Budget de la sécurité sociale : le gouvernement va proposer 3 consultations de prévention

Alors que le gouvernement est en pleine préparation du budget de la securité sociale pour 2023, il cherche à réduire les dépenses de santé en misant sur la prévention. Son idée : proposer aux Français trois visites médicales gratuites tout au long de la vie. Si l'idée est séduisante, pas sûre toutefois qu'elle soit si facilement réalisable... Explications
Fanny Guinochet
Le gouvernement veut combler son retard dans la prévention par rapport à ses voisins européens en proposant 3 visites médicales gratuites tout au long de la vie.

Pour son budget 2023, le gouvernement veut renforcer la prévention. Il va proposer des bilans de santé tout au long de la vie, à des âges clefs, c'est ce qu'a annoncé François Braun, le ministre de la Santé.

À 25 ans, 45 ans et 65 ans

Ainsi, la première consultation aura lieu à 25 ans. L'idée est de faire le point sur les vaccins, vérifier aussi que le jeune adulte n'a pas des problèmes d'addiction (alcool, tabac, écrans...), d'alimentation, de sommeil, qu'il est en bonne santé, qu'il pratique une activité sportive régulière, que l'entrée dans la vie active ne suscite pas d'angoisses ou de difficultés de santé particulières.

La seconde consultation est prévue au milieu de la vie, vers 45 ans. Là, l'objectif est de faire surtout des dépistages car c'est souvent à ce moment que se développent des tumeurs, des cancers, des maladies cardiovasculaires, etc. Ce bilan devrait aussi permettre de détecter des pathologies mentales, d'éventuelles dépressions.

Enfin, la dernière consultation se tiendrait autour de 65 ans. Il s'agirait notamment d'anticiper la perte d'autonomie, de mobilité, et de mieux préparer le passage à la retraite et le vieillissement.

Toutes ces visites seront gratuites, promet le ministère de la Santé. Chaque assuré se verra proposé à ces âges clefs par sa caisse d'assurance maladie une consultation entièrement prise en charge.

Un peu comme c'est le cas, déjà, pour les femmes de plus de 50 ans, qui sont invitées à pratiquer une mammographie pour la détection du cancer du sein. Ou plus largement tous les quinquagénaires qui reçoivent un coupon pour une colioscopie. Le dépistage sera élargi notamment pour prévenir des affections de longue durée, comme le diabète, l'hypertension, etc.

Parallèlement, les Français sont invités à être acteurs de leur santé : la caisse d'assurance maladie envisage de les inciter à remplir des questionnaires tout au long de la vie afin de les aiguiller vers des professionnels de santé, sans attendre qu'une pathologie ne se développe.

 Prévenir plutôt que guérir : une source importante d'économies

 Si le gouvernement entend mettre l'accent sur la prévention, c'est parce que la France est très en retard en la matière : notre budget "prévention" représente à peine 2% de nos dépenses de santé, alors que la moyenne dans l'Union européenne oscille autour de 4%. Il y a donc un levier à exploiter.

Ces consultations devraient éviter des drames humains, des milliers de malades et de décès précoces. Sans compter que ce programme devrait aussi largement soulager notre système de santé.

Impossible, explique l'exécutif, de chiffrer précisément les économies qui en résulteraient mais cela devrait permettre de réduire traitements et hospitalisations... et d'éviter de dépenser des milliards d'euros chaque année.

Pour rappel, les pertes de notre système de santé, selon le dernier rapport des comptes de la sécurité sociale paru en juillet dernier, atteindront presque 20 milliards d'euros à la fin de l'année. Certes, l'épidémie de Covid pèse encore sur les comptes, mais le gouvernement espère réduire à l'avenir, ce déficit à 13 milliards d'euros par an...  soit 7 milliards d'euros de moins.

Un objectif ambitieux dans un contexte où, par ailleurs, les recettes promettent de se contracter avec l'affaiblissement de la croissance.

La pénurie de médecins pourrait s'accentuer

Cette initiative est-elle réaliste alors qu'il faut souvent attendre des semaines, voire des mois pour avoir accès à un professionnel de santé ? Comment feront les 6 millions de Français qui habitent dans des déserts médicaux et qui sont déjà privés, de fait, de tout suivi médical ? Quand il y a des médecins, vont-ils pouvoir absorber cet afflux de patients en plus alors qu'ils sont déjà débordés ?

Face à ces questions, le gouvernement se veut rassurant. Cette initiative s'apparente, selon lui, à un investissement à long terme : petit à petit, le temps que les médecins passent à soigner sera remplacé par celui de la prévention. Les personnels paramédicaux participeront aussi à ces actions.

Des soins gratuits trop peu utilisés

Quid aussi de l'efficacité réelle de ces mesures ? Les dépistages pour le cancer du sein sont proposés à toutes les femmes de plus de 50 ans, gratuitement. Mais à peine plus de la moitié en profite. Pour la colioscopie, les résultats sont encore moins bons : à peine d'un tiers des Français (30%) suit la recommandation et se fait dépister.

Aussi, les syndicats de professionnels de santé se montrent plus dubitatifs. Ils n'ont d'ailleurs pas apprécié cette annonce, qui leur semble "hors sol".... La prévention, fait déjà partie de leurs prérogatives. Par ailleurs, au plan pécuniaire, seront-ils revalorisés pour effectuer ces bilans ?

Une enveloppe budgétaire précisée dans le budget 2023

Pour l'heure, l'exécutif ne dévoile pas l'enveloppe prévue pour ce nouveau programme. Les lignes budgétaires seront précisées dans le cadre du PLFSS (le projet de loi de finances de la sécurité sociale 2023) dévoilé le 26 septembre prochain. Le gouvernement a déjà fait savoir qu'il envisageait de porter à 3,5% la hausse des dépenses de santé l'an prochain.

Côté recettes, le président de la République n'exclut pas d'inscrire une réforme des retraites dans ce même PLFSS. Reçus aujourd'hui par Olivier Dussport, le ministre du Travail, les syndicats ont redit leur opposition à ce passage en force, qui "mettrait le feu au pays". Selon eux, malgré l'avertissement lancé au gouvernement, le gouvernement tient à sa réforme.

Fanny Guinochet
Commentaires 3
à écrit le 20/09/2022 à 12:24
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"l'entrée dans la vie active ne suscite pas d'angoisses ou de difficultés de santé particulières". Les problèmes de santé arriveront une fois entrée dans la vie active: stress, management, proposition de sexe , mouchardage, discrimination en tout gen...

à écrit le 20/09/2022 à 10:14
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En parlant de santé : Il faut lire le livre qui vient de sortir : La Santé en bande organisée . Affolant

à écrit le 19/09/2022 à 19:58
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La colioscopie, c'est quoi ? Y a la cœlioscopie (scopie de la cavité abdominale) et la coloscopie (scopie interne du colon), mais les tests de cancer colorectal tous les deux ans, c'est pas une coloscopie, ça peut juste y mener en cas de résultat pos...

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