La ministre des Armées Sylvie Goulard annonce sa démission du gouvernement

Par latribune.fr  |   |  640  mots
"L'honneur de nos armées, celui des hommes et des femmes qui y servent, parfois au péril de leur vie, ne sauraient être mêlés à des polémiques auxquelles ils n'ont aucune part", a déclaré Sylvie Goulard, qui a décidé de quitter le gouvernement après avoir été citée dans une enquête préliminaire visant sa formation politique d'origine, le MoDem. (Photo : Sylvie Goulard, au Mont Valérien, pour le 77e anniversaire de l'appel du 18 juin du Général de Gaulle.)
Dans un communiqué, la ministre des Armées a demandé, mardi, à ne pas faire partie du prochain gouvernement. Une démission qu'a d'ores et déjà accepté le chef de l'Etat. Elle l'a justifié en expliquant vouloir "démontrer sa bonne foi" dans l'enquête préliminaire visant le MoDem, parti dont Sylvie Goulard est issue.

(Article publié le 20 juin 2017 à 11h09 et mis à jour au fil de la journée)

La ministre des Armées, Sylvie Goulard, a exprimé son souhait de ne pas faire partie du nouveau gouvernement. Cette dernière avait été élue au Parlement européen sous la bannière du MoDem en 2009 et réélue en 2014 sous l'étiquette UDI-MoDem.

"Le président de la République a entrepris de restaurer la confiance dans l'action publique, de réformer la France et de relancer l'Europe", écrit l'ancienne eurodéputée dans un communiqué transmis par son cabinet. "Cette entreprise de redressement doit l'emporter sur toute considération personnelle."

Le nouveau gouvernement présenté mercredi soir

L'annonce, qui intervient pendant le Salon international de l'aéronautique et de l'espace au Bourget, complique la composition du nouveau gouvernement, qui fait suite aux législatives et qui devrait être connue avant mercredi soir. Sylvie Goulard a justifié sa démission en expliquant vouloir "démontrer sa bonne foi" dans le cadre de l'enquête préliminaire visant le MoDem, dont elle est issue.

"Dans l'hypothèse où l'enquête préliminaire visant le MoDem conduirait à vérifier les conditions d'emploi de mes assistants au Parlement européen, je souhaite être en mesure de démontrer librement ma bonne foi et tout le travail que j'y ai accompli."

 Et d'ajouter:

"La mission de défense impose une exigence particulière. L'honneur de nos armées, celui des hommes et des femmes qui y servent, parfois au péril de leur vie, ne sauraient être mêlés à des polémiques auxquelles ils n'ont aucune part."

La décision a créé la surprise lors du Salon du Bourget auprès des industriels et des militaires présents.

"C'est une décision tout à son honneur", rapportait à Reuters une source militaire. "Désormais, nous attendons la nomination du nouveau ministre."

Deux autres ministres concernés

Début juin, le parquet de Paris avait, en effet, ouvert une enquête préliminaire afin de faire la lumière sur les soupçons d'emplois fictifs au MoDem au Parlement européen. Ces soupçons visent ainsi une formation alliée au chef de l'Etat et représentée dans le gouvernement sortant par François Bayrou (Justice) et Marielle de Sarnez (Affaires européennes) et Sylvie Goulard.

La ministre démissionnaire n'est cependant pas nommément citée dans le dossier.

Si l'Elysée a accepté la démission de Sylvie Goulard, ce mardi 20 juin, le gouvernement refuse de formuler le moindre commentaire concernant cette enquête préliminaire ou sur l'avenir de François Bayrou et Marielle de Sarnez dans le gouvernement.

La ministre des Affaires européennes sortante, Marielle de Sarnez, a, quant à elle, réagi en déclarant au Parisien que "tout [était] ouvert pour elle": tant son maintien au gouvernement qu'une potentielle démission en vue de prendre la présidence du groupe MoDem à l'Assemblée nationale (le choix sera effectué cette semaine). "Ce sont deux engagements passionnants", a-t-elle reconnu, en réservant prudemment sa décision. Le garde des Sceaux, François Bayrou, ne semble, lui, pas envisager de quitter le gouvernement.

> Lire aussi: Emplois fictifs: une enquête préliminaire vise le MoDem

Corinne Lepage entendue comme témoin

Dans le cadre du dossier des assistants parlementaires du MoDem, l'ancienne ministre Corinne Lepage est entendue comme témoin par les enquêteurs, a expliqué une source judiciaire à Reuters. Elle-même était élue européenne sous l'étiquette du parti centriste. Elle a publié, en 2014, "Les Mains propres", un ouvrage dénonçant le recours à des emplois fictifs d'assistants parlementaires au sein du MoDem. Elle a révélé, plus tard, que le parti lui avait demandé de mettre à sa disposition l'un de ses assistants parlementaires européens en 2009 et qu'elle avait refusé.

(avec Reuters)