La situation sociale en Guyane se tend encore

Par latribune.fr  |   |  658  mots
Les syndicats guyanais ont appelé à la grève générale à compter du 27 mars. Ce mouvement de protestation regroupe pèle-mêle des salariés d'EDF, des collectifs contre l'insécurité, un collectif dénonçant l'insuffisance de l'offre de soins et les retards structurels en matière de santé, ou encore des socio-professionnels et des transporteurs.
Les 37 syndicats de l'Union des travailleurs guyanais (UTG) ont voté la grève générale à compter du lundi 27 mars.

Les 37 syndicats réunis au sein de l'Union des travailleurs guyanais (UTG) ont voté ce samedi à l'unanimité la grève générale, à compter de lundi sur ce territoire ultramarin confronté à un mouvement social, a annoncé à l'AFP le secrétaire général de l'UTG, Albert Darnal.

Alors que la Guyane est touchée depuis plusieurs jours par une grogne sociale d'ampleur, cette grève générale a été décidée pour protéger les salariés grévistes dans des secteurs très divers, a précisé Albert Darnal.

Le gouvernement envoie une mission

Cette annonce est intervenue alors qu'une mission interministérielle, dépêchée par le gouvernement et conduite par Jean-François Cordet, conseiller maître à la Cour des comptes et ancien préfet de Guyane, est arrivée ce samedi à Cayenne.

Elle est également composée de plusieurs hauts fonctionnaires connaissant bien la Guyane et issus de différents ministères, dont Michel Yahiel, commissaire général de France Stratégie et ex-conseiller social de François Hollande.

Mais les protestataires refusaient de rencontrer la mission interministérielle, réclamant la venue de ministres des Outre-mer, Ericka Bareigts. Cette dernière a assuré dimanche qu'elle n'avait pas "peur" de se rendre en Guyane, mais remis une éventuelle visite au moment où "les conditions seront réunies".

Un peu plus tôt, à Paris, le Premier ministre Bernard Cazeneuve avait appelé à "l'apaisement" et au dialogue" en Guyane.

"J'appelle à l'apaisement, j'appelle au calme, j'appelle au dialogue parce que rien ne se construit dans le désordre et l'affrontement", a-t-il déclaré en marge d'une visite au Salon du livre, à Paris.

"Nous avons pris des dispositions de manière à ce que le dialogue puisse s'engager en Guyane, que nous puissions prendre des mesures le plus rapidement possible qui doivent être prises", a souligné le chef du gouvernement.

Pas de retrait de la Croix Rouge de Kourou

"La situation est toujours tendue. Nous n'avons plus de barrages sauvages, mais ça reste compliqué", a pour sa part déclaré à l'AFP la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts.

Elle a souligné que la mission interministérielle devait notamment examiner les demandes de "court et moyen termes". "Par exemple, nous tenons à souligner qu'il n'y aura pas de retrait de la Croix Rouge du centre médical de Kourou", a-t-elle insisté

Une dizaine de barrages obstruaient depuis jeudi une dizaine de ronds-points stratégiques du littoral guyanais, bloquant notamment l'entrée de Cayenne.

Ce mouvement de protestation regroupe pèle-mêle des salariés d'EDF, des collectifs contre l'insécurité, un collectif dénonçant l'insuffisance de l'offre de soins et les retards structurels en matière de santé, ou encore des socio-professionnels et des transporteurs.

Les tirs de fusées suspendus

Les manifestations et blocages ont notamment conduit Arianespace à ajourner le lancement de la fusée Ariane 5, vitrine économique du territoire.

Le rectorat a décidé de fermer les établissements scolaires jusqu'à nouvel ordre.

Les Etats-Unis ont déconseillé vendredi à leurs ressortissants de se rendre en Guyane en raison de "larges manifestations de part et d'autre" du territoire ultramarin et "le long des routes qui mènent aux pays voisins du Suriname et du Brésil".

Aucun vol civil ne sera assuré lundi

Aucun vol civil de Paris et des Antilles vers Cayenne ne sera assuré lundi, Air France et Air Caraïbes ayant annulé leurs vols en raison de la grève générale annoncée en Guyane, a-t-on appris dimanche auprès des deux compagnies.

Le vol AF852 Paris-Cayenne, qui devait partir dimanche de l'aéroport d'Orly à 10H20 (08H20 GMT), et le même vol lundi à 10H15 (08H15 GMT) ont tous deux été annulés.

"Nous ne pouvons pas assurer ces vols pour des raisons opérationnelles", a expliqué à l'AFP un porte-parole d'Air France, évoquant notamment des problèmes sur place d'approvisionnement des appareils en carburant et des difficultés de circulation au sol.

(avec AFP)