La grève et toujours pas de trêve, malgré l'appel de Macron

Par Gaëlle Geoffroy, AFP  |   |  724  mots
Après deux jours de rencontres à Matignon mercredi et jeudi, le gouvernement insiste sur la poursuite de la négociation, dont un programme et un calendrier seront présentés lundi. (Crédits : Reuters)
Au 18e jour de grève contre sa réforme des retraites, l'exécutif reste ferme et insiste sur les négociations avec les partenaires sociaux. Mais la trêve de Noël dans les transports qu'Emmanuel Macron a appelée de ses voeux ne se matérialise pas.

La situation ne bouge pas. Au 18e jour de grève contre sa réforme des retraites, l'exécutif reste ferme et insiste sur les négociations avec les partenaires sociaux. Mais la trêve de Noël dans les transports qu'Emmanuel Macron a appelée de ses voeux ne se matérialise pas. Le chef de l'Etat, qui avait laissé le Premier ministre Edouard Philippe en première ligne ces derniers jours, est sorti de son silence samedi, estimant depuis Abidjan qu'il était "bon de savoir faire trêve" et appelant les grévistes "à l'esprit de responsabilité". Le nouveau secrétaire d'Etat aux Retraites, Laurent Pietraszewski, a enfoncé le clou dans le Journal du dimanche, en faisant valoir que les propositions mises sur la table à la SNCF et la RATP, très touchées par la grève, "doivent permettre de reprendre le travail".

Après deux jours de rencontres à Matignon mercredi et jeudi, le gouvernement insiste sur la poursuite de la négociation, dont un programme et un calendrier seront présentés lundi. Avec en particulier des réunions avec les partenaires sociaux début janvier, avant que le projet ne passe en conseil des ministres le 22 janvier. Pour autant, le gouvernement ne compte rien lâcher sur les régimes spéciaux qu'il veut supprimer, souligne le nouveau "Monsieur retraites" du gouvernement, qui écarte d'emblée certaines revendications des syndicats favorables à la réforme, sur la pénibilité, ou la proposition de la CFDT d'une hausse de cotisations pour équilibrer le système de retraites. Sur le terrain, malgré une baisse du taux global de grévistes à la SNCF en fin de semaine, la situation reste très compliquée en plein week-end de départs en vacances de Noël. Seule la moitié des TGV Inouï roule, quatre Ouigo sur cinq, un Transilien sur cinq, un quart des Intercités et trois TER sur dix. A la RATP, seules les lignes 1 et 14, automatisées, du métro parisien fonctionnent dimanche. A la veille du week-end, la CGT-Cheminots et SUD-Rail, ainsi que la CFDT-Cheminots, avaient maintenu leur appel à la grève, à l'inverse de l'Unsa ferroviaire, favorable à "une pause", toutefois pas forcément suivie par sa base.

Chutes de chiffre d'affaires

Du côté des commerçants, déjà frappés par la crise des "gilets jaunes" en 2018, c'est l'inquiétude face à une perte de chiffre d'affaires "considérable" alors que les Français bouclent leurs derniers achats de Noël. Didier Kling, président de la Chambre de commerce Paris/Ile-de-France, a souligné sur franceinfo que sur 300 commerçants parisiens interrogés cette semaine, "96% disent souffrir en termes de fréquentation et de chiffre d'affaires", surtout dans le commerce non-alimentaire et les cafés-hôtels-restaurants, ces derniers faisant état de 30 à 50% de perte de chiffre d'affaires. Néanmoins, "une trêve n'a pas de sens", a estimé Jean-Luc Mélenchon dimanche sur BFMTV. Et Emmanuel Macron, qui "compte sur le pourrissement", "a tort" parce qu'"on ne gouverne pas la France avec l'idée que le peuple va rentrer sa colère", a jugé le chef de file de La France insoumise, qui sera "sur un piquet de grève" le 24 décembre.

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a pour sa part vu "une forme d'arrogance et de mépris" de la part du chef de l'Etat qui "s'exprime depuis l'étranger en traitant d'irresponsables" les syndicats appelant à poursuivre la grève. C'est dans ce contexte que l'Eysée, se défendant de toute "volonté d'affichage", a confirmé samedi qu'Emmanuel Macron renonçait par avance à sa future retraite d'ancien président de la République, équivalente au salaire d'un conseiller d'Etat, soit 6.220 euros bruts mensuels. L'information a suscité les critiques de l'opposition, qui y voit "un luxe que tout le monde ne peut pas se payer" (PCF), de la "démagogie" (LFI), une décision qui n'a rien d'"extraordinaire" (PS), une "énième opération de communication" (Debout la France). L'intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires et quatre organisations de jeunesse appellent, elles, à une nouvelle journée de mobilisation le 9 janvier. Selon un sondage Ifop pour le JDD, 31% des Français soutiennent le mouvement de protestation et 20% ont de la sympathie pour lui, soit un total de 51% d'avis positifs, toutefois en baisse de trois points sur une semaine.