Le déficit public de la France attendu sous les 3%

Par latribune.fr  |   |  699  mots
La France a déjà bénéficié de deux délais de deux ans, en 2013 et 2015, pour ramener le déficit public sous les 3%. (Crédits : Reuters/Benoit Tessier)
2,9%, 2,8% ou 2,7%? L'Insee annoncera lundi le chiffre du déficit public atteint en 2017, qui devrait consacrer le retour de l'Hexagone sous la barre des 3% exigée par les traités européens, après dix ans de dérapage budgétaire.

Cela devrait être mieux qu'attendu. 2,9%, 2,8% ou 2,7%? L'Insee annoncera lundi le chiffre du déficit public atteint en 2017, qui devrait consacrer le retour de l'Hexagone sous la barre des 3% exigée par les traités européens, après dix ans de dérapage budgétaire. "On sera significativement en dessous des 3%" du produit intérieur brut (PIB), a assuré mi-mars le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, mettant fin au peu de suspense qui subsistait sur la capacité de la France à tenir ses engagements. Interrogé sur le niveau exact de déficit qui pourrait être atteint, le locataire de Bercy a évoqué une fourchette comprise entre 2,7% et 2,8%, soit 0,1 à 0,2 point de mieux que les 2,9% officiellement attendus par le gouvernement.

"Quel que soit le chiffre final, le passage sous la barre des 3% sera symboliquement fort", estime Alain Trannoy, directeur de recherches à l'EHESS, qui rappelle que "la France est le dernier pays avec l'Espagne à ne pas respecter les règles budgétaires européennes". "On sait que les taux d'intérêt vont commencer à remonter, ce qui va renchérir le coup de l'endettement. Il était grand temps que la France se mette à couvert", ajoute ce spécialiste des finances publiques. La France a déjà bénéficié de deux délais de deux ans, en 2013 et 2015, pour ramener le déficit public sous les 3%. Bruxelles a exclu toute nouvelle rallonge, Paris étant sous le coup d'une procédure pour déficit excessif depuis 2008.

Rentrées fiscales

Pour atteindre son objectif, le gouvernement peut déjà compter sur les bons résultats constatés concernant le budget de l'Etat. Selon Bercy, ce dernier s'est réduit de 1,3 milliard d'euros par rapport à 2016, pour atteindre 67,8 milliards d'euros. Du côté de la Sécurité sociale, qui représente à elle seule la moitié de la dépense publique, la dynamique est également positive. D'après les chiffres publiés mi-mars par Bercy, le déficit s'est établi à 5,1 milliards d'euros, contre 7,8 milliards en 2016.

Ce chiffre est en légère amélioration par rapport à la dernière prévision du gouvernement, qui tablait en septembre sur 5,2 milliards. Il s'agit du "plus faible déficit enregistré sur les quinze dernières années", s'est félicitée la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Reste à connaître désormais la troisième et dernière composante du déficit public: le solde des comptes des collectivités locales. "A priori, il ne devrait pas y avoir de mauvaise surprise", estime une source proche du dossier, qui fait état de "bonnes rentrées" fiscales. Une bonne nouvelle pour Bercy, qui a vu se lever début mars le dernier obstacle empêchant un retour du déficit sous la barre des 3%, avec le feu vert d'Eurostat à un remboursement en deux temps des 10 milliards d'euros liés à l'invalidation de la taxe sur les dividendes.

Lauriers

Raison supplémentaire de se réjouir: avec un déficit plus faible qu'anticipé en 2017, l'objectif sera plus facile à atteindre en 2018 et 2019. "La base de départ sera plus basse, donc la marche à franchir sera moins élevée", explique Alain Trannoy. Dans son projet de loi de finances 2018, le gouvernement a inscrit un déficit de 2,8% cette année, et 2,9% l'an prochain. Mais ces chiffres pourraient être revus à la baisse, d'autant que la croissance -et donc les rentrées fiscales- s'annonce plus forte que le taux de 1,7% actuellement prévu.

"Il ne suffit pas de passer sous la barre des 3% de déficit, il faut la franchir franchement", a prévenu le Commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici, appelant la France à poursuivre ses efforts. "La moyenne de la zone euro, c'est 0,9%, pas 3%", a-t-il ajouté. Une façon de mettre la pression sur le gouvernement, alors que le débat sur la "cagnotte fiscale" a fait son retour sur le devant de la scène hexagonale, à la faveur des bons résultats enregistrés sur le front de l'activité. "Emmanuel Macron veut être le leader en Europe et pour être le leader en Europe, il faut montrer l'exemple", a insisté M. Moscovici, en soulignant le niveau élevé de la dette française, proche de 2.200 milliards d'euros.

(avec AFP)