliste. Élisabeth Borne la juge « vraiment pas responsable » étant donné la situation actuelle en France, touchée par trois épidémies simultanées. Alors que des négociations sont en cours, le collectif à l'origine du mouvement prévoit une manifestation nationale ce jeudi à Paris.

Alors que les médecins libéraux sont appelés à poursuivre cette semaine la grève débutée au lendemain de Noël pour obtenir une revalorisation de la consultation, la Première ministre s'est exprimée sur ce mouvement. « Je peux entendre qu'ils peuvent rencontrer des difficultés, qu'ils peuvent souhaiter des améliorations, mais ça n'est vraiment pas responsable de faire grève, notamment dans cette période de fêtes, où ça a augmenté les tensions sur l'hôpital », a déclaré Élisabeth Borne sur Franceinfo ce mardi 3 janvier.

Des propos dans la lignée de ceux tenus par le ministre de la Santé fin décembre : François Braun avait alors qualifié cette grève de « malvenue en cette période d'extrême difficulté pour le système de santé », avec trois épidémies simultanées (grippe, bronchiolite et Covid).

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Doublement du prix de la consultation

Selon l'Assurance maladie, la grève s'est traduite la semaine dernière par une baisse d'activité de 10% des médecins généralistes.

« L'immense majorité des médecins généralistes n'ont pas suivi ce mouvement », a relevé hier sur franceinfo le directeur général de la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam), Thomas Fatôme.

Un chiffre que ne partage pas la fondatrice du collectif « Médecins pour demain », à l'origine du mouvement, pour qui environ 70% des généralistes étaient en grève la semaine dernière.

Pour rappel, la revendication centrale du collectif demeure la hausse du tarif de la consultation à 50 euros, contre 25 euros aujourd'hui. Objectif : créer un « choc d'attractivité » vers une médecine de ville écrasée par les tâches administratives au détriment du temps médical et qui n'attire plus les jeunes.

Élisabeth Borne a néanmoins souligné que seule « une partie des organisations qui représentent les médecins ont effectivement appelé à la grève ».

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Manifestation prévue ce jeudi

La Première ministre a par ailleurs rappelé qu'« il y a une discussion en cours ». Car cette mobilisation survient en effet en pleine négociation d'une nouvelle convention entre la Sécu et les syndicats pour les cinq prochaines années.

Le patron de l'Assurance maladie a assuré ce lundi que les généralistes seront revalorisés dans le cadre de cette négociation, qui doit reprendre « dès le début de la semaine prochaine » pour s'achever avant fin février. Il avertit toutefois qu'un montant de « 50 euros serait relativement extravagant, ça voudrait dire une augmentation de chaque médecin généraliste de l'ordre de 100.000 euros », a-t-il affirmé, en notant que les principaux syndicats de médecins ne portaient pas cette revendication.

Le collectif "Médecins pour demain" se projette en tout cas déjà vers une manifestation nationale prévue ce jeudi après-midi à Paris, entre le Panthéon et le ministère de la Santé, où il devrait être reçu par François Braun.

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Des vœux et une feuille de route pour calmer les tensions

Face à un système de santé sous pression, Élisabeth Borne a rappelé les « augmentations importantes » de salaires à l'hôpital depuis deux ans, tout en reconnaissant que cela « n'a pas tout réglé » et qu' « il y a d'autres sujets à traiter », notamment « des enjeux d'organisation » et « un travail sur l'attractivité des métiers pour réduire la pénibilité ».

Autant de sujets sur lesquels Emmanuel Macron « aura l'occasion de s'exprimer en fin de semaine dans ses vœux aux soignants », a-t-elle indiqué. Le président doit les présenter ce vendredi aux acteurs de la santé pour tenter d'apaiser un secteur en ébullition. Suivra ensuite « dans les prochaines semaines », la présentation par le gouvernement d'une « feuille de route » pour répondre aux attentes des soignants.

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(avec AFP)