Mais pourquoi Arianespace lance des satellites télécoms avec Soyuz de Kourou

En utilisant Soyuz pour lancer des satellites télécoms, Arianespace libère de la place dans le manifeste d'Ariane 5. Une souplesse qui permet à la société européenne de services de lancement d'être réactive commercialement.
Michel Cabirol
Pour la première mission de son histoire au Centre spatial guyanais, Soyuz a placé dans la nuit de vendredi à samedi vers l'orbite de transfert géostationnaire Hispasat 36W-1

Bien joué Arianespace. Avec le tir réussi du satellite télécoms d'Hispasat 36W-1 par Soyuz à partir du Centre spatial guyanais (CSG), la société européenne de services de lancement a réussi un joli coup opérationnel et commercial... avec l'autorisation de l'ESA (Agence spatiale européenne). "Cela permet d'accélérer le lancement des satellites en position basse, à commencer par Hispasat 36W-1, qui aurait été lancé plus tard", explique-t-on à La Tribune. Le risque de voir partir le satellite espagnol, qui a subi de nombreux retards et donc perdu son tour dans le manifeste d'Arianespace, vers la concurrence n'était pas nul. D'ailleurs, SpaceX a récemment perdu en raison de son retard dans ses lancements un satellite Inmarsat et Hellas-Sat au profit de la filiale d'Airbus Safran Launchers.

Hispasat 36W-1 est construit par OHB System à Brême (Allemagne) à partir de la plateforme SmallGEO platform. Développé par OHB System dans le cadre du programme ARTES (Advanced Research in Telecommunications Systems) de l'ESA, la gamme de plateformes SmallGEO offre aux opérateurs de satellites une solution 100% européenne sur le marché des petits satellites de télécoms. Elle se caractérise par des processus accélérés de production et de validation, des coûts réduits et un large éventail d'options de configuration.

Pour la première mission de son histoire au CSG depuis 2011, Soyuz, habituellement dédié aux lancements gouvernementaux (Pléiades, Sentinel), de constellations (Galileo, 03b) ou de satellites scientifiques (Gaia, Microscope), a placé dans la nuit de vendredi à samedi vers l'orbite de transfert géostationnaire Hispasat 36W-1. D'une masse au lancement de 3.220 kilos, ce satellite permettra à Hispasat de fournir une large gamme de services de télécoms, notamment des chaines de télévision et de radio, en Espagne, au Portugal, aux Iles Canaries et en Amérique du sud. Sa durée de vie est estimée à 15 ans.

Des satellites de 3,2 tonnes maximum

Cette mission n'a pas généré de surcoûts, le lanceur ayant la même configuration que celui pour le lancement de la constellation O3b de l'opérateur de satellites SES.  "Lorsque la masse des satellites le permet, Soyuz a vocation à lancer, en complémentarité avec Ariane 5, des satellites géostationnaires depuis le Centre spatial guyanais, a assuré Arianespace dans son communiqué publié samedi. Ce potentiel, identifié dès le début du programme, est devenu une réalité avec Hispasat 36W-1". En 2017, Arianespace a prévu en avril prochain une deuxième mission (SES-15) vers l'orbite de transfert géostationnaire avec Soyuz, au profit de l'opérateur luxembourgeois SES. Ce qui permet à SES-15 d'être lancé à l'heure. Les lanceurs Soyuz, qui sont proposés par Arianespace en back-up pour certains satellites, sont produits par le Centre Spatial de Samara, en Russie, à raison de 15 à 20 unités en moyenne par an.

Ces deux lancements ont donné de nouvelles opportunités aux clients d'Arianespace en libérant de la place dans le manifeste d'Ariane 5, notamment des petits satellites comme passager d'un gros. Pour être lancés par Soyuz, ces satellites ne doivent pas dépasser 3,2 tonnes afin de ne pas perdre en durée de vie. Une souplesse qui permet à Arianespace, qui a beaucoup gagné de petits satellites ces dernières années, de jouer sur la disponibilité et la polyvalence de sa gamme de lanceurs quand le manifeste d'Ariane 5 est complet. Cela est le cas cette année. Mais, en 2018, il n'y a pas pour l'heure de petits satellites de moins de 3,2 tonnes identifiés. En outre, Arianespace n'a pas non plus de besoin dans le cadre du déroulé de son manifeste, précise-t-on à La Tribune.

Michel Cabirol

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Commentaires 5
à écrit le 01/02/2017 à 19:00
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"Pour la première mission de son histoire au Centre spatial guyanais" Euh... Ce n'est pas le premier tir d'une Soyuz depuis Kourou, mais le 16ème, ils en envoient depuis 2011... C'est seulement le premier tir en GTO !! Plus loin vous écrivez : "...

à écrit le 31/01/2017 à 14:45
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Ben avec Soyouz, c'est un bon choix, un lanceur rustique fiable et peu cher, et ça fait des vacances à des Russes qui arpentent tout contents les rues de Cayenne. Ca les change des tirs dans l'oural, le froid et la neige.

le 01/02/2017 à 17:37
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Fiable comme l'a prouvé le dernier fail de ravitaillement de l'ISS... :)

à écrit le 31/01/2017 à 13:19
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C'est une bonne initiative, un échange commercial intelligent. Tiens étrange que ce commentaire ne soit pas passé...

à écrit le 31/01/2017 à 8:40
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C'est un bon compromis commercial.

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