Le discours de Macron à Versailles, un exercice démocratique pour les uns, narcissique pour les autres

Par latribune.fr  |   |  608  mots
(Crédits : POOL New)
Emmanuel Macron s'adressera lundi devant les députés et les sénateurs pour la deuxième fois depuis le début de son mandat afin de "défendre son action depuis son élection" et donner "une vision, une visibilité" aux parlementaires. Une démarche critiquée par l'opposition.

Emmanuel Macron s'adressera lundi devant les députés et les sénateurs pour la deuxième fois depuis le début de son mandat afin de "défendre son action depuis son élection" et donner "une vision, une visibilité" aux parlementaires. Il avait promis lors de la campagne présidentielle de renouveler l'exercice tous les ans. Le discours du chef de l'Etat a alimenté dimanche les critiques de l'opposition qui voit-là un exercice "narcissique" et "monarchique" de la part du chef de l'Etat, tandis que dans les rangs de la majorité on défend un exercice démocratique qui donne le cap de l'année qui vient.

"C'est tous les ans que nous sommes convoqués à venir admirer sa splendeur, Macron 1er, qui nous fait un discours. (...) Comme tout le reste du décor de Versailles, c'est du carton-pâte, c'est du faux marbre et là, ça va être de la fausse solennité", a déclaré le chef de file de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon au Grand rendez-vous CNews, Europe 1, Les Echos.

Pour le député Les Républicains (LR) Christian Jacob, la réunion du Congrès, instituée par la réforme constitutionnelle de 2008 voulue par Nicolas Sarkozy, "c'est utile, lorsqu'on y vient pour quelque chose". "Demain (...) ça va être: 'ma vie, mon oeuvre'", a-t-il dit au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.

"Ce président est très autocentré sur lui-même", ajoute-t-il. "Il y a une certaine forme de pulsion narcissique à certains moments".

Le secrétaire général de Force ouvrière, Pascal Pavageau, se questionne lui aussi sur l'intérêt de tenir un Congrès tous les ans.

"De surcroît, à Versailles, ça donne des signaux qui sont peut-être un peu monarchiques, et de ce point de vue ne sont pas forcément opportuns dans une République", a-t-il dit sur BFM TV. Les députés de La France insoumise ont décidé de boycotter le Congrès et appellent à participer à une "manifestation en ligne" lundi.

Certains députés LR, comme Pierre Cordier et Julien Dive, ont fait savoir qu'ils n'assisteraient pas à cette "mascarade", dont ils ont aussi dénoncé le coût dans un communiqué.

Wauquiez hostile au boycott

Ce n'est toutefois pas la position du président du groupe, Laurent Wauquiez, qui s'est dit hostile jeudi à un boycott par respect des institutions.

Christian Jacob a précisé qu'il se rendrait au Congrès, mais pas au déjeuner organisé par le chef de l'Etat avant le discours, estimant que ce serait un "semblant de convivialité".

"Un exercice démocratique sain et nécessaire"

Pour la députée La République en marche (LaRem), Aurore Bergé, il s'agit de "postures". "La mise en scène, elle est vis-à-vis, justement, de ceux qui font grand bruit du fait qu'ils ne veulent pas venir", a-t-elle dit au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI. "Que le président vienne rendre compte de l'action qui a été la sienne et redonne le cap pour l'année qui vient, (...) je trouve que c'est un exercice démocratique qui est sain et qui est nécessaire".

Le président de l'Assemblée nationale, François de Rugy, estime également qu'il est "important de faire des bilans".

"Face à la dictature de l'immédiateté, le risque est de perdre le sens général des réformes engagées alors que l'action politique s'inscrit dans le temps long", a-t-il dit dans une interview de Dimanche Ouest-France.

Il précise que le président de la République n'annoncera pas "un catalogue de mesures" mais "précisera le sens de son action".

(Avec Reuters)